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Alain Bernard veut rester serein

De retour sur terre, le nageur antibois Alain Bernard s’applique désormais à gérer le tsunami médiatique et surtout « à ne pas devenir une star ». Une semaine après ses exploits européens, le recordman du monde sur 100 m nage libre incarne toujours une force tranquille et fait preuve à la fois d’humour, de lucidité et sérénité. Il a répondu aux questions de Reuters. Reuters : Comment avez-vous vécu le nouveau record du monde sur 50 m nage libre de l’Australien Eamon Sullivan ? Alain Bernard : Quelque part, il prouve que je ne suis pas tout seul. Au moment où les gens se posent des questions sur mes performances, je suis content de le voir venir me rejoindre. R : Ces insinuations viennent de nageurs comme l’Italien Filippo Magnini... AB : Ce ne sont pas aux Italiens de nous donner des leçons sur le dopage. Contrairement à la France et à d’autres nations, ils ont déjà eu des nageurs contrôlés positifs. Leurs propos ne valent donc pas le moindre intérêt. Ils me passent au-dessus de la tête. D’ici aux Jeux olympiques de Pékin, je me doute bien qu’ils recommenceront. Je vais donc devoir m’en protéger. R : Quand vous avez tapé le mur pour votre premier record du monde sur 100 m nage libre en 47’’60, si on vous avait demandé votre chrono, vous auriez donné lequel ? AB : 47’’84 ! D’ailleurs pendant un moment, comme je pensais avoir fait 47’’84, je me suis demandé si c’était ou non plus petit que 47’’60 ! R : Début février, vous nous aviez annoncé votre futur 47’’50. À l’époque, quel indicateur vous menait sur cette voie ? AB : Ma nage, déjà puissante et régulière. Des questions que je ne posais plus, savoir si j’étais le plus fort ou pas. J’étais serein dans ma nage. R : Sur ce record du monde du 100 m nage libre, faites-vous une petite faute ? AB : Aux 80 mètres, je respire à deux temps au lieu de quatre. À l’arrivée, je ne touche pas très bien. Mais d’un autre côté, j’étais tellement bien à l’arrivée, à la hauteur des 75 mètres où habituellement je coinçais. Là j’étais frais, presque capable de faire encore 15 mètres de plus. R : Finalement, de quoi êtes-vous le plus fier ? De vos records du monde, de vos titres, des deux cumulés ? AB : D’avoir prouvé que j’étais capable d’être présent et régulier sur une compétition internationale alors que certaines personnes en doutaient. J’ai prouvé que je savais gérer la pression. Je suis fier de la répétition de mes performances. En général, les records du monde ne tombent pas en finale. Là, en restant malgré tout très concentré, j’ai réussi à confirmer. R : Comment avez-vous vécu les premiers jours de votre retour en France ? AB : Soudain, vous êtes comme sur un nuage, dans un truc énorme et unique. J’essaye d’en profiter à fond tout en restant concentré sur mon travail. Ces moments sont tellement agréables que vous n’avez pas envie qu’ils s’arrêtent. Mais là est le piège. R : Quel piège ? AB : De ne pas vouloir que cela s’arrête ! De vouloir tout remettre en question, de se disperser, etc. Bref, de se laisser prendre au piège de l’euphorie. En se remettant vite au travail, ça calme. Si ma discipline n’était pas la discipline reine, je serais certainement moins médiatisé. Alors, j’essaye de prendre du recul. R : Que vous apporte votre nouvelle notoriété ? AB : Je fais le double temps de queue à la poste ! Mais les gens sont gentils et ont des mots très agréables. Je ne veux pas devenir une star. Je ne dois pas devenir une star. Je suis content d’être reconnu. Mais je ne nage pas et je ne veux pas nager pour être connu. Je ne basculerai pas dans la rubrique “people”. Je ne dois pas m’éparpiller, je dois me protéger. Je dois rester concentré. La route vers Pékin est encore longue.
De retour sur terre, le nageur antibois Alain Bernard s’applique désormais à gérer le tsunami médiatique et surtout « à ne pas devenir une star ».
Une semaine après ses exploits européens, le recordman du monde sur 100 m nage libre incarne toujours une force tranquille et fait preuve à la fois d’humour, de lucidité et sérénité. Il a répondu aux questions de...