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Actualités - CHRONOLOGIE

Société - Diep Bach Duong a profité de l’ouverture du pays après le communisme Au Vietnam, on livre aussi des Rolls par avion

Diep Bach Duong a parié sur l’immobilier au Vietnam quand le pays communiste commençait à s’ouvrir. Aujourd’hui, elle fait partie de cette frange de la population qui brasse des millions, et vient même de se faire livrer une Rolls-Royce par avion. Sa Rolls, une Phantom, n’est pas sa première. Elle en avait déjà acheté une l’an dernier, mais elle était trop petite, raconte-t-elle. 6,084 m, c’est la bonne taille. Qu’importent les embouteillages, les routes encore chaotiques du pays communiste. Pour faire venir à Ho Chi Minh-Ville, l’ex-Saigon et capitale économique au sud, ce paquebot tout frais sorti de l’usine, cette ancienne fonctionnaire de 59 ans n’a pas hésité à débourser 1,3 million de dollars. Dans les années 1980, Diep Bach Duong a quitté la fonction publique parce que ses opportunités « y étaient limitées ». Son premier coup, elle raconte l’avoir fait en 1987, un an après le lancement de la politique d’ouverture du Vietnam, la politique de renouveau du « Doi Moi ». Une douzaine de taels d’or (un tael=36 gr) en poche – une fortune alors déjà –, elle a acheté une maison, l’a rénovée et l’a revendue quatre fois son investissement. Ce n’était que le début. À l’époque, se souvient-elle, elle avait « une classe de clients très spéciaux, des marins vietnamiens très riches ». Ces voyageurs gagnaient des fortunes en revendant au prix fort, dans un Vietnam qui manquait de tout, des produits de consommation en tout genre rapportés de leurs escales. Le parcours de cette icône de l’immobilier saïgonnais, capable d’investir quand la nation se remettait encore de la guerre et de longues années de rationnement, est sans doute atypique. Mais avec le boom économique du pays, qui l’an dernier encore a enregistré une croissance de quelque 8,5%, les Vietnamiens, dont le patrimoine se compte en millions de dollars, ne sont plus si rares. Dans une société qui manie le cash avec dextérité, difficile de savoir combien ils sont. Mais le phénomène est suffisamment significatif pour que la presse locale répertorie les 100 plus grands millionnaires de la Bourse. Même si le « marché est encore très très petit », il y a désormais « beaucoup de riches, comme dans beaucoup d’autres pays asiatiques », confirme Andreas Klingler, qui vient d’ouvrir au Vietnam un bureau pour le constructeur automobile allemand Porsche. Avec « la croissance du PIB, la croissance des investissements directs étrangers, l’entrée à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), nous avons décidé qu’il y avait un potentiel à long terme ». Sa clientèle va de jeunes de « 20 ou 25 ans » à des « hommes d’affaires plus mûrs qui ont entre 50 et 60 ans ». Avec les taxes, ses voitures se vendent ici plus de deux fois plus cher qu’en Europe. Mais depuis son arrivée en novembre, il en a déjà vendu plus d’une quinzaine. Dans les rues de Hanoi et de l’ex-Saigon, dans un pays où le produit intérieur brut par habitant reste inférieur à 900 dollars, les magasins de prêt-à-porter, maroquinerie, cosmétique de luxe aussi se multiplient. Certains y dépensent parfois sans compter quand quelques mètres plus loin, d’autres vivent encore de quelques dollars par jour en vendant fruits, légumes ou fleurs, en proposant leurs services de serrurier, réparateur de vélos ou cireur de chaussures. « Nous avons vu cette transition dans d’autres pays de la région – les pays ont des revenus moyens relativement bas, mais certains ont de l’argent et aiment le dépenser », commente Jonathan Pincus, économiste au Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Diep Bach Duong préfère rester discrète sur l’ampleur de sa fortune. Mais, sacs, téléphones portables... elle n’hésite pas à montrer ces petits plaisirs qui représentent « une part dérisoire » de son budget. L’an dernier, lors de l’ouverture d’une boutique Louis Vuitton, elle affirme avoir « dépensé environ 30 000 dollars ». En parapluies, valises et bien sûr sacs. Des sacs Vuitton, elle en a « des dizaines ».
Diep Bach Duong a parié sur l’immobilier au Vietnam quand le pays communiste commençait à s’ouvrir. Aujourd’hui, elle fait partie de cette frange de la population qui brasse des millions, et vient même de se faire livrer une Rolls-Royce par avion.
Sa Rolls, une Phantom, n’est pas sa première. Elle en avait déjà acheté une l’an dernier, mais elle était trop petite,...