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Actualités - CHRONOLOGIE

Les Pays-Bas divisés sur la façon de critiquer l’islam

Les Pays-Bas sont profondément divisés sur la manière et le ton qu’il faut utiliser pour critiquer l’islam, alors qu’un député d’extrême droite coutumier des déclarations virulentes contre les musulmans a annoncé qu’il diffuserait en mars un film hostile à l’islam. Le gouvernement de centre gauche, grand défenseur de la liberté d’expression à l’étranger, soutenu en cela par l’ensemble de la classe politique, a exclu d’interdire le film du député Geert Wilders. « Aux Pays-Bas, nous ne connaissons pas de censure préalable, et nous ne le souhaitons pas », a dit le Premier ministre Jan Peter Balkenende. Mais, craignant une affaire similaire aux caricatures danoises de Mohammad et des représailles des talibans contre les troupes néerlandaises en Afghanistan, il a solennellement rappelé que « la liberté n’exonère pas de la responsabilité ». M. Wilders, leader du Parti pour la liberté (PVV, 9 sièges sur 150 au Parlement), a annoncé qu’il diffuserait en mars, probablement sur Internet, un film qui montrerait que le Coran est un « livre fasciste » dont il a par ailleurs demandé l’interdiction et l’a comparé à Mein Kampf d’Adolf Hitler. Parmi les premières à se mêler du débat, les églises protestantes et catholiques ont appelé le député à ne pas diffuser le film. L’évêque d’Utrecht (Centre) Gerard de Korte a en outre critiqué « le langage de rue » employé par le député, qui a qualifié les musulmans d’« arriérés » et le prophète Mohammad de « barbare ». « Il ne faut pas oublier qu’ici, il y a eu des guerres de religion au XVIe siècle. Les catholiques et les protestants se sont massacrés. La paix s’est faite sur la base des piliers (confessionnels) où chacun fait ce qu’il veut chez soi, mais se garde bien de critiquer les autres », explique Fouad Laroui, écrivain marocain vivant à Amsterdam depuis les années 1990. À cette époque, le légendaire modèle de tolérance multiculturel néerlandais a commencé à se fissurer. « C’est Frits Bolkestein (ancien commissaire européen) qui a commencé par dire que les musulmans n’étaient pas assimilables. Le ton était polémique, mais ce n’était pas encore de l’injure comme maintenant », se souvient M. Laroui. Pour le professeur de philosophie Thomas Mertens, le député « ne peut plus se cacher derrière le prétexte de la liberté d’expression ». « Quand Geert Wilders dit : “Je trouve notre culture bien meilleure que cette culture islamique arriérée”, je ne peux que penser aux années 30. Si on parlait de culture juive arriérée, ce serait de la diffamation et de la discrimination. Je ne comprends pas bien pourquoi le parquet ne l’a pas encore poursuivi », a-t-il argumenté.
Les Pays-Bas sont profondément divisés sur la manière et le ton qu’il faut utiliser pour critiquer l’islam, alors qu’un député d’extrême droite coutumier des déclarations virulentes contre les musulmans a annoncé qu’il diffuserait en mars un film hostile à l’islam. Le gouvernement de centre gauche, grand défenseur de la liberté d’expression à l’étranger,...