Correspondance - Le chef des Forces libanaises reçu par Rice et Edelman « Les États-Unis sont opposés à l’implantation des Palestiniens au Liban », réaffirme Geagea

WASHINGTON - Irène MOSALLI Le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, a affirmé hier que les États-Unis sont opposés à l’implantation des réfugiés palestiniens au Liban. Il a par ailleurs invité les dirigeants arabes à boycotter le sommet arabe de Damas En visite officielle à Washington, le chef des FL a eu des entretiens avec la secrétaire d’État, Condoleezza Rice, ainsi qu’avec le sous-secrétaire d’État à la Défense, Erick Edelman. Répondant aux questions de la presse à sa sortie du département d’État, M. Geagea s’est dit satisfait des résultats de ses discussions et notamment de la position américaine relative au dossier des réfugiés palestiniens au Liban. « Celle-ci est devenue claire et sans équivoque ou flottement. Elle est conforme à la position du Liban, en ce sens que les États-Unis sont opposés à une implantation des réfugiés palestiniens dans le pays. Une telle option est hors de question pour eux, quelles que soient les solutions qu’ils envisagent pour les réfugiés palestiniens dans le monde, car ils sont conscients de la situation particulière du Liban. Ils se sont d’ailleurs entendus avec Abou Mazen et l’Autorité palestinienne à ce sujet », a-t-il expliqué. M. Geagea a en outre souligné l’attachement de Washington à la préservation et à la consolidation de l’indépendance et de la démocratie au Liban, rejetant les propos selon lesquels les États-Unis lient le dossier libanais à d’autres dans la région. Selon lui, Washington « barrera la voie à tous ceux qui essaieront d’entraver l’édification d’un État au Liban, même s’il devrait pour cela user de la force, afin d’aider le pays ». Le chef des FL a également écarté l’éventualité d’une attaque américaine contre l’Iran et la Syrie, estimant que la présence de destroyers américains en Méditerranée s’inscrit dans le cadre d’un repositionnement américain « qui pourrait cependant servir le Liban dans le cadre de l’équilibre établi dans la région ». Il a aussi exclu la possibilité d’un règlement de la crise politique préalablement au sommet arabe de Damas, avant d’inviter les dirigeants arabes à boycotter le sommet. Débat au Congrès Hier, M. Geagea a participé à un débat au Congrès sur le Liban, organisé par le bureau des FL à Washington et placé sous les auspices du congressman démocrate Gary Ackerman (qui préside la sous-commission des Relations internationales pour le Moyen-orient et le Sud-Est asiatique). « Permettez-moi de vous raconter une histoire de liberté. Et ce n’est pas une coïncidence si je la raconte dans cet espace de liberté qu’est la capitale des États-Unis. C’est une histoire familière, pareille à celle de vos pères fondateurs. La différence en est l’emplacement. Et cette histoire est celle de mon pays, le Liban », a-t-il affirmé d’emblée. Plusieurs membres de la Chambre des représentants, dont Thaddeus McCotter (républicain du Michigan), étaient présents à la séance, ainsi que la députée Sethrida Geagea et le ministre libanais du Tourisme, Joe Sarkis. Après avoir évoqué ceux qui sont morts sous « les coups du monstre syrien », le leader des Forces libanaises a affirmé que « le pays du Cèdre compte de nombreux héros qui ont été salués par les géants du monde entier ». « Nous sommes aujourd’hui ici pour remercier ceux qui ont été à nos côtés dans les moments difficiles. Au nom des Libanais, je voudrais exprimer notre gratitude au peuple américain et à tous les départements du gouvernement américain pour leur appui. Le Liban est la projection des valeurs du monde libre dans le monde arabe. C’est pourquoi il est en train d’être attaqué. Le Liban est le foyer de liberté dans cette région, c’est pourquoi il est une cible. Mais je vous promets que nous continuerons à nous battre pour établir un Liban souverain, démocratique, moderne et prospère. La route peut être longue, mais notre détermination et notre persévérance vont prévaloir à l’avantage du peuple libanais », a-t-il poursuivi. Prenant à son tour la parole, la députée Sethrida Geagea a évoqué la révolte pacifique contre l’occupation syrienne, puis s’adressant aux congressmen américains, elle a déclaré : « Vous êtes libres d’exercer vos droits constitutionnels sans contraintes ni menaces. Comme membre du Parlement, je ne peux pas faire de même car l’Assemblée nationale ne siège plus depuis les deux dernières années. C’est là une tentative du régime syrien de prendre en otage le processus démocratique. » Elle a aussi exprimé sa joie de pouvoir « me déplacer en toute liberté, sans craindre les assassinats ». « Malheureusement, le terrorisme a réussi à éliminer sauvagement six de mes collègues. Les auteurs de ces crimes savent qu’un Liban libre et démocratique est la pierre angulaire qui répandra dans la région l’idée de la liberté et de la démocratie », a ajouté Mme Geagea. Le congressman Ackerman a salué le « courage » de M. Geagea, et celui de « ceux qui se battent pour la liberté et la démocratie. Le Liban est le cœur de la liberté et une inspiration pour tous. À lui de garder allumée la lumière de l’espoir. Et nous serons à ses côtés tout au long de cette bataille », a-t-il dit. Ont également pris la parole à cette séance Joseph Gebeily, responsable du bureau des FL à Washington, et Michael Assaf.