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Actualités - OPINION

La prison, facteur de criminalité ? Claude ASSAF

Deux cent cinquante détenus dans une prison de 180 mètres carrés à Zahlé ! J’ai beau essayé de me convaincre que j’étais victime d’une illusion d’optique, rien à faire. Dans L’Orient-Le Jour du 25 février, c’était une information parfaitement tangible que je lisais – quoique publiée discrètement, dans le dernier coin de la nouvelle sur l’évasion de 10 hommes de cette même prison. J’en suis encore à espérer qu’une faute de frappe s’est glissée dans les colonnes du journal et qu’il fallait peut-être ajouter un zéro à 180, car il est facile de lire les chiffres de 250 détenus et de 180 mètres carrés, mais il est bien plus difficile de les relier ! En effet, comment imaginer que des êtres humains, quelles que soient les exactions dont ils sont coupables, puissent ainsi s’entasser comme du bétail dans un conteneur ? Encore que dans cette comparaison, les animaux sont plus privilégiés, ne se trouvant généralement dans cette posture que le temps d’un transport. Comment imaginer ces mêmes êtres humains en train de vivre, c’est-à-dire de manger, boire, dormir, satisfaire leurs besoins naturels, se laver – se lavent-ils ? – dans une superficie si scandaleusement exiguë ? Une telle promiscuité est malsaine, elle constitue un déni des droits fondamentaux de l’homme. La surpopulation carcérale implique la prolifération des infections et des épidémies. Elle entraîne des agressions, des viols, des relations homosexuelles occasionnant des maladies graves, tel le sida. Elle induit aussi une hygiène déplorable, une atmosphère de chaleur étouffante avec pour toute aération des respirations, des souffles et des soupirs. C’est comme cela que je me représente l’enfer. Après avoir purgé sa peine dans un climat si infernal, un bandit ne peut que souffrir encore plus de nombreux troubles psychologiques, qui se répercuteront vite d’ailleurs sur la sécurité de notre société. C’est pourquoi il est nécessaire que les pouvoirs publics prennent conscience du danger. Et si la dignité humaine n’est pas précieuse à leurs yeux, il faudrait au moins qu’ils réalisent que des voleurs ou des faux-monnayeurs admis dans un tel établissement pour des délits ont de grandes chances d’en sortir avec un profil de dangereux meurtriers. Le gouvernement devrait donc se pencher sur le problème afin de conserver à l’institution carcérale son rôle pénitentiaire, dans le sens où un malfaiteur devrait y séjourner avec une simple privation de sa liberté, et sa mise hors d’état de nuire. Tout en réparant sa faute dans une ambiance favorable à sa rééducation et plus tard à sa réinsertion sociale. Faute de quoi, d’outil de sanction, la prison devient facteur de criminalité. Article paru le mercredi 5 mars 2008
Deux cent cinquante détenus dans une prison de 180 mètres carrés à Zahlé ! J’ai beau essayé de me convaincre que j’étais victime d’une illusion d’optique, rien à faire. Dans L’Orient-Le Jour du 25 février, c’était une information parfaitement tangible que je lisais – quoique publiée discrètement, dans le dernier coin de la nouvelle sur l’évasion de 10...