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Actualités - CHRONOLOGIE

FESTIVAL AL-BUSTAN - Le quatuor de Louis Sclavis a donné un concert coloré et « baroque » Quatre trublions pour des sons nouveaux

Une musique à la fois puissante et douce, robuste et légère, se nourrissant d’influences diverses et de rencontres. C’est ce qu’a présenté le quatuor de Louis Sclavis à l’auditorium Émile Bustani, devant un public jeune, venu nombreux l’applaudir. Pour cerner, voire plutôt s’imprégner de la musique qu’interprétait Louis Sclavis, il fallait remonter aux sources de l’inspiration du musicien. Le clarinettiste a pris soin d’expliquer au public que les compositions qu’il présentait ce soir-là se nourrissaient du travail du plasticien Ernest Pignon-Ernest, lequel était devenu son moteur, son impulsion dans ses œuvres musicales. Cet artiste d’origine niçoise, qui réalise depuis 25 ans des interventions urbaines, procède chaque fois de la même manière. « Il choisit une ville, par hasard, défi ou nécessité, marche longtemps de jour comme de nuit dans les rues en s’imprégnant des odeurs, des bruits, des couleurs et des matières qui l’entourent. Il s’immerge ensuite dans les récits, les romans évoquant l’histoire, et des légendes qui s’y rattachent. Naples l’ancienne lui a offert ses matériaux denses, sa lumière brutale, son architecture baroque et son riche passé. » Il y a apposé ses collages avec humour, dans un concert anachronique et réjouissant. À leur manière, Louis Sclavis à la clarinette, Vincent Courtois au violoncelle, Hasse Poulsen à la guitare et Médéric Collignon pour les vocalises et les percussions ont illustré en musique l’œuvre picturale de l’artiste. Dans une joyeuse atmosphère, les quatre musiciens vont explorer et repousser les limites des gammes. Déstructurée, fragmentée, mais au bout du compte tellement dense et riche, parce que physique et créative, leur musique n’est plus une errance mais un aboutissement. À l’image aussi du travail du plasticien, la lumière inonde l’œuvre musicale de ce quatuor. Tout devient collage et organisation, et les instruments s’enrichissent de l’apport de sons nouveaux provoqués par un outillage inventif et ludique. Mise en scène Quatre compositions (de plus de quinze minutes chacune) auxquelles vient s’ajouter la toute dernière, baptisée Divinazione moderna, où les musiciens vont égaler d’inventivité. En solo, duo et parfois tous à la fois, ils se joignent aux vocalises et bruitages de Collignon pour atteindre un climax musical. Jamais écartelé entre classique, modernité et improvisation, et mêlant les sons profonds et chauds de sa clarinette à d’autres plus légers et plus gais, Louis Sclavis (que l’étude des standards académiques du jazz n’a jamais intéressé) debout, tel un chef d’orchestre, rythme le tempo. Mais il est également le metteur en scène de sa propre musique. Il organise l’espace et fait violence (quand il le faut) à sa chère clarinette dont il tire des sons nouveaux. Des crissements et des chuintements ravivent le langoureux et lascif violoncelle, tandis que la guitare, sous les martèlements de son instrumentiste, n’est plus simplement cordes, mais caisse de résonance. Pour ces quatre interprètes, la musique n’est pas un cadre bien délimité, mais un parcours jalonné de surprises où les interventions hasardeuses ne peuvent être que fructueuses. Ils vont ainsi offrir à un public enchanté des morceaux particuliers, surprenants et tellement séduisants. Ovationnés par une salle sous le charme, Sclavis, Collignon, Courtois et Poulsen reprendront en chœur le dernier morceau. Assis au bord de la scène, ils auraient ainsi brisé toutes les barrières et invité le public à côtoyer leur musique de près. Colette KHALAF
Une musique à la fois puissante et douce, robuste et légère, se nourrissant d’influences diverses et de rencontres. C’est ce qu’a présenté le quatuor de Louis Sclavis à l’auditorium Émile Bustani, devant un public jeune, venu nombreux l’applaudir.
Pour cerner, voire plutôt s’imprégner de la musique qu’interprétait Louis Sclavis, il fallait remonter aux sources...