Rechercher
Rechercher

Actualités

EUX ET LEURS MUSES Le regard-caméra

« Tout ce qui m’a jamais intéressé, c’est d’accomplir un bon travail d’artisan », a déclaré Ingmar Bergman. C’était en 1997 et le Festival de Cannes venait de décerner au réalisateur suédois, lors du 50e anniversaire de la manifestation cannoise, la Palme des palmes. Une récompense que cet artiste secret n’est pas venu chercher. La gloire, les reconnaissances, la soif des médias, ce sont des mots qu’Ingmar Bergman ne connaît pas et qui ne le touchent guère. Ce fils de pasteur luthérien, qui a reçu une éducation rigoureuse, a longtemps œuvré à faire simplement du bon travail. Fasciné depuis son enfance par le monde du spectacle (il créait des numéros de marionnettes avec sa sœur), le jeune Bergman étudie l’histoire et la littérature, mais se consacre à sa première passion, le théâtre. Cet univers-là demeurera tout au long de sa carrière son unique inspiration. Dès La Soif, en 1949, l’artiste sonde les mystères du couple, une thématique qu’il ne cessera pas d’explorer dans ses œuvres avec cruauté et cynisme, mais également avec sensualité, comme en témoigne Monika (1953) avec Harriett Anderson. Résultant de la fermeture du quatrième mur par la caméra, avec resserrement du cadre par recadrage ou zoom avant, le « regard-caméra » du réalisateur, qui aboutit à une véritable intériorisation de l’acteur, n’aura de cesse d’intriguer et de susciter l’admiration de la nouvelle vague. C’est à partir de 1950 qu’Ingmar Bergman accède à la reconnaissance internationale en accumulant les prix dans différents festivals. Il devient l’une des figures majeures du cinéma contemporain. Persona (1966), un film déroutant sur le thème du double, sera une de ses œuvres les plus commentées. Elle marque sa rencontre avec Liv Ullman, une de ses nombreuses égéries, aux côtés de Bibi Anderson et d’Ingrid Thulin. Ullman, née de parents norvégiens, fait d’abord ses débuts au théâtre puis au cinéma en 1957. Frappé par sa ressemblance avec une de ses actrices fétiches, Bibi Anderson, Bergman lui confie le rôle d’Elizabeth Vogler dans son chef-d’œuvre Persona. Le réalisateur va désormais faire de cette comédienne sa muse au cinéma et dans la vie. Le couple tournera non moins de neuf films dans leur vie. Suivant les traces du maître qui lui a tout appris, la comédienne passera par la suite derrière la caméra et tournera un premier long-métrage en 1992. Ingrid Thulin et Max von Sydow font partie également de cette fratrie « bergmanienne » qui a longtemps gravité autour de ce cinéaste unique, décédé l’an dernier.
« Tout ce qui m’a jamais intéressé, c’est d’accomplir un bon travail d’artisan », a déclaré Ingmar Bergman.

C’était en 1997 et le Festival de Cannes venait de décerner au réalisateur suédois, lors du 50e anniversaire de la manifestation cannoise, la Palme des palmes. Une récompense que cet artiste secret n’est pas venu chercher.
La gloire, les...