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CÉLÉBRATION - La fête ne fait pas que des heureux, surtout chez les islamistes qui la considèrent contraire à la charia La Saint-Valentin gagne du terrain dans le Golfe

Comme chaque année à la même époque, la police religieuse saoudienne essaie d’empêcher la célébration aujourd’hui de la Saint-Valentin, jugée contraire à l’islam, mais la fête des amoureux est de plus en plus populaire dans les autres monarchies arabes du Golfe. «Nous ne vendons plus de roses depuis une semaine et nous n’en vendrons pas jusqu’à ce que la Saint-Valentin soit passée», affirme Alan, un employé philippin d’un fleuriste de Ryad. Il explique qu’un « moutawa » (surnom donné aux membres de la très redoutée police religieuse) est venu la semaine dernière dans le magasin pour ordonner aux employés de ne plus exposer de roses rouges jusqu’au 14 février inclus. Un vendeur dans un magasin de cadeaux de la capitale saoudienne précise que cette police lui a ordonné de retirer des rayons tout objet de couleur rouge. « Nous avons même retiré les emballages rouges pour ne pas risquer une sanction, qui pourrait aller jusqu’à la fermeture du magasin et l’arrestation du personnel », ajoute Mohammad Hassanein al-Hawari. La police religieuse, dont le nom officiel est la « Commission pour la promotion de la vertu et la prévention du vice », ne se contente pas d’inspecter les magasins, elle envoie aussi des hommes se faisant passer pour des clients afin de s’assurer que ses instructions sont respectées, explique-t-il à l’AFP. Un « moutawa » qui a seulement donné son prénom, Abderrahman, ne cachait pas sa satisfaction devant l’absence d’objet pouvant évoquer la Saint-Valentin dans les magasins de la rue du Prince Sultan, dans le quartier huppé d’Olaya. « L’Occident exporte ses habitudes et fêtes contraires à la charia (loi islamique) et veut que nous l’imitions. Nous voulons être certains que la charia est appliquée. Nous punissons tous ceux qui la violent ou sont complices d’une violation », dit-il. L’Arabie saoudite, qui applique une version ultrarigoriste de l’islam, considère la Saint-Valentin comme une « fête chrétienne païenne », en vertu d’une fatwa (décret religieux) édictée il y a sept ans par son grand mufti, cheikh Abdelaziz al-Cheikh. Au Koweït voisin, les islamistes ont haussé le ton cette année. Le doyen de la faculté de la charia à l’Université du Koweït, Mohammad al-Tabatabaï, a émis une fatwa stipulant que la fête était interdite par l’islam, et deux députés islamistes ont exigé que le gouvernement interdise toute célébration. Mais les supermarchés et les fleuristes regorgent de produits liés à la Saint-Valentin, alors que les hôtels offrent dîner et nuit d’hôtel à tarif réduit pour les couples. « Je ne comprends pas pourquoi les islamistes veulent interdire les célébrations de la Saint-Valentin. Je ne pense pas que cela viole les principes islamiques », confie à l’AFP Mahmoud Ahmad, un fonctionnaire koweïtien, en achetant un cadeau pour sa femme. À Bahreïn, les protestations des islamistes semblent avoir été noyées par la popularité de la fête. « L’an dernier, nous avions importé 20 000 roses pour la Saint-Valentin. Cette année, nous sommes passés à 25 000 » pour répondre à la demande, déclare Varghese Modiyil, un fleuriste de Manama. Les magasins de cadeaux et les bijouteries étaient également décorés de rouge au Qatar, bien que certains Qataris aient des réserves. Dans une lettre au quotidien al-Raya, un lecteur mécontent a ainsi déploré que les propriétaires de ces magasins « méprisent nos valeurs et violent notre religion » en exposant des objets liés à la Saint-Valentin. Même à Dubaï, la ville de loin la plus tolérante et la plus occidentalisée de la région, où les centres commerciaux tentent les amoureux avec de la lingerie rouge, des bijoux en forme de cœur ou encore de simples ours en peluche, certains autochtones ne sont pas enthousiastes. « Nous sommes un pays musulman (...) C’est trop », commente Oum Fahd, une mère de famille de 31 ans.
Comme chaque année à la même époque, la police religieuse saoudienne essaie d’empêcher la célébration aujourd’hui de la Saint-Valentin, jugée contraire à l’islam, mais la fête des amoureux est de plus en plus populaire dans les autres monarchies arabes du Golfe.
«Nous ne vendons plus de roses depuis une semaine et nous n’en vendrons pas jusqu’à ce que la...