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Actualités - REPORTAGE

Aaron-Michael Beydoun ou le combat d’un musulman libanais pour les droits de ses concitoyens juifs Mahmoud HARB

Aaron-Michael Beydoun est le webmestre de thejewsoflebanon.org, l’une des principales références en ligne pour toute personne intéressée par le dossier des juifs du Liban. Le site comporte une panoplie de documents de valeur, dont une histoire de la communauté juive libanaise, des photographies rares et une liste des synagogues libanaises localisées à l’étranger, comme la synagogue Hahalebanon ou la Congrégation israélite du Liban, situées à Brooklyn, aux États-Unis. Régulièrement sollicité par la presse et par les associations en véritable expert de la question des juifs libanais, Aaron est pourtant « né musulman, restera musulman » et « n’envisage aucunement d’embrasser la foi juive », comme il l’affirme dans un entretien avec L’Orient-Le Jour. « Quant à mon prénom Aaron, (qui pourrait être juif), il ne s’agit que la traduction anglaise de “Haroun”, nom d’un prophète qui fut le frère de Moïse, selon la croyance monothéiste. J’espère que la presse cessera un jour de se focaliser sur mes convictions religieuses et mon prénom, car il est regrettable que ces questions secondaires et triviales continuent à occulter le travail que je fais. Mes croyances religieuses découlent de ma foi en l’humanité, car l’adoration de Dieu passe surtout et avant tout par le respect de sa plus belle création, les êtres humains. Seules la tolérance et la solidarité peuvent aujourd’hui sauver le Liban », souligne-t-il à cet égard. Bien qu’issu d’une famille d’expatriés libanais, installée à Detroit, le jeune étudiant de 22 ans continue de visiter régulièrement le Liban, parle parfaitement l’arabe et « se bat contre les tendances sociologiques des émigrants libanais qui cherchent souvent à assimiler la culture de leurs pays d’adoption, au détriment des traditions et des coutumes de leurs pays d’origine ». À 17 ans, Aaron-Michael découvre l’existence de la communauté juive libanaise. « J’ai été sidéré par cette découverte, d’autant que j’ai appris que les juifs du Liban ont joué un rôle crucial dans l’histoire du pays. Je me suis rendu compte alors que notre existence au Liban est conditionnée à l’existence de l’autre. En tant que musulman, ma présence au Liban est similaire à celle de mes concitoyens juifs, chrétiens ou autre. Nous devons à tout prix préserver la précaire mosaïque de religions afin de fournir un modèle exemplaire au Proche-Orient et au monde. L’époque médiévale où les forts doivent subsister au détriment des faibles est révolue », martèle-t-il. En conséquence, Aaron estime que la cause des juifs libanais est la sienne et regrette « la vision obtuse de certaines personnes qui doutent des motifs de mon engagement en faveur de cette communauté ». « Ma famille et mon entourage considèrent que ma lutte est naïve, trop idéaliste et vouée à l’échec. Mais ils sont dans leur tort, car l’amour du Liban doit se cristalliser à travers l’acceptation de tous ses habitants, quels qu’ils soient », ajoute-t-il. Le webmestre de thejewsoflebanon.org est régulièrement en contact avec la diaspora juive libanaise. « Je n’ai aucunement le droit de m’exprimer au nom de mes concitoyens juifs en exil. Mais l’on ne peut ignorer que ces derniers sont toujours très nostalgiques du pays et conservent jalousement leur culture libanaise. Nombre d’anciens étudiants juifs conservent des liens avec leurs écoles et leurs universités, en accordant des dons à ces dernières ou en entretenant des liens personnels avec leurs anciens collègues », relève-t-il. Néanmoins, en dépit de son engagement exceptionnel en faveur de leur cause, le jeune étudiant s’abstient de chercher à rencontrer les juifs résidant au Liban, lors de ses fréquentes visites au pays, « pour respecter leur intimité de citoyens ordinaires ». « Malheureusement, les juifs libanais qui sont restés – au nombre de 1 000 – sont obligés de cacher prudemment leur identité religieuse, pour ne la révéler qu’à leurs familles et à leurs amis proches. Pourtant, les juifs ont toujours vécu en harmonie avec les chrétiens et les musulmans du pays », poursuit-il. Aaron déplore le fait que « des personnes squattent et tentent de s’arroger illégalement les propriétés des juifs ». « Souvent, ces derniers ont saisi la justice et alerté les FSI de ces violations. Mais dans de nombreux cas, les autorités libanaises se sont contentées d’affirmer que “les juifs récupéreront leurs propriétés lorsqu’ils rendront la Palestine” ! Cette attitude ne reflète rien d’autre que l’ignorance et le manque de maturité sociale et de culture historique de toute personne mettant en cause la loyauté de la communauté juive libanaise », regrette-t-il. « Aux côtés des difficultés qu’elle rencontre du fait de son identité religieuse, la communauté juive libanaise subit les mêmes problèmes sociaux, économiques, politiques et sécuritaires que connaît le reste de la population du pays. Les juifs libanais ne sont ni des invités ni des immigrés naturalisés. Ils sont libanais à part entière et forment l’un des piliers fondamentaux de cette maison aux multiples demeures qu’est notre pays. Leur présence au Liban est essentielle et tous les Libanais doivent s’unir, au lieu de se rejeter mutuellement, afin de construire un avenir meilleur pour leur pays dans toutes ses composantes », conclut Michael-Aaron, adressant par là une magnifique leçon de tolérance à tous ceux qui ne font pas la différence entre juif et sioniste.
Aaron-Michael Beydoun est le webmestre de
thejewsoflebanon.org, l’une des principales références en ligne pour toute personne intéressée par le dossier des juifs du Liban. Le site comporte une panoplie de documents de valeur, dont une histoire de la communauté juive libanaise, des photographies rares et une liste des synagogues libanaises localisées à l’étranger, comme la...