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CINÉMA Nasser Ajami vient de présenter son premier court-métrage « Bilbal » réveille la mémoire

L’enfance endormie dans l’esprit de chacun, les souvenirs qui affluent et une mémoire désormais indomptable. C’est ce que le court-métrage « Bilbal » de Nasser Ajami offre à voir. Une première œuvre tendre et nostalgique que le cinéaste a tenu à présenter au Liban avant de la faire connaître ailleurs. « On ne peut échapper à son enfance », tel est le message de ce court-métrage symbolique que vient d’achever Nasser Ajami. Un projet qui avait pris naissance avant la guerre de 2006, mais qui a pris un peu de temps à prendre forme. Lorsque Ajami évoque son film, on perçoit dans sa voix une note de désillusion et de lassitude. « Aussitôt que l’idée du film s’est concrétisée, il y a eu la guerre de l’été 2006. J’ai dû reporter le tournage. Mais c’était sans savoir que d’autres événements allaient avoir lieu. » Et d’ajouter : « J’espérais que cette œuvre tirerait le trait final sur une époque pénible que le Liban a vécue. Or il n’en est rien. » Une photo exposée dans une galerie, un regard et voilà que la machine de la mémoire est déclenchée. Peut-on fuir son enfance et effacer les souvenirs ? C’est ce que s’interroge ce sociologue propulsé par hasard dans l’univers du cinéma. « Je n’avais jamais pensé réaliser des films mais un jour, alors que je soumettais une idée à mon cousin, Samir Ajami, également producteur, ce dernier m’a encouragé à le faire moi-même. Certes, auparavant, j’avais travaillé avec une association étrangère pour un documentaire. Mais je ne pensais pas que je pouvais entreprendre seul une telle réalisation. » Un voyage intérieur Il fallait donc faire des repérages pour choisir le lieu de tournage. Le choix est tombé sur le village de Alma el-Chaab, sur les frontières-sud du Liban, et le casting allait se composer d’acteurs professionnels, mais également des habitants de ce village. Ceux-ci ont travaillé avec beaucoup de professionnalisme et de plaisir, donnant au film sa teinte naïve et pure. Bilbal, qui signifie en arabe présent à l’esprit, constitue trente-deux minutes de flash-back, donc un retour aux racines, à la vie fruste et simple, aux habitudes d’antan dans ces images empreintes de douceur et de nostalgie, à « la dolce vita, souligne Ajami. « Je suis fils de la montagne et j’avais envie de peindre une vie que le Libanais a oubliée, cette douceur de vivre qui fait oublier le zapping, la vitesse et la course contre la montre. » Bilbal prend ainsi son rythme particulier, qui s’étire comme une balade langoureuse. Les flashs entrecoupés sont cette mémoire vivante qui se reconstruit comme à l’intérieur d’une caméra. C’est aussi un film sur l’enfance, sur les illusions et les rêves qu’un gosse bâtit et que le regard retrouve dans le personnage fantomatique de Yara. Sans traiter de la guerre, le film, à l’image d’un voyage intérieur, évoque cependant, dans les moindres replis, les fantômes de cette guerre qui n’ont pas encore déserté le pays. Colette KHALAF
L’enfance endormie dans l’esprit de chacun, les souvenirs qui affluent et une mémoire désormais indomptable. C’est ce que le court-métrage « Bilbal » de Nasser Ajami offre à voir. Une première œuvre tendre et nostalgique que le cinéaste a tenu à présenter au Liban avant de la faire connaître ailleurs.
« On ne peut échapper à son enfance », tel est le message...