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Actualités - CHRONOLOGIE

Environnement - Une usine d’incinération signée par l’architecte Friedensreich Hundertwasser Au cœur de Vienne, les déchets ménagers sont incinérés dans une œuvre d’art

Les camions poubelles orange se positionnent lentement entre des colonnades multiformes et multicolores d’une œuvre d’art très particulière dans le quartier Spittelau de Vienne, l’usine d’incinération des déchets ménagers signée par l’architecte Friedensreich Hundertwasser. De la cheminée recouverte de céramiques bleues et ornée d’une boule dorée s’échappe une fumée blanche d’apparence immaculée. Le bâtiment aux couleurs et motifs bariolés est surmonté de petites sphères étincelant au soleil et est littéralement coiffé par une casquette à carreaux rouges et bleus géante, comme celles qu’aimait à porter le peintre et architecte viennois décédé en 2000. « Nous traitons mille tonnes de déchets par jour et cela 365 jours par an, pour les transformer en chauffage urbain et en électricité », explique Herbert Heindl, assistant à la direction de l’usine. « Avec la crise des déchets à Naples, nous avons eu la visite de nombreux responsables locaux italiens attirés par notre formule originale », souligne Johannes Angerer, directeur de communication du groupe Wien Energie responsable de l’approvisionnement énergétique de la capitale. Car Vienne est une pionnière en matière de retraitement des ordures. La première centrale expérimentale d’incinération destinée à produire du chauffage urbain y a été érigée en 1928. Puis, en 1963, une deuxième usine fut ouverte dans l’ouest de la ville pour alimenter en chauffage et eau chaude trois hôpitaux, une piscine et la blanchisserie centrale municipale. La centrale de Spittelau, dans le 9e arrondissement de Vienne, date, elle, de 1971 et était destinée à l’origine à chauffer le grand hôpital public de la capitale. Aujourd’hui, elle fournit chauffage et eau chaude à 262 000 logements et plus de 5 300 complexes de bureaux, permettant d’éviter l’émission de 1,257 million de tonnes de CO2 dans l’atmosphère si le chauffage se faisait au fioul. Tous les jours, 250 camions viennent y déverser les contenus des poubelles des Viennois férus, il est vrai, de tri sélectif, ce qui facilite amplement le fonctionnement de ce genre d’usine. « On ne fait aucun tri ici, on fait confiance aux citoyens viennois », souligne M. Heindl. Devant lui, dans le « bunker » capable de contenir 7 000 t de déchets organiques et du papier, une gigantesque pince articulée transfère ce « combustible » sur des tapis roulants conduisant aux cuves d’incinération. Un dispositif spécial permet de contrôler le taux de radioactivité. L’air est régulièrement aspiré du « bunker » pour éviter les odeurs nauséabondes et est utilisé pour activer la combustion à une température de plus de 1 000 degrés. « Les déchets retraités ont une valeur de combustion égale à celle du charbon », explique M. Heindl. L’incinération permet en outre une réduction de 90 % du volume des déchets. « D’où l’énorme avantage par rapport à la décharge », note-t-il en ajoutant que les émissions de gaz produites lors de la combustion sont soigneusement filtrées avant d’être relâchées dans l’atmosphère. « Les résidus de cendres, débarrassés des parties métalliques par de gros aimants, sont coulés dans du béton et stockés sous terre dans un centre en Allemagne », explique encore M. Heindl. Le parti écologiste des Verts du quartier effectue des relevés tous les deux ans. « Jusqu’ici tout va bien, il n’y a pas eu de problèmes », affirme Stefan Freibrück, l’un de leurs responsables. En 1987, un incendie a ravagé une partie des installations, l’occasion pour la ville de moderniser la technologie de la centrale et surtout d’en confier le dessin au célèbre architecte autrichien humaniste et écologique Friedensreich Hundertwasser (1928-2000). Pour celui qui se considérait comme le « médecin de l’architecture », l’usine de Spittelau devait être « une contribution contre l’anonymat dans nos villes ».
Les camions poubelles orange se positionnent lentement entre des colonnades multiformes et multicolores d’une œuvre d’art très particulière dans le quartier Spittelau de Vienne, l’usine d’incinération des déchets ménagers signée par l’architecte Friedensreich Hundertwasser.
De la cheminée recouverte de céramiques bleues et ornée d’une boule dorée s’échappe...