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Actualités - CHRONOLOGIE

MUSIQUE Un contre-ténor sacré artiste lyrique de l’année Philippe Jaroussky en héros vivaldien…

Il est loin de l’image des contre-ténors jouant de toutes les sophistications et de toutes les ambiguïtés. À le voir sur la pochette de son dernier CD, Philippe Jaroussky, voix à la tessiture d’une mezzo-soprane, est bien plus l’incarnation d’un cadre supérieur, bien battant mais sage, au charmant minois d’universitaire à la fois studieux et turbulent, avec cravate, chemise blanche et costume BCBG. On est bien loin des représentations flamboyantes à la Farinelli pour prêter vie et surtout voix aux notes haut perchées, sur une platine, aux héros des opus de Vivaldi… Parcours d’un artiste hors norme que les scènes européennes et outre-Atlantique, sans parler des feux de la rampe en Australie, courtisent assidûment pour son talent, sa grâce, sa lumière. Il est clair que ni le public ni la critique ne tarissent d’éloges pour ce jeune artiste qui, en moins de cinq ans, s’est imposé comme un des plus brillants contre-ténors français de sa génération. Né en 1978, Philippe Jaroussky s’essaye d’abord au violon puis au piano sans soupçonner les possibilités et les potentialités de sa voix. Très vite, sa formation révèle de remarquables qualités vocales. Trois disques sur le marché et le voilà propulsé au firmament des étoiles. En 2004, après déjà plusieurs retentissantes reconnaissances publiques, il est désigné, dans une grande cérémonie groupant le monde du show-biz musical, lauréat des Victoires de la musique classique. Et depuis, de révélation en révélation, il est consacré, avec tambour et fanfare, comme l’artiste lyrique de l’année écoulée. « Ce n’est pas la voix des anges, ce n’est pas la voix du ciel…confie-t-il en parlant de ses prestations, un peu irrité de ces classifications hâtives. Ce n’est pas un miracle cette voix ! Cette voix repose sur des phénomènes physiologiques bien connus et une technique solide… » Voilà les malentendus dissipés ! Pour ce jeune chanteur féru de Brel, Piaf et Fitzgerald (pour leur pouvoir d’émouvoir et non leurs prouesses vocales), admiratif devant le génie de Maria Callas et David Oïstrakh (nostalgie du violon ?), et vouant vénération à des contre-ténors au talent immense, tels Gérard Lesne, James Bowman et David Daniels, la musique est un monde envoûtant où le baroque a une place privilégiée dans ses choix… Dans son répertoire déjà étendu, Philippe Jaroussky, par le timbre mystérieux de sa voix, a touché à l’inspiration et aux partitions de Monteverdi, Ferrari, Frescobaldi, Strozzi, Scarlatti, Cavalli, Purcell, Gluck et Haendel… De Nancy à New York, en passant par Londres, Madrid, Genève, Paris, le Luxembourg ou l’Australie, ce talentueux chanteur au minois d’enfant de chœur a conquis les cœurs et l’auditoire. Tout en révélant et réhabilitant les richesses de la musique baroque qu’il défend âprement. Mais cela ne veut pas dire qu’il ne s’intéresse pas pour autant aux mélodies françaises, plus actuelles, plus ancrées à l’esprit du pays de Voltaire... C’est avec le pianiste Jérôme Ducros qu’il sillonne l’Hexagone en interprétant Hahn, Debussy, Fauré… Pour mieux le retrouver ou le découvrir, rien ne vaut ce CD (enregistrement exclusif de Philippe Jaroussky chez Virgin Classics) où les héros vivaldiens, d’Orlando Furioso à Giustino, en passant par Ottone, Il tigrane et Tito Manilo, font une superbe parade par le truchement d’une voix merveilleuse. Avec l’ensemble Matheus et le violon de Jean-Christophe Spinosi, voilà le feu d’artifice d’incroyables trilles et emballements vocaux pour faire revivre la mythologie vivaldienne. Une mythologie aux masques saisissants, échappée d’une Venise de rêve où le sens du sacré et celui de la luxure font un harmonieux ménage pour un monde baroque des plus vibrants… Edgar DAVIDIAN

Il est loin de l’image des contre-ténors jouant de toutes les sophistications et de toutes les ambiguïtés. À le voir sur la pochette de son dernier CD, Philippe Jaroussky, voix à la tessiture d’une mezzo-soprane, est bien plus l’incarnation d’un cadre supérieur, bien battant mais sage, au charmant minois d’universitaire à la fois studieux et turbulent, avec cravate,...