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Actualités - OPINION

Parti du centre Joseph CODSI

L’échec de la médiation solennellement entreprise par le monde arabe confirme le fait que nous avons affaire, dans les deux camps qui se font la guerre, à des idéologies contradictoires et inconciliables. Derrière les personnes, il y a des dieux invisibles qui sont intraitables, c’est-à-dire des principes tout d’une pièce qui n’admettent pas de compromis. J’invite toutes les personnes que cette situation dégoûte à former un parti politique nouveau que j’appelle le Parti du centre. Ce parti se caractérisera par une double négation : nous dirons non aux idéologies qui se font la guerre au Liban et qui déchirent le pays. Non à l’idéologie pro-occidentale et non à l’idéologie pro-orientale. Non à tout ce qui subordonne le Liban à des forces étrangères déstabilisantes et destructrices. Nous sommes en faveur d’un État qui soit religieusement et idéologiquement neutre. Nous sommes à la recherche de citoyens qui ont à cœur ce qui est dans l’intérêt du Liban. Les soi-disant citoyens qui sont prêts à vendre le Liban à vil prix sont, en ce qui nous concerne, les plus grands ennemis du Liban. Quelqu’un a fait la remarque suivante: « Quand Saddam Hussein envahit le Koweït, il n’y trouva personne qui soit prêt à collaborer avec lui pour la formation d’un nouveau gouvernement. Si Saddam avait envahi le Liban, un très grand nombre de Libanais auraient été prêts à collaborer avec lui. » Il suffit de revoir le comportement des Libanais sous l’occupation syrienne pour s’en convaincre. Voilà précisément où se trouve la faiblesse du projet libanais. Nous sommes tous des traîtres potentiels à notre pays, du simple fait que nous subordonnons les intérêts du Liban à nos propres intérêts comme aux intérêts de nos alliés étrangers. Nous ne faisons pas cela par méchanceté, mais par inconscience et tout en croyant bien faire. Nos idéologies respectives nous rendent aveugles. Elles nous contrôlent sans qu’il nous soit possible de les contrôler. Dès l’origine, le Liban fut conçu par une élite occidentalisée qui a systématiquement marginalisé les masses de culture orientale. Aujourd’hui, ces masses se sont organisées et réclament un Liban fait à leur image et à leur ressemblance. Nous sommes en présence de deux conceptions diamétralement opposées du Liban. Comme il n’y a pas moyen de les réconcilier et que leur confrontation ne peut que causer la paralysie du pays, je propose le remède suivant : permettons à ces deux mondes d’exister chacun de son côté et dans son propre domaine, sans leur permettre de se mêler de la gestion de la République. Cela nécessite la création de deux domaines distincts, un domaine national affranchi de toute idéologie et un domaine communautaire où nos différences insurmontables auront droit de cité. Ce qui est nouveau dans ma proposition, c’est l’élargissement du domaine communautaire à toutes nos différences insurmontables, que ce soit dans le domaine religieux ou dans le domaine idéologique. Cela permet d’affranchir le niveau national de toutes les pressions idéologiques qui le paralysent. Que les apprentis sorciers que sont nos politiciens exercent leur art au niveau communautaire et que des technocrates les remplacent dans tous les secteurs vitaux qui concernent la gestion de l’infrastructure du pays. Le pacte national de 1943 est le guide que je suis dans ce que je propose ici. En effet, il a commencé par énoncer une double négation : non à l’idéologie chrétienne et non à l’idéologie musulmane en ce qui concerne l’administration de la République. Comme ces idées étaient loin d’être mûres en ce temps-là, elles ne furent pas traduites en un discours constitutionnel qui puisse nous servir de guide sûr. Aujourd’hui, la double négation doit comprendre nos différences religieuses et nos différences idéologiques. Ces différences-là font que nous sommes un pays profondément divisé, que ce soit sur le plan religieux ou sur le plan idéologique. Comme il n’y a pas moyen de surmonter ces différences, il faut les respecter, sans pour autant leur permettre de semer la foire dans le pays. Le Liban ne deviendra une patrie définitive pour tous ses citoyens que lorsque l’intérêt national passera, aux yeux de tous les Libanais, avant toute autre considération. Cela veut dire que si d’aventure un Saddam Hussein venait à envahir le pays, il ne pourrait y trouver aucun collaborateur. Sous ce rapport, nous avons encore un très long chemin à faire. Nous ne sommes pas encore une nation. J’invite ceux et celles qui souhaitent que le Liban devienne une nation à s’engager dans une action politique intelligente, au lieu de pester contre toutes les bêtises dont se glorifient nos chers idéologues. Joseph CODSI Universitaire Article paru le mardi 22 janvier 2008
L’échec de la médiation solennellement entreprise par le monde arabe confirme le fait que nous avons affaire, dans les deux camps qui se font la guerre, à des idéologies contradictoires et inconciliables. Derrière les personnes, il y a des dieux invisibles qui sont intraitables, c’est-à-dire des principes tout d’une pièce qui n’admettent pas de compromis.
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