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Gibran Khalil Gibran (1883-2008)

Gibran n’est pas mort. L’homme a 125 ans et sa voix résonne encore dans nos montagnes tandis que nos cœurs en renvoient l’écho depuis les ruelles de Paris : « Si le Liban n’était pas mon pays, je l’aurais choisi pour pays. » Mais cette phrase est aussi belle que poignante. Car qui lèvera la main quand la question ultime s’abattra, qui dit oui quand on lui demande, curieux : « Tu reviendras au Liban plus tard ? » Combien sommes-nous à avoir perdu jusqu’à l’espoir de vivre paisiblement dans ce pays un jour ? Le pays semble un horizon lointain. Il faut d’abord faire sa vie. Ensuite, je reviens. Ensuite, je penserai au pays. Après, viendra ce souci. Rien qu’un souci. Qu’est-elle de plus, cette bande de terre qu’on aurait pu, et qu’on a tenté, d’annexer à un autre pays pour mieux rallonger sa surface côtière ? Un souci géopolitique, un souci économique, un souci communautaire… Un mal de tête distant, ce pays. Allez, un jour, nous aurons la nationalité française. C’est ce que vous vous dites ? Une fois que j’aurai la nationalité, je pourrais revenir en sachant qu’au moins ma retraite est garantie maintenant. J’espère pour vous que Gibran ne vous étranglera pas quand vous débarquerez dans l’au-delà. Non, nous ne voulons pas de la nationalité des autres. Nous avons une patrie. Et nous ne sommes pas là pour fuir, mais pour mieux revenir. Le fils de Bécharré, globe-trotteur installé successivement à Paris, New York et Boston, a vu son amour pour son pays grandir alors qu’on l’en avait séparé. Il ne put y revenir que dans un cercueil en bois de cèdre, bien plus tard. « Si le Liban n’était pas mon pays, je l’aurais choisi pour pays », il l’aurait choisi. C’est ce qu’il a dit. Et il a eu raison. Bien qu’à deux heures d’avion du Liban, on réalise que personne ne nous dicte l’amour d’une nation, personne ne nous y oblige. Le patriotisme est un choix. Et derrière ses yeux pensifs qui l’ont toujours signifié, Gibran le murmure : le patriotisme est une éthique de vie, pas un drapeau qu’on sort de l’armoire quand les attroupements commencent. À l’immortel qui veille sur nos montagnes depuis son tombeau, à celui qui mérite plus que tous la sérénité, nous devons la fidélité. Halim MADI Membre du Rassemblement des étudiants libanais à Paris, RELP
Gibran n’est pas mort. L’homme a 125 ans et sa voix résonne encore dans nos montagnes tandis que nos cœurs en renvoient l’écho depuis les ruelles de Paris : « Si le Liban n’était pas mon pays, je l’aurais choisi pour pays. »
Mais cette phrase est aussi belle que poignante. Car qui lèvera la main quand la question ultime s’abattra, qui dit oui quand on lui demande,...