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Actualités - CHRONOLOGIE

THÉÂTRE - Au Monnot, du 24 janvier jusqu’au 10 février « The Middle Beast » de Joe Kodeih, une comédie... identitaire

Samedi après-midi au théâtre Monnot. Il est 18h00. Week-end de relâche, sans spectacle à l’affiche. Une douce torpeur plane sur les lieux... quand soudain parviennent, de la grande salle, des éclats de rire. Là, sur scène, quatre comédiens en pleine répétition s’en donnent visiblement à cœur joie. Sous le regard complice et attentif de Joe Kodeih, le metteur en scène. Ce qui saute aux yeux, c’est l’accord parfait qui semble régner entre Ammar Chalak, Fadi Ibrahim, Toni Balaban et Céline Sursock. Les trois acteurs, « stars du petit écran libanais », et la jeune débutante prometteuse qui forment le casting de la reprise beyrouthine – dans une version légèrement modifiée – de The Middle Beast, la pièce de Joe Kodeih qui avait été présentée en 2003 à La MaMa Etc, à Broadway (voir cadre ci-joint). Un casting parfait, car s’ils se charrient, se taquinent, font les pitres entre deux scènes, c’est en véritables professionnels qu’ils se soufflent une repartie oubliée, prêtent l’oreille à une remarque du metteur en scène ou suggèrent un changement de phrase... Faire rire là où ça fait mal Tout cela ne présage que du bon. À commencer par la trame de cette comédie noire « qui fait rire là où ça fait mal », indique d’emblée Joe Kodeih. Car The Middle Beast est – comme le jeu de mots le suggère – une pièce qui fait référence, sur le mode du rire et de la dérision, à la situation sociopolitique du Moyen-Orient. Dans un terrain vague, trois protagonistes se font face : il y a là un musulman qui doit vendre sa parcelle de terre pour survivre, mais qui hésite encore, déchiré à l’idée de se séparer de son bien. Un juif qui veut s’approprier le terrain. Et l’intermédiaire : un chrétien qui espère empocher dans cette affaire une commission de 10 %. Plus en retrait, une femme joue le rôle d’un agent secret... La signature du contrat est sur le point de se réaliser lorsqu’un homme tombe raide mort en plein terrain. Les trois compères ne savent pas quoi faire de la dépouille. Doivent-ils l’enterrer, doivent-ils appeler la police ou bien l’abandonner et fuir ? Ils décident de l’enterrer. Mais selon quel rite ? Il faudra chercher sur la dépouille les indices de sa... religion. On l’aura compris, ces trois hommes sont les représentations symboliques et caricaturales de la situation actuelle des communautés des trois religions monothéistes du Moyen-Orient. Quant à l’agent secret qui – bien évidemment – les manipule, on vous laisse deviner qui il pourrait être... Jamais d’Ahmed ou de Jean-Pierre ! Après quelques pièces intimistes (comme El-Takht ou El-Bagno), dans lesquelles Joe Kodeih traitait surtout de questions existentielles, l’auteur et metteur en scène a eu envie de se pencher sur la question de l’identité. « L’idée première m’est venue d’une simple observation, raconte-t-il. J’avais remarqué que les héros des feuilletons télévisés libanais s’appelaient toujours Fouad, Farid ou Samir, jamais Ahmad ou Jean-Pierre. Cela m’a fait penser que le nom est en lui-même une identité. Surtout dans notre pays, où il met la personne dans un moule, lui donne un statut ou un code social. En réfléchissant à cette question, j’ai remarqué que mon nom, Joe ou Joseph, est l’un des rares prénoms qui puissent être portés indifféremment par un chrétien, un juif ou un musulman. À partir de là est née l’idée de faire une pièce sur les trois religions monothéistes du Moyen-Orient. » Pour présenter cette comédie à Beyrouth, Joe Kodeih attendait le moment propice. « Pour des raisons personnelles, je ne voulais pas prendre le risque de chatouiller les susceptibilités confessionnelles », avoue-t-il. Et pourtant aujourd’hui, quatre ans après Broadway, c’est en pleine période de tensions confessionnelles exacerbées qu’il a choisi de le faire. Après avoir, toutefois, pris soin de modifier certaines tournures de phrases pouvant être mal interprétées (voir le cadre ci-joint). Dans cette comédie dénuée de tout décor, tout repose sur le jeu des comédiens. C’est pourquoi Joe Kodeih a fait appel à des acteurs confirmés. Des vedettes de séries télévisées qui ont également l’expérience des planches. Fadi Ibrahim et Toni Balaban ont tous deux joué sur scène et dans plusieurs feuilletons télévisés, dont dernièrement Ghannouget Bayya. Ammar Chalak, que l’on a vu dernièrement à la télé dans Bint el-Moallem, a tenu le rôle de Che Guevarra dans la comédie musicale présentée au BIEL l’année dernière. Seule Céline Sursock est une nouvelle venue dans l’univers du théâtre. Enfin, pas tout à fait, car la jeune danseuse de formation n’est autre que la petite-fille de la célèbre Yvette Sursock ! Pour le reste, le metteur en scène a eu recours à ses fidèles assistants : Johnny Khoury pour la scénographie et Hagop Dergougassian pour l’éclairage. Quant à la bande sonore, elle est signée Michel Eléftériadés et Shawn Phillips. Encore une fois, que du bon pour une pièce qui s’annonce savoureuse ! À partir du jeudi 24 janvier, sur les planches du Monnot, jusqu’au 10 février, les jeudis, vendredis, samedis et dimanches, à 20h30. Zéna ZALZAL
Samedi après-midi au théâtre Monnot. Il est 18h00. Week-end de relâche, sans spectacle à l’affiche. Une douce torpeur plane sur les lieux... quand soudain parviennent, de la grande salle, des éclats de rire. Là, sur scène, quatre comédiens en pleine répétition s’en donnent visiblement à cœur joie. Sous le regard complice et attentif de Joe Kodeih, le metteur en...