Rechercher
Rechercher

Actualités

Début, cette semaine, des consultations en vue de l’investiture des partis républicain et démocrate L’Iowa, théâtre d’un premier acte à suspense pour la présidentielle américaine

L’Iowa (centre), premier État où les électeurs sont consultés en vue de l’investiture des partis, sera le 3 janvier le théâtre d’un premier acte à suspense pour la présidentielle américaine, avec une demi-douzaine de favoris en quête d’une démonstration de force. Les analystes s’accordent à souligner la très grande fluidité à ce stade des courses aux investitures démocrate et républicaine, qui rend tout pronostic sérieux impossible. « Je n’ai jamais vu de campagne qui soit aussi mouvante, des deux côtés », souligne Dan Shea, professeur de sciences politiques au Allegheny College (Pennsylvanie, Est). Dans le camp démocrate, motivé comme jamais pour chasser le Parti républicain de George W. Bush de la Maison-Blanche, l’ex-Première dame Hillary Clinton est menacée dans les sondages par le jeune sénateur noir de l’Illinois Barack Obama. En embuscade et n’ayant guère relâché l’effort en Iowa depuis sa première candidature il y a quatre ans, l’ex-candidat à la vice-présidence John Edwards espère qu’un bon résultat le 3 janvier relancera sa campagne pour la suite du processus des primaires. La course, marquée par des attaques de plus en plus virulentes, est en fait tellement serrée que M. Shea se dit « pas sûr que le résultat de l’Iowa produise vraiment un effet tremplin » pour ce trio de tête, qui devra continuer à en découdre lors des prochaines étapes : dans le New Hampshire le 8 janvier, puis notamment en Caroline du Sud à la fin du mois avant le « supermardi » du 5 février, date des primaires dans une vingtaine d’États. Dans le Parti républicain, l’ex-gouverneur mormon du Massachusetts Mitt Romney a tout à craindre d’une défaite en Iowa, où il a beaucoup misé, face à l’ex-gouverneur baptiste de l’Arkansas Mike Huckabee, qui, servi par un humour bonhomme, a fait une percée spectaculaire depuis deux mois. Mais les experts soulignent qu’une victoire de M. Huckabee pourrait faire long feu en raison de l’hostilité que son populisme suscite parmi l’establishment républicain et de la pauvreté de ses moyens. Elle pourrait en revanche servir un troisième homme, l’influent sénateur John McCain, qui attend son heure à la deuxième étape de la course à l’investiture, le 8 janvier dans le New Hampshire (Nord-Eest), où il rejoint M. Romney en tête des intentions de vote. Paradoxalement, le fragile leader des sondages nationaux sur la course à l’investiture républicaine Rudolf Giuliani s’attend à ne faire que de la figuration en Iowa, où son expérience d’ex-maire de New York ne suscite guère d’attrait. Une inconnue majeure vient compliquer le jeu des pronostics, le taux de participation des électeurs : lors des assemblées électorales de l’Iowa de 2000, organisées à la mi-janvier, seulement 16 % des républicains s’étaient déplacés. Le taux de participation démocrate en 2004 avait frôlé les 20 %, et vu le contexte de la fête du Nouvel An, Dennis Goldford, professeur à l’Université Drake (Iowa), estime qu’il serait « très étonnant » que ce taux soit surpassé cette prochaine. Pourtant, les candidats n’ont ménagé aucun effort pour intéresser les électeurs en dépensant des millions de dollars en déplacements, démarchages de toutes sortes et surtout clips télévisés. Justifiant ces dépenses, le passé a montré que les vainqueurs en Iowa avaient de bonnes chances de disputer la présidentielle de novembre, comme Jimmy Carter en 1976, George W. Bush en 2000 ou le démocrate John Kerry en 2004. Le modeste État qui se veut « faiseur de président » Les candidats démocrates et républicains qui rêvent de la Maison-Blanche et qui ont sillonné sans relâche les 99 comtés du modeste État de l’Iowa depuis des mois sauront cette semaine s’ils seront récompensés de leurs efforts. État essentiellement rural, comptant un peu moins de 3 millions d’habitants, très majoritairement blancs, l’Iowa est le premier État à organiser une consultation électorale pour départager les prétendants démocrates et républicains. Mais avec la désignation de seulement 57 délégués démocrates (sur 4 051) pour la convention chargée de choisir formellement le candidat du parti et 40 délégués républicains (sur 2 380), les caucus (assemblées d’électeurs) prévus le 3 janvier auront surtout une valeur symbolique. Ce que décernent les caucus est surtout un brevet d’éligibilité crucial pour la suite de la compétition. « Je pense que c’est une bonne chose de commencer par un petit État où des candidats sans grands moyens financiers peuvent avoir une chance », explique à l’AFP Arthur Sanders, professeur de sciences politiques à la Drake University dans l’Iowa. Un échec dans l’Iowa peut être fatal. Un succès peut constituer un formidable tremplin. Mais rien n’est assuré. L’Iowa, qui se veut « faiseur de président », aime créer la surprise. Ce sont sur ces champs de maïs à perte de vue que sont sortis de l’ombre Jimmy Carter en 1976, Walter Mondale en 1984 et John Kerry en 2004. Cinq des sept derniers vainqueurs des caucus de l’Iowa ont ensuite remporté l’investiture de leur parti. Mais cela n’est pas une règle. En 1988, les candidats qui ont remporté la nomination de leur parti (Michael Dukakis et George H. Bush) étaient arrivés en troisième position dans l’Iowa. Jusqu’à présent, fait remarquer Cary Covington, professeur de sciences politiques à l’Université de l’Iowa, aucun candidat arrivé au-delà de la place de troisième dans l’Iowa n’a remporté ensuite la nomination de son parti. Cela pourrait être inquiétant pour Rudolph Giuliani qui, dans les sondages, est crédité au mieux de la 4e place. « Les caucus de l’Iowa constituent le premier vrai test de la campagne présidentielle », estime M. Sanders. Un candidat semblant être de seconde zone peut devenir un prétendant crédible. Ainsi, encore inconnu il y a quelques semaines, l’ancien gouverneur de l’Arkansas, Mike Huckabee, est devenu l’étoile montante du camp républicain après des sondages flatteurs dans l’Iowa. L’ex-gouverneur du Massachusetts, Mitt Romney, a quasiment tout misé sur les premières consultations, et notamment les caucus de l’Iowa. Il y a notamment dépensé 7 millions de dollars. Dans le camp démocrate, John Edwards espère renouveler sa performance de 2004 quand il était arrivé deuxième derrière John Kerry. Il a sillonné l’État de long en large plus que n’importe quel autre de ses rivaux démocrates. Disposant de moins d’argent que ses rivaux, M. Edwards sait qu’une lourde défaite dans l’Iowa pourrait sérieusement obérer l’avenir. Et la compétition est rude. Hillary Clinton et Barack Obama, qui sont au coude à coude dans les sondages, ont promis d’accélérer le rythme dans la dernière ligne droite. Edwards, Clinton et Obama « ont tous les trois la capacité de gagner dans l’Iowa », affirme M. Sanders. En 2004, seuls les démocrates organisaient un caucus (George W. Bush n’avait pas d’adversaire dans son camp), et seulement 124 000 électeurs (22 % de l’électorat démocrate) ont osé braver le froid glacial de janvier pour y participer. Alors que Howard Dean apparaissait comme archifavori, les électeurs ont propulsé en tête John Kerry. Les sondages ont révélé que 40 % des électeurs avaient choisi leur champion au cours de la dernière semaine précédant le scrutin. Les caucus : démocratie directe et casse-tête procédurier Première étape du long processus électoral en vue de choisir le prochain président des États-Unis, les caucus (assemblées d’électeurs) prévus jeudi prochain dans l’Iowa (centre) constituent un exercice de démocratie directe d’une complexité qui déroute nombre d’observateurs. Les caucus, qui tiennent leur nom d’une réunion de chefs tribaux chez les Indiens algonquins, sont constitués d’une multitude de réunions (1 784 au total) organisées dans des lieux publics (écoles, bibliothèques, voire hôtels) dans les 99 comtés de ce petit État rural du centre des États-Unis. La participation à ces caucus est réservée aux militants de chaque parti âgés d’au moins 18 ans (ou qui auront 18 ans d’ici au 4 novembre 2008, jour de l’élection présidentielle), mais on peut s’inscrire à l’entrée du caucus et même changer d’affiliation juste avant de participer. Toutefois, si on choisit de participer à un caucus démocrate, on ne peut pas participer à un caucus républicain, et vice versa. Le caucus débute à 18h30 côté démocrate et à 19h00 chez les républicains. Les réunions durent entre une heure et demie et deux heures. La séance se déroule en plusieurs étapes : élection du président de séance, lecture (facultative) des professions de foi des candidats par un de ses partisans, collecte pour le parti. Du côté républicain, la procédure est assez simple. Après discussions, les électeurs inscrivent le nom du candidat de leur choix sur une feuille de papier. Celui qui remporte le plus de voix est déclaré vainqueur. Chez les démocrates, la procédure est infiniment plus compliquée. Il n’y a pas de bulletin de vote, pas même de vote à main levée. Des groupes favorables aux différents candidats se forment dans différentes parties du lieu de réunion. Chaque candidat doit recueillir l’assentiment d’au moins 15 % des présents pour être déclaré « viable ». Ceux qui soutenaient un « non-viable » peuvent, dans un délai imposé de 30 minutes, réaffecter leur voix à un autre prétendant ou chercher à convaincre d’autres militants pour atteindre ce seuil fatidique des 15%. Sinon, le groupe « non-viable » doit se dissoudre. Le décompte des voix est également d’une rare complexité. Les candidats ayant recueilli au moins 15 % se verront attribuer des délégués au niveau du comté, sachant que chaque comté dispose d’un nombre de délégués proportionnel aux résultats obtenus par les démocrates lors de l’élection présidentielle et des élections générales de 2004 et 2006. Au total, il y a quelque 13 000 délégués au niveau des comtés qui choisiront eux-mêmes ultérieurement des délégués au niveau des circonscriptions, qui choisiront à leur tour des délégués au niveau de l’État. Au bout du compte, les délégués désignés au niveau de l’État choisiront (en juin) les 57 délégués qui représenteront l’Iowa (soit 1,4 % du total des délégués démocrates) à la convention du Parti démocrate prévue du 25 au 28 août à Denver (Colorado, Ouest). Ce sont les délégués à la convention qui désignent formellement le candidat du parti pour la présidentielle de novembre 2008.
L’Iowa (centre), premier État où les électeurs sont consultés en vue de l’investiture des partis, sera le 3 janvier le théâtre d’un premier acte à suspense pour la présidentielle américaine, avec une demi-douzaine de favoris en quête d’une démonstration de force.
Les analystes s’accordent à souligner la très grande fluidité à ce stade des courses aux...