Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

GRI-GRI Trophée ou talisman, un Cartier pour la nouvelle année !

Cartier, faut-il le rappeler, a connu son apogée durant les années folles. Cet entre-deux-guerres débridé, aussi truffé d’incertitudes que notre balbutiant millénaire, a été le berceau de toutes les extravagances. Vivre, jouir à n’importe quel prix, un moto qui a définitivement fâché l’éthique avec l’esthétique mais qui a aussi, de 1919 à 1929, semé les premières paillettes de notre époque. C’était le temps où Cocteau traitait Guerlain de « détrousseur de plates-bandes » et célébrait en Cartier ce « magicien subtil » dont le métier était – à peu près – d’aligner « des morceaux de soleil sur de la lune en fil ». Cocteau qui dessinera pour le joaillier la fameuse bague trois ors, trois anneaux entrelacés, trois éléments d’un même serment : toi, moi, et l’amour. Plus tard, Maria Felix, la star latino, dite La Dona, qui défraya la chronique de son époque, soufflait à Cartier sa ligne éponyme inspirée du crocodile apprivoisé de la diva. Aujourd’hui encore, la collection La Dona conserve l’esprit reptile et sauvage de sa ligne initiale, enroulant autour du poignet un ruban décroissant de souples écailles d’or pur. Longtemps considéré comme le joaillier des rois et le roi des joailliers, Cartier a su le premier se démocratiser en proposant des lignes d’horlogerie, de maroquinerie, de parfums, de stylos, de briquets et de lunettes pour le plaisir de rendre le luxe plus accessible, et d’offrir à son monogramme (le fameux double « C » Art-déco) la meilleure visibilité possible. Succès ou acharnement du sort Peu après l’ouverture de l’enseigne Cartier au centre-ville de Beyrouth. Interrogés par L’Orient-Le Jour sur l’opportunité de cette initiative dans une ville aussi instable, les chargés de communication de la maison avaient une réponse prête. De longue expérience, on sait ici que l’achat d’un bijou, somptuaire par excellence, se fait sous deux impulsions : le succès, un événement heureux à marquer d’une pierre brillante, qui fait de l’objet un trophée, ou paradoxalement, l’acharnement de vents contraires qu’il faut vite détourner. L’acquisition devient alors un talisman, un porte-bonheur qui ouvre la voie aux jours meilleurs. En temps de prospérité, constataient nos interlocuteurs, on achète des objets fous, des créations audacieuses, non conventionnelles. Dans les périodes d’incertitude, on fait plutôt des achats raisonnables, on se rabat sur les classiques. Raisonnable ou extravagante, une création Cartier n’en demeure pas moins une valeur sûre. Reconnaissable entre mille, un objet de la maison porte toujours, subtilement, quelque chose de son pedigree. Art-déco, faune et flore, clins d’œil à l’Inde dans la haute joaillerie, aux stars passées et actuelles, aux événements de l’histoire comme la ligne Santos, avec ses fameuses vis, créée en hommage à l’armée américaine à la libération de Paris, le bijou Cartier a de l’âme. Ballon bleu, star de l’écrin et de la BD Cette saison, c’est la Ballon bleu qui se la joue star de l’écrin. Cette montre invraisemblable, entre classicisme et futurisme, a une allure de galet, une lentille grossissante qui anamorphose le temps, un saphir cabochon protégé d’une arche de métal précieux, qui semble flotter comme un satellite autour du cadran guilloché. Avec ses aiguilles glaive, son boîtier convexe côté pile et côté face, ses chiffres romains qui se déplacent sous l’influence du remontoir, cet ovni horloger a inspiré sept auteurs du 9e art pour un album-odyssée. Sept bédéistes se sont vus confier la tâche de mettre la Ballon bleu sur orbite. Cette œuvre composite met en scène la montre dans l’espace et le temps, au gré de l’inspiration de Moebius et Jean Giraud qui ont créé autour d’elle un voyage initiatique, et de Glen Baxter qui s’est laissé entraîner dans une réflexion sur l’absurde autour d’une pierre bleue. Lorenzo Mattoti s’en est servi pour imaginer une allégorie du temps qui passe à travers l’interprétation d’un sonnet de Shakespeare. Shuitten, Taniguchi, Floc’h et Burns ont fait tout à tour rebondir la fantasmagorie. Depuis le temps que le temps passe chez nous sans grâce, il était temps d’y mettre un peu de légèreté. La Ballon bleu, talisman ou trophée ?
Cartier, faut-il le rappeler, a connu son apogée durant les années folles. Cet entre-deux-guerres débridé, aussi truffé d’incertitudes que notre balbutiant millénaire, a été le berceau de toutes les extravagances. Vivre, jouir à n’importe quel prix, un moto qui a définitivement fâché l’éthique avec l’esthétique mais qui a aussi, de 1919 à 1929, semé les...