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CORRESPONDANCE - Le Sidney Harman Hall, nouveau chez-soi de Shakespeare Il y reçoit le public d’aujourd’hui et d’autres dramaturges classiques WASHINGTON, d’Irène MOSALLI

« J’ai vécu assez longtemps et le chemin de ma vie se perd dans les feuilles jaunies et séchées. » Or le « chemin de sa vie » (cette phrase est de Shakespeare) n’en finit pas de bourgeonner et de fleurir, spécialement à Washington où existent, depuis des décades, la plus grande bibliothèque du monde dédiée à l’auteur de Hamlet et une troupe, Shakespeare Theater Company, jouant en permanence des œuvres de son répertoire dans un théâtre, le Lansburgh, qui lui est réservé. Aujourd’hui vient d’être inauguré un nouvel espace d’art baptisé Shakespeare Theater Sidney Harman Hall, qui englobe l’ancien théâtre (400 places) et un nouveau (700 places) dont les planches peuvent être transformées en plusieurs configurations scéniques en un temps record rapide. Coût de ce centre d’art, 89 millions de dollars. Michel Kahn, directeur de la Shakespeare Theater Company définit ainsi sa fonction : « C’est un théâtre qui se veut du XXIe siècle, un théâtre du présent qui sera l’expression contemporaine des œuvres classiques intemporelles. Généralement, les metteurs en scène sont tributaires d’une architecture donnée des tréteaux. Nous avons voulu que cette architecture soit recréée selon le style de la performance. Ainsi, notre nouvel espace peut être tantôt proscenium, tantôt cercle ou demi-cercle, ou encore élargi ou rétréci à souhait. » Et ici seront jouées aussi bien les pièces de Shakespeare que celles d’autres grands auteurs dramatiques venant de tous les horizons, de l’Antiquité à Bernard Shaw, en passant par Molière et Tchekhov. Pour preuve de cette volonté de diversité, le nouveau théâtre a ouvert ses portes avec un spectacle de Marlow, Tamburlain. La musique classique aura également droit de cité ainsi que l’art chorégraphique. Tout cela dans le but de gérer un tourisme d’art intéressé par ce créneau. Du verre pour s’ouvrir à tous Ceci pour le fond. Quant à l’architecture externe, elle répond au même désir de modernité et de lien avec la vie de tous. Ainsi, pas de murs opaques entre l’art et la rue, mais un contact direct à travers un édifice entièrement en verre, conçu par un architecte connu, Jack Diamond, qui a compris le concept d’une scène sans limite et l’ouverture au rythme vibrant et revitalisant de la vie urbaine. L’immeuble, tout en verre, qui se trouve en plein centre-ville, met en vedette la transparence : depuis le niveau de l’entrée et du foyer jusqu’à l’étage supérieur donnant sur la rue et abritant les salles de spectacle. En s’approchant de ce centre d’art, on est déjà en interaction avec ce théâtre avant même de se plonger dans telle ou telle atmosphère dramatique. Quant à la manière de créer une véritable connexion entre les écrits du passé et le public d’aujourd’hui, Michel Kahn la voit ainsi : « Les pièces classiques ne sont ni rigides ni dénudées de pertinence. L’œuvre classique crée une magnifique tension entre l’objet de la pièce et sa conception formelle, minutieusement façonnée. La manipulation de ces deux éléments est ce qui laisse l’œuvre flexible et énergique. Cette dynamique lui donne toute sa vie. Pas besoin de lire Shakespeare, Ibsen ou O’Neill avant de venir les voir sur scène. Il suffit d’arriver, l’esprit ouvert, pour écouter une expérience. Si nous faisons notre travail comme il le faut, n’importe qui peut comprendre une pièce classique. »
« J’ai vécu assez longtemps et le chemin de ma vie se perd dans les feuilles jaunies et séchées. » Or le « chemin de sa vie » (cette phrase est de Shakespeare) n’en finit pas de bourgeonner et de fleurir, spécialement à Washington où existent, depuis des décades, la plus grande bibliothèque du monde dédiée à l’auteur de Hamlet et une troupe, Shakespeare Theater Company,...