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Actualités - CHRONOLOGIE

« Certains sacrifient leur vie pour leur patrie, alors que d’autres sacrifient leur patrie pour vivre eux-mêmes », souligne Audeh à l’office funèbre Deux ans après, Gebran toujours aussi présent dans les cœurs

«Il faut défier l’avenir si l’on ne veut pas être réduit à le redouter », disait Duhamel. Comme un coup de pied balancé à la face des forces maléfiques qui endeuillent le pays depuis deux ans et demi, et qui l’ont plongé encore hier dans la désolation, après l’attentat perpétré contre le général François el-Hajj, la famille et les amis de Gebran Tuéni sont venus en masse, à Mar Mitr, pour la deuxième commémoration de son assassinat. Ils sont venus prier pour le repos de son âme. Prier pour que s’apaise la douleur de ses proches. Prier pour la délivrance du Liban devenu un champ miné dans lequel le citoyen évolue en permanence, sans savoir à quel moment un engin lui explosera au visage. Prier avec foi et d’une seule voix pour le respect des droits de l’homme, de la défense des libertés de pensée et d’expression, de la préservation de la dignité humaine et la détermination à poursuivre la lutte pour l’édification d’un Liban fondé sur la démocratie véritable. Aussi, faisant fi des intimidations et des menaces qui encadrent leur quotidien, MM. les ministres Marwan Hamadé et Tarek Mitri, les députés Saad Hariri, Boutros Harb, Robert Ghanem, Pierre Daccache, Abdel-Latif Zein, Samir Frangié, Ghassan Moukheiber et Antoine Zahra étaient notamment présents à la cérémonie religieuse. Mais aussi, le chargé d’affaires près l’ambassade de France André Parant et son épouse Maya, l’ambassadeur d’Égypte Ahmad Fouad el-Bidiaoui, Mgr Boulos Matar, le Amid du BN Carlos Eddé, les anciens députés et ministres Farès Souhaid, Ghattas Khoury, Mikhayel el-Daher, Leila Solh, Sleimane Traboulsi, Joseph Hachem, Youssef Salamé, Tammam Salam, Béchara Merhej, ainsi que Joyce Amine Gemayel et Sami Gemayel. Dans la cour de l’église, des centaines de jeunes brandissaient leurs bougies et leur bouquet de fleurs blanches. La messe a été célébrée par Mgr Élias Audeh, métropolite de Beyrouth, et Mgr Georges Khodr. Dans son oraison funèbre, Mgr Audeh a notamment déploré la situation à laquelle est parvenu actuellement le pays. « Est-ce pour cela que nos martyrs ont sacrifié leurs vies ? » s’est-il interrogé non sans amertume. « Est-ce pour arriver à la situation à laquelle nous sommes parvenus ? N’entendez-vous pas l’esprit de Gebran vous interpeller et vous interroger sur un ton de reproche : “Qu’avez-vous fait de la patrie que j’ai aimée jusqu’à la mort ? Comment avez-vous pu sacrifier ses jeunes qui étaient pour moi l’avenir ? Comment pouvez-vous gaspiller leur avenir et l’avenir de vos enfants pour des desseins qui ne sont connus que de vous ? Comment pouvez-vous ne pas vous opposer à cette division et cet effritement alors que je vous ai appris à préserver une patrie une et indivisible et à rester unis pour défendre le Liban ?” » Et d’ajouter : « Qui pourrez-vous gouverner si le pays se vide de ses jeunes ? La patrie se limite-t-elle, selon vous, à une terre et des pierres, ou est-elle plutôt le fruit d’une interaction entre le peuple et les responsables en vue d’une vie digne et libre ? Qui vous a faits rois ? Qui a dit que la vie du peuple vous appartient, que vous êtes les seuls à pouvoir exprimer l’avis du peuple, et que vous seuls avez le droit de décider ? Ne voyez-vous pas que le peuple se lamente du fait du diktat que vous lui imposez et du fait que vous adoptez d’une manière unilatérale des attitudes que vous prétendez être en sa faveur alors qu’il les rejette ? Ne sentez-vous pas qu’un sentiment d’amertume et de désespoir s’est emparé du peuple ? N’avez-vous pas entendu le slogan “kafa” (assez) repris par les jeunes et les moins jeunes ? » Gebran était croyant et pouvait aller de l’avant dans ses convictions jusqu’à la mort, a poursuivi Mgr Audeh, avant de conclure que « certains sacrifient leur vie pour leur patrie, d’autres sacrifient leur patrie pour vivre eux-mêmes ». De son côté, la fille du député disparu, Michèle Tuéni, a prononcé une courte allocution de circonstance dans laquelle elle a notamment évoqué une citation du poète Gibran Khalil Gibran qui avait mis en garde contre le sort que subirait une nation au sein de laquelle « chaque tribu constituerait une nation ». Mlle Tuéni a appelé dans ce cadre à la concrétisation du serment qu’avait lancé son père lors de la révolution du Cèdre, lorsqu’il avait appelé chrétiens et musulmans à s’engager à sauvegarder la patrie libanaise. Et d’implorer le Tout-Puissant à faire en sorte que les jeunes sortent de leur léthargie. En conclusion, Mlle Tuéni a évoqué la mémoire du général François el-Hajj tué hier dans un attentat à Baabda. May MAKAREM
«Il faut défier l’avenir si l’on ne veut pas être réduit à le redouter », disait Duhamel.
Comme un coup de pied balancé à la face des forces maléfiques qui endeuillent le pays depuis deux ans et demi, et qui l’ont plongé encore hier dans la désolation, après l’attentat perpétré contre le général François el-Hajj, la famille et les amis de Gebran Tuéni sont...