Une délégation du Courant patriotique libre (CPL, aouniste) a réitéré vendredi son appel à renvoyer les migrants et réfugiés syriens au Liban vers leur pays d'origine, lors d'une réunion avec le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, mettant en garde contre une volonté de « remplacer les Libanais » par les réfugiés syriens, selon un communiqué publié par l'Agence nationale d'information (ANI, officielle).
La formation de Gebran Bassil, qui a fait de la présence des réfugiés et migrants syriens au Liban son cheval de bataille, dit avoir interrogé le chef du gouvernement à propos d'un programme d'aide d'un milliard d'euros promis la semaine dernière au Liban par l'Union européenne (UE) et soupçonné par certains, dont le CPL, de faire office de «pot-de-vin» pour que le Liban maintienne le million et demi de Syriens (selon des chiffres officiels) sur son territoire.
« Nous nous sommes enquis auprès du Premier ministre à propos du don européen. Il a indiqué qu'aucun accord n'a été conclu, aucun papier n'a été signé, et qu'il s'agit uniquement d'une annonce européenne à propos de ce don », indique un communiqué du CPL. La délégation aouniste a par ailleurs dit craindre « que le don européen ne soit une manière de garder les déplacés (au Liban) et de retarder leur retour en Syrie ». Elle a par ailleurs appelé à ce que les aides qui pourraient être remises au Liban servent à « aider les Syriens à rentrer chez eux », et mis en garde contre une volonté de « remplacer les Libanais (par les Syriens), en écartant les Libanais et en les poussant à émigrer ».
Les fonds promis par l'UE, qui devraient être progressivement débloqués jusqu'en 2027, doivent être attribués à toute une série d'acteurs responsables de la gestion de la présence des réfugiés syriens, dont le nombre était estimé par le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) à 779.645 personnes en mars 2024. À noter que leur enregistrement n'est plus effectué par l'agence de l'ONU depuis mai 2015 à la demande des autorités libanaises.
Lors d’une interview accordée mercredi à la chaîne pro-russe Russia Today, M. Bassil a estimé que « la solution (à la crise migratoire, NDLR) n’est pas de soutenir l’armée libanaise pour lutter contre l’émigration vers l’Europe, mais d’aider à renvoyer les migrants en Syrie ».