Des ors de l'Elysée au Danube, des tensions avec l'UE sur le commerce et la guerre en Ukraine à la "bromance" avec les dirigeants serbe et hongrois, le président chinois Xi Jinping boucle vendredi sa tournée européenne.
Un accueil royal
Pour son premier voyage en Europe depuis 2019, il a eu droit à tous les égards. A Paris d'abord. Accueil lundi en fanfare aux Invalides, tapis rouge et banquet à l'Elysée: Emmanuel Macron a choyé son hôte, organisant le lendemain une escapade "personnelle" dans un coin des Pyrénées, où il passait enfant ses vacances. Flocons de neige, danses traditionnelles et cadeaux du terroir: la séquence a semblé ravir Xi Jinping et son épouse Peng Liyuan.
A Belgrade ensuite, le chef d'Etat chinois a été accueilli sur le tarmac par son homologue serbe Aleksandar Vucic, qui a multiplié les marques d'"amour" et de respect". Ultime étape, la Hongrie, meilleure amie de la Chine dans l'UE. Au programme, cérémonie militaire, dîner de gala et longues discussions au monastère des Carmélites, la résidence du Premier ministre Viktor Orban avec vue sur le Danube.
"Pour Xi, c'était un bon voyage" qui l'a replacé au centre de l'attention internationale, commente Bernhard Bartsch, spécialiste des relations sino-européennes au groupe de réflexion Merics basé à Berlin, évoquant "une démonstration de force".
"En France, les images dans les médias ont renvoyé l'image pour son public d'un dirigeant mondial respecté", dit-il à l'AFP. Puis en Serbie et en Hongrie, il a signalé l'ambition de la Chine de "changer l'ordre international", en appuyant "les deux gouvernements qui posent le plus grand défi à l'unité européenne".
Mais "pas de percée"
"Pas de quoi crier victoire" cependant, selon l'analyste Ja Ian Chong, de l'université de Singapour. "Il n'y eu aucune percée", commente-t-il, alors qu'Emmanuel Macron avait convié à Paris la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen pour afficher leur fermeté commune face aux tensions commerciales. A voir si "cela débouchera à terme sur un engagement clair et persistant de la part de l'Europe de ne pas prendre de mesures concernant les accusations de surcapacité et de concurrence déloyale".
L'UE a multiplié ces derniers mois ses enquêtes sur les subventions étatiques chinoises à plusieurs secteurs industriels, notamment aux véhicules électriques. En retour, Pékin taxe Bruxelles de "protectionnisme". De même en célébrant son "partenariat stratégique global" florissant avec la Hongrie, pas sûr qu'il ait convaincu les autres pays de l'UE pour qui "les gains matériels" ne "sont pas toujours la priorité", note Ja Ian Chong.
"Ce voyage n'aura guère contribué à améliorer la confiance de l'Europe envers Pékin", confirme Rory Medcalf, directeur du Security College à l'Université nationale d'Australie. D'autant que M. Xi a évité les grandes capitales, comme Berlin et Bruxelles, préférant se rendre à Belgrade et Budapest, voix marginales en Europe, notamment sur les liens avec Moscou.
Statu quo sur le dossier ukrainien
A ce sujet, il a appelé publiquement, de concert avec Emmanuel Macron, "à une trêve dans le monde entier à l'occasion des Jeux olympiques de Paris" du 26 juillet au 11 août. Mais le président chinois n'a pas transigé sur son droit, dit-il, de renforcer les relations, notamment commerciales et militaires, de son pays avec la Russie. Il a ainsi appelé à ne pas "salir" la Chine sur le dossier ukrainien, insistant sur le "rôle positif" de Pékin pour trouver une solution pacifique, avec par exemple un émissaire qui vient d'achever jeudi une nouvelle tournée diplomatique.
La superpuissance asiatique, qui se présente comme neutre, appelle à respecter l'intégrité territoriale de tous les pays - sous-entendu Ukraine comprise - mais n'a jamais publiquement condamné l'invasion russe. Signe de la solidité des liens Pékin-Moscou, le président russe Vladimir Poutine se rendra en Chine plus tard en mai.
"M. Macron et Mme von der Leyen ont certes clairement fait valoir le point de vue européen, mais rien n'indique que la position chinoise va fondamentalement changer", souligne M. Bartsch. Surtout que le voyage s'est conclu par un satisfecit de Viktor Orban, lui-même proche du Kremlin, qui a salué les efforts cruciaux de la Chine pour "promouvoir la paix dans la région".
Des ors de l'Elysée au Danube, des tensions avec l'UE sur le commerce et la guerre en Ukraine à la "bromance" avec les dirigeants serbe et hongrois, le président chinois Xi Jinping boucle vendredi sa tournée européenne.
Un accueil royal
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