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Encore une fois le cauchemar

Comment te nommer Liban, Comment ne pas te nommer Andrée CHEDID Je ne peux contenir ma douleur et mon indignation face à la situation critique de mon pays et la discorde qui y règne entre ses fils. La peur des chrétiens du Liban est justifiée, la myopie politique des maronites ayant dépassé toutes les limites. Des échéances sérieuses, des solutions pressantes pour la survie et l’existence même du Liban ne semblent pas secouer ces représentants du peuple. Rien ne semble les pousser à surmonter leurs divisions, chacun ne songeant qu’à son ego et ses intérêts personnels. Comment avons-nous fait pour en arriver à ce degré de nonchalance, de haine et de légèreté ? Pourquoi les autres religions sont-elles solidaires entre elles, et s’entraident-elle sérieusement à travers le monde ? Que de vies humaines et de positions auraient pu être sauvées, si on avait cherché plus tôt les vraies raisons des échecs et des erreurs commis tout au long des trente années passées. Une attente longue et houleuse, des générations perdues, rien n’a pu intimider les responsables tout au long des misères de ce temps, rien ne les a découragés ou écartés de leurs places malgré leur inefficacité. L’Église maronite ne s’est pas directement impliquée pour les unifier, pour les obliger à affronter les tensions existantes, pour éviter la marginalisation et l’humiliation du peuple qu’ils représentent. Ce fut toutefois des réactions hésitantes, des interventions pesées et étudiées, craignant de fâcher ou vexer des représentants chrétiens. Ce fut une politique à la manière de Ponce Pilate, des actes accomplis sans conviction pour répondre aux demandes étrangères et non pas pour imposer l’autorité nécessaire à l’amélioration de la dégradation civique des chrétiens. Les chrétiens connus pour leur hospitalité, leur cordialité et leur générosité, manquaient d’opportunités de travail et leurs souffrances empiraient au fil des jours. Tout au long de ces longues années de guerre, nul ne leur avait tendu la main. L’éducation de leurs enfants, les frais scolaires et médicaux restaient à leurs charges. Leur vie ne manquait pas d’embûches, on assistait souvent, dans certaines écoles privées, à des mises à la porte d’élèves dont les parents n’avaient pu régler les frais de scolarité. Pis encore, les soins médicaux étaient refusés aux malades n’ayant pas de garanties bancaires, des malades succombaient donc à leurs blessures aux portes des hôpitaux, faute de soins vitaux. Les familles nombreuses faisaient l’impossible pour se soutenir entre elles, pour s’entraider dans les moments difficiles. Pour d’autres, l’émigration était lourde à supporter : trop d’humiliations aux portes des consulats. « Vendez ce que vous possédez et donnez-le en aumône. Faites-vous des bourses inusables, un trésor inaltérable dans les cieux ; là, ni voleur n’approche ni mite ne détruit. Car, où est votre trésor, là aussi sera votre cœur » (Mt 6.19-12). Les chrétiens luttaient encore et encore dans la prière, la tête haute, le cœur grand, une force céleste guidait leurs pas, les poussait à surmonter leurs difficultés. Mais ce peuple qui souffre tous les jours pour garder sa dignité en l’absence de toute miséricorde, que celle de Dieu Lui-même, est déçu. Ce peuple qui continue à surmonter les difficultés, à travailler dur, a droit à la vie paisible Ce peuple qui se force à vivre dignement, ayant toujours dans le cœur la force de la foi et de l’espoir, a droit à une retraite respectable. Ce peuple n’a pas eu le temps en ces jours de misère de se poser trop de questions, de mettre en cause l’absence de l’État, l’abus des pouvoirs, le manque de conscience dans tous les domaines. Pourquoi ce silence, cette indifférence de la part des autorités, toutes les autorités ? Et pourtant, les principes fondamentaux du christianisme sont nobles. Être chrétien, comme on nous l’a si bien appris et nous le croyons avec force, c’est aimer sans retour, c’est se donner sans limites au prochain, c’est l’aimer plus que soi-même, c’est pardonner et tendre la joue gauche à celui qui nous fait mal, c’est le sacrifice, le dévouement, les bonnes actions. « L’homme, écrivait Jean-Paul II, ne peut vivre sans amour, s’il n’en fait pas l’expérience, s’il ne le fait pas sien, s’il n’y participe pas fortement. » Aujourd’hui, devant la volonté internationale de mettre fin à ce dilemme, le monde entier nous regarde et il assiste à des hésitations, à des comportements inquiétants. Comme s’il était encore temps de perdre le temps, comme si l’on avait le droit de prendre son temps pour faire passer le dernier laps de temps, la dernière échéance. Le problème, c’est que personne n’est en train d’agir par amour pour le Liban, pour la prospérité du Liban, pour le bien des chrétiens du Liban. Et pourtant, si un jour les chrétiens du Liban, à Dieu ne plaise, devraient s’en aller faute de places pour tous, en raison de mauvaises conditions de vie, il serait alors trop tard pour réaliser que leur pays ne leur appartient plus, pour constater qu’on le leur a habilement dérobé, qu’ils l’ont eux-mêmes saccagé par leur propre faute, pour cause de trop de légèreté, par manque de clairvoyance. Les responsables, politiques et autres, qui les représentent seraient hélas les premiers à déserter. Ces responsables n’auraient plus de raison d’être, d’exister ; ils ne représenteraient plus personne. Ce jour maudit, il n’y aurait plus de merci, de clémence ni même d’indulgence, il n’y aurait surtout plus place pour les remords, les lamentations ; il serait tout simplement trop tard. Mais si, par miracle, tous décidaient de modifier leur comportement et leur ordre de priorités pour trouver la force et la vigueur de faire face aux coups du destin ; si tous les chrétiens du Liban réalisaient enfin l’ampleur de la responsabilité qui leur est confiée, s’ils recherchaient leur bonheur collectif main dans la main, en regardant dans la même direction, vers l’avenir de leurs petits-enfants, alors tout serait à nouveau possible. Ils arriveraient alors à s’imposer, à s’enraciner pour de bon dans cette terre comme les cèdres millénaires, et leur identité serait sûrement retrouvée, celle du Liban aussi. Oui à une assemblée chrétienne pour serrer les rangs, sans intrus, sans chaperons, sans témoins. Une assemblée générale qui permettrait à cette noble communauté de remonter la pente, de mettre fin aux conflits avec la force de l’amour que Dieu a mis dans leurs cœurs. Notre bonheur ne dépend que de nous, il faudrait surtout savoir saisir notre chance. Mieux vaut tard, au dernier quart d’heure, que jamais. L’entente au Liban, comme l’a si bien dit Michel Chiha, est le bilan de l’équilibre régional et international. Andrée SALIBI
Comment te nommer Liban,
Comment ne pas te nommer
Andrée CHEDID

Je ne peux contenir ma douleur et mon indignation face à la situation critique de mon pays et la discorde qui y règne entre ses fils. La peur des chrétiens du Liban est justifiée, la myopie politique des maronites ayant dépassé toutes les limites. Des échéances sérieuses, des solutions pressantes pour la...