Il y a vingt ans, éclatait la première intifada

Il y a vingt ans, le 9 décembre 1987, éclatait la première intifada, le soulèvement populaire palestinien, qui, au bout de six années d’affrontements, allait aboutir à la reconnaissance mutuelle entre Israël et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). C’est un accident dans la bande de Gaza, le 8 décembre 1987, qui met le feu aux poudres : un chauffeur de camion israélien heurte une semi-remorque, tuant quatre résidents du camp de réfugiés de Jabaliya, dans le nord de la bande de Gaza. Des manifestations violentes éclatent dans la nuit dans le camp, alimentées par la rumeur – fausse – selon laquelle le conducteur a délibérément provoqué l’accident pour venger la mort d’un proche tué dans un attentat. Les forces d’occupation israéliennes, prises par surprise, sont débordées, mais l’état-major s’abstient d’envoyer des renforts en nombre suffisant. Mal préparés à des tâches de maintien de l’ordre, les soldats ripostent aux jets de pierres et de bouteilles incendiaires par des tirs à balles réelles. Le gouvernement israélien s’empresse d’accuser la Syrie, l’Iran et l’OLP d’être à l’origine des troubles. En réalité, l’intifada est un mouvement populaire exprimant la frustration des Palestiniens de l’intérieur après 21 ans d’occupation, et le soulèvement surprend la direction de l’OLP à Tunis. En six ans, quelque 1 200 Palestiniens perdront la vie et quelque 150 Israéliens seront tués, pour la plupart vers la fin de l’intifada, après un durcissement du soulèvement sous l’impulsion d’organisations intégristes comme le mouvement de résistance islamique Hamas, tout juste créé, et le Jihad islamique. Une seconde intifada beaucoup plus meurtrière, « l’intifada al-Aqsa », marquée par des attentats-suicide en Israël et des attaques armées contre des militaires ou des colons en territoires occupés, éclate le 28 septembre 2000. Dans ce contexte, ce vingtième anniversaire de la « révolte des pierres » est passé pratiquement inaperçu chez les Palestiniens.