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Actualités - CHRONOLOGIE

SPECTACLE - « Axis of Evil Comedy Tour » au Casino du Liban jusqu’à demain samedi Pour le meilleur et pour le rire

Pour les trois talentueux membres du Axis of Evil Comedy Tour, le rire est incontestablement une arme de persuasion et de dissuasion massive. Les Américains Ahmed Ahmed, Aron Kader et Maz Jobrani sont respectivement d’origine égyptienne, palestinienne et iranienne. Aux States, à cause de leur descendance, de leur côté « basané de la chose » et de leurs patronymes, of course, ils sont sujets, au quotidien, à des remarques ethniques, à une discrimination raciste et à des arrestations tous azimuts dans les aéroports. Outre-atlantique, on appelle cela le « racial profiling ». Pour désamorcer le stéréotype de « vilains » qui leur est accolé depuis le 11-Septembre, ils ont devisé une stratégie diabolique. Leur complot : pulvériser les clichés, abattre les murs et…construire des ponts. Le meilleur arsenal pour briser la glace : l’humour. C’est ainsi qu’après avoir fait leurs preuves dans une arène de choix, les Comedy Clubs des USA, ils se sont embarqués dans une tournée (produite par Showtime Arabia) qui les a mené tout droit dans la région qui abrite l’axe du mal. Après Amman, Dubaï, Le Caire, ils débarquent au pays du « Hi, kifkon, ça va ? des belles femmes et des voitures qui slaloment sur les autoroutes », comme ils disent. « Votre pays n’a pas de président, mais vous faites quand même la fête ! » s’est exclamé Maz le Persan qui fait miaou. « Avez-vous jamais entendu un Arabe affirmer qu’il ne veut pas parler, qu’il ne veut pas donner son avis, mais qu’il est là pour écouter seulement ? » interroge pour sa part Aron Kader en épinglant les leaders palestiniens dans les talks-shows sur CNN en face-à-face à un Israélien. « Mon nom est Ahmed Ahmed (prononcez Akhmed Akhmed) et je peux vous dire que ce n’est pas la bonne période pour être un Arabe aux États-Unis. En déclarant la guerre à l’axe du mal, George W. Bush, notre bien-aimé satanique leader, nous a fourni l’opportunité de devenir célèbres dans le monde entier », ricane l’humoriste d’origine égyptienne. On l’aura compris, le trio joue des décalages culturels. Des petits arrangements de mots compacts comme des missiles, pointus comme des flèches, faits pour percuter les crânes... Et la salle comble du théâtre du Casino du Liban d’exploser dans tous les sens. Le public est touché en plein cœur. Les maîtres et les pionniers On sait que l’humour est anglais de naissance. Mais, dès 1762, Voltaire fait observer que les Britanniques utilisent ce mot « qu’ils prononcent “youmor” » et « croient qu’ils ont seuls cette humeur, que les autres nations n’ont point de terme pour exprimer ce caractère d’esprit » qu’ils ont breveté, dès le début du XVIIIe siècle, par la voix de Laurence Sterne, l’auteur du chef-d’œuvre de la littérature anglaise, Tristram Shandy (1759-1767), ou de Jonathan Swift, le père de Gulliver. Pionniers, les Anglais sont encore aujourd’hui considérés comme des maîtres du genre. Mais l’art consommé de la vanne revient sans doute aux Amerloques qui le pratiquent dans les Comedy Clubs. Ils ont bien inventé le stand-up comedy (« ceux qui tchatchent debout », comme l’a si bien traduit Jamel Debbouze). Alors Kesaco ? D’abord, comme son nom l’indique, le stand up se pratique debout, micro à la main. Ensuite, il ne consiste pas à aligner des sketches comme on enfilerait des perles, ne contient pas de personnages comme dans les one-man-show traditionnels, mais prend plutôt l’allure d’une discussion. L’humoriste s’adresse à son public de façon informelle, le prend à partie, l’apostrophe – gare aux retardataires, bavards, tousseurs et autres distraits ! – et lui raconte des histoires brèves. La vie, les filles, la société, la famille, il y parle de tout, et surtout de lui. S’il est métissé, l’artiste de stand up brocarde précisément blacks, blancs, beurs, mais aussi homos et hétéros pour, in fine, prôner la tolérance. Sous l’impro apparente, une plume affûtée et une technique redoutable pour permettre à des jeux de mots et des rafales de vannes de faire mouche. Ça ne marche pas à tous les coups... L’artiste, tel un gladiateur dans l’arène – en moins violent, quand même ! – est un peu à la merci de son public. Son succès dépend notamment de sa spontanéité et de son répondant, de sa capacité à réagir à un raté, du tac au tac. Après Richard Pryor, Eddie Murphy, Jerry Seinfeld et Adam Sandler, ces papes de l’humour caustique et désespérément mordant venus de blacks ou de juifs, les Axis of Evil jouent les précurseurs dans la catégorie « humour d’origine moyen-orientale ». À la question : « Peut-on rire de tout ? » l’humoriste français Pierre Desproges répondait, de façon presque définitive : « On peut rire de tout, oui, mais pas avec n’importe qui. » La question, qui fleure bon la dissertation de philosophie, est parfaitement « posable » dans le cas des Axis of Evil. Les vannes qu’ils lancent sont en effet digestibles tant qu’elles viennent de personnes d’origine moyen-orientale.Question d’origine, mais aussi et surtout question d’intention. Car ces humoristes sont à la recherche permanente d’une forme d’humour universelle et partageuse. Une envie de ne pas exclure, de considérer l’humour comme un acte rassembleur. La formule est efficace. Cela fait du bien aux zygomatiques. Maya GHANDOUR HERT
Pour les trois talentueux membres du Axis of Evil Comedy Tour, le rire est incontestablement une arme de persuasion et de dissuasion massive. Les Américains Ahmed Ahmed, Aron Kader et Maz Jobrani sont respectivement d’origine égyptienne, palestinienne et iranienne. Aux States, à cause de leur descendance, de leur côté « basané de la chose » et de leurs patronymes, of...