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Actualités - REPORTAGE

REPORTAGE Le devoir de vengeance d’un père irakien

Depuis la mort de Fouad, il y a deux ans, son père n’a qu’un seul but : le venger Le jeune homme de 20 ans a été enlevé, torturé et tué par un escadron de la mort, à Bagdad. Et son père brave l’inertie de la police, le poids de la tradition et les menaces de mort pour démasquer ses assassins et les punir. « Je ne laisserai jamais ces criminels en paix, assure Abou Fouad, même si je dois y passer le reste de ma vie. » La mort de Fouad, passionné de football, et la rage de son père, un simple fonctionnaire chiite de 52 ans, sont exemplaires du cycle tragique de meurtres et de vengeances qui a déjà coûté la vie à des dizaines de milliers d’Irakiens. « C’était au milieu du mois d’octobre 2005. Mon fils a reçu un appel sur son portable. Il est sorti de la maison, et n’est jamais revenu », explique à l’AFP cet homme, les yeux gris voilés de tristesse. Ce n’est que seize mois plus tard qu’Abou Fouad retrouvera la dépouille mortelle de son enfant, dans le cimetière de Najaf, à 160 km au sud de Bagdad. « Sa mort a été horrible. Il a été brûlé et mutilé. Je l’ai reconnu à son survêtement de sport », explique le père. Dès la disparition de son fils, Abou Fouad s’est mis à sa recherche. « J’ai demandé à ses amis, à notre famille, mais personne ne savait rien. » Puis il a prévenu la police, mais sans attendre qu’elle fasse la lumière sur un cas de disparition parmi tant d’autres. Il s’est alors transformé en véritable justicier. « J’ai retrouvé le jeune homme qui avait appelé mon fils. Je l’ai suivi, puis j’ai demandé l’aide de ma famille, et nous l’avons enlevé. » Le jeune prisonnier d’Abou Fouad avoue alors qu’il a confié son téléphone à un officier de police. « J’ai appelé le chef de la tribu de ce capitaine et je lui ai expliqué la situation. Nous avons décidé de nous rencontrer. Mais il n’est pas venu et m’a envoyé des émissaires. Ils m’ont demandé d’accepter de l’argent. » Abou Fouad refuse et va poursuivre son enquête. Bientôt il découvre que le capitaine en question fait partie d’une escouade de tueurs qui comprend trois frères – deux capitaines et un simple policier – et deux de leurs parents. « J’ai relâché le jeune homme, et j’ai demandé que ces hommes soient arrêtés. Mais la police n’agit pas contre les siens », poursuit-il. Depuis le début du déchaînement de violence en Irak, des services de sécurité où prédominent les chiites sont accusés de mener une campagne de terreur contre les sunnites. Le meurtre de Fouad montre comment cette violence s’abat sans distinction, et fait soupçonner l’existence de tueurs stipendiés décidés à exciter les haines communautaires. « Les tueurs se sont inquiétés et ils ont demandé l’intervention des chefs tribaux, mais je leur ai fait savoir que je les traquerai, et que je ferai justice moi-même s’il le faut. » Abou Faoud a reçu des menaces de mort, mais cela ne l’a pas détourné de son objectif. « Je suis prêt à sacrifier ma vie », assure-t-il. Les chefs traditionnels à qui des détails sont parvenus à travers l’opaque système de communication tribale ont fait savoir que Fouad avait été tué le lendemain de son rapt, et que son corps avait été jeté dans un fossé d’irrigation de Bagdad. Mais pour Abou Fouad, avoir fait le deuil de son fils n’a pas étanché sa soif de justice. Un des membres de l’escadron de la mort a été tué dans une explosion, un autre a été arrêté mais a pu s’échapper. « Je les trouverai, assure-t-il. Et avant de les punir je leur demanderai pourquoi ils ont tué mon fils. C’était juste un jeune homme qui aimait jouer au football. » Karim AMMAR (AFP)
Depuis la mort de Fouad, il y a deux ans, son père n’a qu’un seul but : le venger
Le jeune homme de 20 ans a été enlevé, torturé et tué par un escadron de la mort, à Bagdad. Et son père brave l’inertie de la police, le poids de la tradition et les menaces de mort pour démasquer ses assassins et les punir. « Je ne laisserai jamais ces criminels en paix, assure Abou...