Marcus Grönholm, un seigneur s’éloigne

Marcus Grönholm est parti à la retraite sans tambour ni trompette, dimanche soir dans la nuit galloise, avec dans les poches de sa combinaison une 2e place au rallye de Grande-Bretagne et un titre de vice-champion du monde des rallyes, pour la deuxième fois. Hasard des chiffres, il avait déjà gagné deux fois le fameux RAC (2001, 2006) et conquis deux fois ce titre de champion du monde (2000, 2002) qu’il a disputé jusqu’au bout, cette année, en vain, à l’insatiable Sébastien Loeb. Et comme consolation il vient d’apporter deux titres constructeurs d’affilée à Ford chez qui il était arrivé en 2006. À 39 ans, Grönholm retourne à Inkoo pour retrouver sa ferme, sa femme et ses trois enfants. Ce week-end dans les forêts galloises, une quinzaine d’amis et voisins se baladaient le long des spéciales, puis dans les pubs, avec un drapeau aux couleurs du village de Marcus. « C’est sa dernière course, donc on se devait d’être là », a dit Kary, venu avec son fils Wille, dont la ferme se trouve à deux kilomètres de celle de Marcus. Un peu plus loin, il y a un centre commercial – The Strand – dans lequel ce père de famille tranquille – sauf quand il pilote une voiture de rallye – a investi une partie de ses salaires de pilote. À ses côtés dans le baquet de droite, Grönholm comptait depuis 1995 sur son copilote devenu beau-frère, Timo Rautiainen. La carrière de Marcus a eu du mal à démarrer – 25 rallyes WRC en dix saisons – puis la première victoire est arrivée (Suède 2000) dans une Peugeot 206 WRC. Une manière de remercier Jean-Pierre Nicolas qui l’avait repéré et embauché à la surprise générale. Après, il y a eu d’autres victoires – dont 7 en Finlande, record absolu – et surtout deux couronnes mondiales, malgré de nombreux cartons mémorables. La 30e et dernière victoire, c’était fin août en Nouvelle-Zélande : 3/10es d’avance sur Loeb au bout d’un rallye d’anthologie, à l’image de cette saison 2007 qui rentrera sûrement dans les annales du rallye. L’ancien espoir du motocross finlandais quitte le petit monde du WRC où il a donc gagné 30 rallyes sur 150. « Tu vas beaucoup nous manquer, pour tout ce que tu as apporté à notre équipe. Tu peux revenir quand tu veux, il suffit de venir frapper à ma porte », a dit Malcolm Wilson, le patron de M-Sport. « Pour le moment, ce n’est pas à l’ordre du jour », a répondu Grönholm un peu plus tard, entre deux bouchées d’un hamburger bien mérité. Puis il est parti prendre son avion pour rentrer en Finlande. Le grand Marcus s’est éloigné et Loeb a perdu un rival d’exception, un pilote immense.