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Actualités - CHRONOLOGIE

VERNISSAGE - Alain Tasso expose à partir de demain, mercredi 5 décembre, à la librairie Antoine - Achrafieh Dialogue entre iconographie et linguistique

La lettre, du bout de sa plume, devient, au gré de son inspiration, mot, rime, tache ou tableau. Elle est à chaque fois le début et la fin, le noir et le blanc, la déchirure et l’abandon, la guerre et la paix, le cri puis le silence. L’espace de vie et de création où les concessions n’existent pas, ni les demi-mesures. Juste des noirs qui se superposent, se joignent puis se quittent. Qui s’enchevêtrent et se complètent, pour se transformer en lignes, formes et poèmes... Alain Tasso, poète franco-libanais, peintre, critique, professeur d’esthétique à l’USJ, fondateur, directeur et coordinateur des cahiers littéraires et artistiques Péristyles, auteur de plus de dix recueils, est passé de l’écriture mystique, expressionniste, à une écriture de grande densité, faisant de lui une figure de la poésie libanaise... Personnage presque théâtral, respecté ou critiqué, personnage bavard qui dérange, provocateur, « pour révéler un monde meilleur », qui dit tout haut ce que beaucoup pensent en silence. Qui, comme une tempête dans un quotidien trop lisse, se bat, Don Quichotte révolté contre les maux du siècle, « la médiocrité et l’inculture, et une société de consommation engluée par l’urgence de l’apparence ». Et qui, à peine entré dans la page blanche, dans la toile vierge, laisse tomber sa colère pour se noyer dans un silence ouaté, nuancé et presque doux. Trêve de courte durée... « Je travaille pour créer un langage nouveau calligraphique qu’on peut ne pas aimer, ce n’est pas grave, c’est authentique. J’écris en respectant les valeurs continentales de la langue française. » Exposition mise en scène Applaudi par ses compatriotes français, décoré des insignes de chevalier des Arts et des Lettres par le gouvernement français en 2005, Dominique de Villepin lui écrira : « Le monde actuel, plus que jamais, a besoin d’artiste aussi complet et talentueux que vous pour porter haut les couleurs de la poésie. » C’est donc à la librairie Antoine-Achrafieh, espace de lecture, de culture, où les essais côtoient les romans, où l’écrit effleure la poésie, qu’Alain Tasso a choisi de réunir ses œuvres et de les exposer, à partir de demain, 5 décembre, et pour un mois. « Je mets en scène un nombre d’œuvres plastiques, explique-t-il, afin de créer un dialogue fertile entre l’iconographie et la linguistique et, par là-même, offrir au lecteur un seuil de réflexion à partir d’une série de prolégomènes qu’il devra déployer à travers sa sensibilité. On peut dire dans ce genre de langage qu’on lit un tableau et qu’on regarde un poème. » Encres, recueils de poésies, huiles, calligraphies, livres d’artistes, papiers et tirages de tête seront donc les invités d’honneur de ce rendez-vous à la fois artistique et intellectuel. Un travail de bibliophilie inédit au Liban, où les « lecteurs » de Tasso pourront retrouver les talents graphiques et poétiques de l’artiste pour qui, in fine, tout devient poème. « Voici des œuvres vivantes pour l’intemporel, bien loin des vacarmes de la littérature quotidienne devenue, bien malheureusement, une simple abréaction, redondance engluée par l’immédiateté de l’apparence. » Duos complémentaires, dessins et poèmes s’installent, côte à côte, pour révéler la transparence ou l’opacité, le clair ou l’obscur, le possible et l’impossible, le lien ou la rupture, la nuit ou le jour, le noir de lumière. Pour qu’enfin, « le visuel et le senti confondent leurs divergences »... « La poésie moderne, conclut Tasso, comme une affirmation de plus clamée haut et fort, ne cherche pas à se faire comprendre, mais à créer une émotion, un émerveillement. Elle se porte bien, c’est le monde qui va mal. » Carla HENOUD
La lettre, du bout de sa plume, devient, au gré de son inspiration, mot, rime, tache ou tableau. Elle est à chaque fois le début et la fin, le noir et le blanc, la déchirure et l’abandon, la guerre et la paix, le cri puis le silence. L’espace de vie et de création où les concessions n’existent pas, ni les demi-mesures. Juste des noirs qui se superposent, se joignent puis se quittent....