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VIOLON D’INGRES Le « bonheur » de peindre du Dr Haroutioun Nicolian

Quel rapport entre un stéthoscope et un pinceau, entre la morphine et un chevalet, entre une auscultation médicale et une passion picturale ? De toute évidence, aucun si ce n’est l’élan pour la vie… Élan diversement exprimé. Il y a des rêves tenaces dont on ne se débarrasse jamais. Et c’est tant mieux. Ce chaleureux compagnonnage permet des moments d’exaltation, d’évasion et de plénitude, pour mieux affronter tous les pièges et les adversités d’une existence humaine. À soixante-deux ans, en dépit d’une activité professionnelle médicale toujours intense, Haroutioun Nicolian n’a pas cédé un iota de sa dévorante passion pour peindre. « Le bonheur », dit-il, avec des yeux scintillants, en parlant de l’art de manier les couleurs, les espaces et les volumes. Flash-back sur un besoin de s’exprimer qui a exigé, péremptoire, droit de cité dès l’enfance ! Tout d’abord, sans lésiner sur le temps ni le labeur investis, études en Arménie, pour le serment d’Hippocrate. Ensuite, pour mieux asseoir cette vocation médicale adroitement menée à bon port, six ans de séjour à Londres pour une spécialisation en anesthésie. Voilà Haroutioun Nicolian bardé de diplômes on ne peut plus sérieux et redoutables. Mais en secret, par-delà cet intense labeur pour une des professions les mieux considérées, se tapit le rêve secret d’un enfant porté à la poésie, à la musique, à l’histoire, à la peinture. Plus de 1000 toiles et des expositions… Petits poèmes écrits à l’ombre du lyrisme de Siamento, admiration sans frein pour les œuvres de Nietzsche et de Kafka, rencontre et amitié avec Henry Moore dans la capitale britanique (et quelques articles fort pertinents pour cerner l’inspiration du célèbre sculpteur), et un livre, à l’influence déterminante, de Zekharia Sitchin (Les douze planètes) où, depuis 3 600 ans, revivent toutes les civilisations, pour voler tous les instants de liberté et… peindre ! Le pinceau, les couleurs, la toile et le chevalet, voilà les éléments indispensables pour une parfaite harmonie. Et pour couler des moments heureux ! En autodidacte inspiré, le médecin sonde patiemment la blancheur des toiles… Le docteur Haroutioun Nicolian se transforme, au fil du temps, en un laborieux peintre (plus de 1 000 tableaux à son actif et des expositions qui orneront les cimaises des galeries de New York, São Paolo, Montréal, Toronto et Beyrouth) dont les toiles portent la signature de… Arthur Kaprielli ! « C’est le nom de mon père », confie-t-il en riant un peu comme d’une farce enfantine. Et d’ajouter : « Oui, je suis autodidacte. Cela se comprend à mon emploi des couleurs… Je n’ai aucun complexe à transgresser tous les interdits académiques pour les mélanges les plus inédits… D’ailleurs, je ne travaille pas l’huile, car je n’ai pas la patience d’attendre qu’elle sèche ! J’utilise plutôt l’acrylique qui épouse plus facilement mon tempérament et mon impatience à voir une œuvre éclore… J’ai commencé à peindre en quelque sorte à la manière de Picasso, puis j’ai flâné dans mon inspiration du côté de Chafic Abboud et, de l’abstraction, j’ai évolué aujourd’hui vers le monde phénicien où je ressuscite des figures d’autrefois, Élissa, entre autres… » Les anciennes demeures libanaises, avec leurs arcades et leur « mandaloun », le fascinent. Sur des azurs immuablement bleus, elles fleurissent et se prélassent, ces demeures souriantes à l’architecture florentino-vénitiennes, à longueur de toiles. Tout comme l’histoire des Phéniciens et une civilisation dont il n’a pas fini de découvrir, avec une savoureuse gourmandise, tous les détails. Surtout les détails de ses figurines, ses masques, ses stèles, ses hiéroglyphes. En regardant ses nombreuses toiles, soigneusement rangées, dos aux murs, dans un spacieux atelier aux grandes baies vitrées où s’engouffre généreusement la lumière, Arthur Kaprielli a un regard protecteur et bienveillant pour ses « créatures ». Dans ce regard empreint de complicité et de tendresse, il murmure, avec un grain d’amusement et de fierté : « Il n’y a pas un pays où je n’aie pas un tableau… Même en Chine où j’ai des amis. Mes tableaux sont toujours des cadeaux à ceux que j’aime… » Edgar DAVIDIAN
Quel rapport entre un stéthoscope et un pinceau, entre la morphine et un chevalet, entre une auscultation médicale et une passion picturale ? De toute évidence, aucun si ce n’est l’élan pour la vie… Élan diversement exprimé. Il y a des rêves tenaces dont on ne se débarrasse jamais. Et c’est tant mieux. Ce chaleureux compagnonnage permet des moments d’exaltation, d’évasion et...