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De Dakar à Beyrouth, les quatre chevaux de bataille d‘Ibrahim el-Ali

Quatre chevaux de bataille animent Ibrahim el-Ali, Libanais du Sénégal rentré pour la 1re fois au pays il y a trois ans. Durant la guerre de l’été 2006, il a été bloqué dans son domicile à Chakra, près de Bint-Jbeil, et, fort de cette expérience, dégage depuis une énergie considérable en faveur du Liban. Il a créé ainsi une ONG, « Mawassem Khair » (Moissons de la bienfaisance), http://fondation-elali.blogspot.com, dont l’une des principales actions a été le déminage au Liban-Sud. Cette ONG a pu neutraliser jusqu’à présent 4 000 bombes, avec le concours des équipes belge et française de la Finul installées dans la région. Au cours d’une conférence à Paris, il a développé ses objectifs devant une assistance franco-libanaise émue, avec laquelle il a engagé un débat sur l’avenir des relations entre les régions en France et les municipalités au Liban. Écologie et déminage au Liban-Sud « Mon premier cheval de bataille, c’est l’écologie au Liban. La première raison, c’est que les oiseaux ne distinguent pas si un arbre est chrétien ou musulman, donc l’écologie rassemble tout le monde. J’ai une mission de planter un million d’arbres en trois ans. Mon frère Haïdar, qui est au Sénégal, est très connu dans le monde de l’écologie, puisqu’il a été cité récemment comme un des cent acteurs qui ont le plus travaillé pour la planète. Il a planté 250 000 arbres en Casamance, au sud du Sénégal. En arrivant au Liban, j’ai ressenti la nécessité de donner un sens à l’écologie. Il faut observer, tout simplement. Il faut voir la nature libanaise comment elle est. Il y a un problème d’eau au Liban, il faut le dire, et celui des guerres successives, et des feux de forêt. » Les Libanais, véhicule de la francophonie en Afrique « Les Libanais sont au Brésil, en Argentine, en Australie et partout dans le monde, mais la communauté libanaise d’Afrique, comme celle du Sénégal, en Afrique noire, est très francophone et est très porteuse de la francophonie. Chaque Libanais d’Afrique est pratiquement un ambassadeur de la francophonie. Je les vois bien quand ils reviennent en été au Liban et que leurs enfants parlent en français avec ceux de leurs villages. Et ça, la France ne l’a pas bien compris encore. Le Libanais qui parle français, il le parle dans le commerce, il le parle en pleine brousse africaine, il le parle avec ses enfants et il le parle quand il revient au Liban, il le parle partout. » Ibrahim el-Ali a déploré enfin que tous les sites officiels libanais sur Internet soient écrits en anglais et non pas en français. Aide aux services de l’État «  Je travaille sur un projet avec la Finul et une ONG française, “Pompiers de l’urgence à l’international ”. Je suis en train d’envoyer dix camions aux pompiers au Liban, et cela était prévu avant les feux qui viennent de se déclarer. Je vais essayer d’y mettre des médicaments et des produits de première nécessité, cela sera distribué dans plusieurs régions comme apport des Français. » L’intervenant a aussi constaté le manque d’ambulances au sein des municipalités et a demandé une participation financière plus forte de la population libanaise auprès des services de l’État. Le Liban, terre sacrée « Il faudrait que les descendants de Libanais d’Afrique, du Brésil, de France puissent avoir la carte d’identité, qu’ils puissent avoir le droit de vote. À ce moment, on change la donne au Liban, de façon définitive. Les Libanais de l’étranger peuvent beaucoup aider le Liban. C’est un axe de travail que je veux développer aussi. Ce qui est intéressant dans l’Afrique, c’est que le Libanais ne sent pas qu’il va y rester définitivement. Tandis que le Libanais d’Amérique, par exemple, ne se sent plus vraiment libanais. » « Le Liban, pour moi, c’est une rencontre. C’est vrai que je suis libanais, mais quand je suis arrivé au Liban, je ne parlais pas deux mots d’arabe. Je parlais wolof, le sénégalais, par cœur, le français, c’est ma langue. C’est en trois ans que j’ai appris le libanais, que je parle maintenant en vivant là-bas. Le pape Jean-Paul II l’a dit : “Le Liban n’est pas un pays, c’est un message”. Le prophète Moïse lui-même disait : “Jéhovah, laisse-moi passer de l’autre côté que je vois ce merveilleux pays, cette montagne, cette belle montagne du Liban”. C’est un rêve, vous savez, on a grandi avec ce mythe du Graal, dans toute l’histoire des Templiers, mais on ne le cherchait pas à la bonne porte. S’il y a quelque chose, s’il y a une maison qui est sacrée, c’est le Liban et ses montagnes, où il faut chercher le Graal et le tombeau de Moïse. Pourquoi ? Ce n’est pas difficile à comprendre. Il y a le mont Hermon, qui nourrit toute la région en eau. Le lait et le miel, c’est le Liban. Vous savez que dans le Coran, on parle des oliviers et des figuiers. Est-ce que vous voyez des oliviers et des figuiers à La Mecque ? C’est au Liban qu’ils se trouvent ! Et tout le christianisme est né au Liban, à Cana, à Tyr et à Saïda. Cette dimension sacrée qu’a la terre libanaise est porteuse, comme tout ce qui est sacré en général, de beaucoup de déchirures. Que va-t-on laisser à nos générations futures : un message de cèdres ou un message de cendres ? »
Quatre chevaux de bataille animent Ibrahim el-Ali, Libanais du Sénégal rentré pour la 1re fois au pays il y a trois ans. Durant la guerre de l’été 2006, il a été bloqué dans son domicile à Chakra, près de Bint-Jbeil, et, fort de cette expérience, dégage depuis une énergie considérable en faveur du Liban. Il a créé ainsi une ONG, « Mawassem Khair » (Moissons de la...