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Actualités - CHRONOLOGIE

MP5-DANSE - « Aïta », de Bouchra Ouizguen, au Madina La danse, défense et illustration du chant…

Trente minutes où la danse est au service de la danse. Au son ininterrompu du crépitement des caméras de photographes tapis à l’ombre et que nul ne songe à faire cesser. La chorégraphe et danseuse marocaine Bouchra Ouizguen rend hommage, un hommage maladroit et imprécis, à ces femmes qui animent, par leur chant, les célébrations de la vie : naissance, mort, mariage, événements sociaux. Un chant qui s’inscrit dans la lignée et la tradition marocaines mais où son expression, appartenant encore au cadre du folklore, n’a pas encore reçu ses véritables lettres de noblesse. Sur une scène nue et sous quatre projecteurs au ton bleuté, une femme « botérienne », dans les débordements de sa chair et corpulence, se vautre par terre en chantant, d’une voix tendre et plaintive, une complainte marocaine… Attitude qui s’étire en longueur comme pour provoquer le public ou le forcer à réfléchir sur l’état de ces chanteuses dont on loue occasionnellement le chant… Gestes lents et répétitifs, comme un inutile remplissage, pour exprimer les désarrois d’un monde féminin d’artiste mal perçu par la société. Mais aussi par le public, tant la conception de ce spectacle outrancièrement dépouillé est marquée par une sorte d’esprit de défi et de provocation. Surtout avec une présence lourdement charnue, antipode de ce qui est évanescent, aérien ou léger pour toute notion d’équilibre et de danse… Rejointe sur scène par la chanteuse Naima Sahmoud, dans son soliloque de danse, la chorégraphe scande (en français), entre deux pirouettes, que la « chorégraphie est un état de doute »… On veut bien le croire. Alors, pour s’exprimer, attendons que le doute se dissipe… Dans cette quête, de toute évidence encore informe et sciemment agaçante, pointe cependant un fugace moment de grâce, presque amusant à défaut d’être comique. Et c’est cette flaque de lumière où les deux protagonistes se lâchent sur fond d’une musique occidentale pour un rêve impossible… Luxure des cheveux qui balayent l’air dans un mouvement giratoire et corps en transes pour traduire l’exaltation de l’espoir de la vie. Trente minutes d’un lamento grinçant, pour une idée pourtant simple comme un jour qui se lève… Dans le noir (qui se prolonge délibérément du début à la fin du spectacle) ; les « actants », mi-bavards, mi-sérieux, mi-badins, mi-silencieux, mi-mimes, de ce court interlude dansé, entre fantaisie et critique sociale, disparaissent dans le noir des coulisses sur la pointe des pieds. Mais le chant, tendre, enjoué et plaintif, comme un parfum entêté et tenace, quand les corps se sont lovés derrière les tentures sombres de l’arrière-scène, n’en continue pas moins de résonner… E. D.
Trente minutes où la danse est au service de la danse. Au son ininterrompu du crépitement des caméras de photographes tapis à l’ombre et que nul ne songe à faire cesser.
La chorégraphe et danseuse marocaine Bouchra Ouizguen rend hommage, un hommage maladroit et imprécis, à ces femmes qui animent, par leur chant, les célébrations de la vie : naissance, mort, mariage, événements...