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Lettre ouverte à nos députés Quel pourrait bien être ce candidat de compromis ?

« Seules les personnes indépendantes peuvent progresser vers l’interdépendance... Gagner ensemble constitue la seule solution viable. » Stephen Covey Le compte à rebours s’est enclenché. Quel pourrait être ce candidat providentiel qui réussirait à assurer le quorum et à rassembler un maximum de voix autour de sa personne ? Il s’agit là d’une question essentielle, à quelques jours de l’échéance présidentielle. Les options des deux camps semblent cependant si divergentes qu’on voit mal ce qu’un « candidat de compromis » pourrait bien vouloir dire... Alors, autorisons-nous à rêver un instant. Nous en avons tous tellement besoin... Si nous n’étions pas soumis à un ensemble de forces extérieures et si nous étions maîtres de notre destinée, comment imaginerions-nous un candidat qui serve l’intérêt du pays ? Pourrait-il se situer à mi-chemin entre vouloir ou pas le désarmement des milices ? Entre vouloir ou pas replacer le pays sous la tutelle syrienne ? Entre vouloir ou pas le tribunal international ? L’implantation palestinienne ? L’éclatement du pays ? La lutte contre la corruption ?... La réponse à ces questions, déterminante pour l’avenir du pays, ne saurait être « peut-être ». Le candidat de compromis ne saurait se situer à mi-chemin. Entre les deux, c’est le néant : une zone qui mènerait tôt ou tard à un repli non négocié dans un sens ou dans l’autre, repli qu’on ne tarderait pas à regretter peu après. Mieux vaut donc être clairs d’emblée. Le candidat de compromis devra commencer par rassurer. Il devra prendre le temps d’apaiser les craintes de part et d’autre. Mais sur quelle base ? Il aura la charge de sélectionner avec clairvoyance, ici et là, les meilleures options pour le Liban. Il ne s’agira donc pas de se situer à mi-chemin mais bien de trancher pour chacune des questions phares, de sorte que, en harmonie avec le gouvernement à venir, il puisse veiller à leur application. En poursuivant ce rêve, il affichera donc clairement son attachement à l’indépendance, la souveraineté et la justice. Il refusera toute obédience – quelle qu’elle soit –, sera intransigeant quant à la nécessité d’étendre l’autorité de l’État à l’ensemble du territoire, exigera que les criminels rendent des comptes, ET, par ailleurs, défendra l’unité du pays, refusera toute implantation des Palestiniens et aura à cœur de préserver le bien public... C’est dans le « ET » que réside toute la différence. Ce « ET » est le fondement de la « Théorie de la dualité » prônée par Richard Pascale(1) au début des années 90, comme approche de la gestion constructive des conflits appliquée aux entreprises(2). Alors pourquoi pas nous ? Un rêve, avons-nous pris l’habitude de croire. N’est-il pas temps de nous demander pourquoi il s’agit d’un rêve chez nous alors que, partout ailleurs, ces notions de base que sont la souveraineté, la justice, etc. sont le fondement même de tout État digne de ce nom ? C’est l’hypothèse de départ qui est erronée me direz-vous, celle qui stipule : « Si nous n’étions pas soumis à un ensemble de forces extérieures et si nous étions maîtres de notre destinée », alors que nous savons fort bien que cela n’est pas le cas... Et pour preuve. Avez-vous jamais vu une simple élection présidentielle mobiliser autant de chefs d’État et de ministres des Affaires étrangères de par le monde, alors que notre Assemblée nationale, haut lieu du débat par excellence, est interdite d’accès ? Soit. Mais quelle est donc l’alternative ? N’avons-nous pas déjà eu suffisamment d’exemples dans notre histoire récente pour comprendre que si, en réponse aux pressions extérieures, nous compromettons l’essentiel en pensant sauver notre peau, nous finissons par vendre notre âme sans pour autant réussir à épargner nos vies ? Des alternatives, il n’y en a pas de viables... Chaque pays a dû à un moment ou un autre, au cours de son histoire, compter sur la conscience de ses élus pour faire les virages salvateurs qui s’imposent. Il est des moments où il est criminel de se soumettre à l’avis de son chef plutôt que de l’aider à façonner ses décisions. Il est des moments où il ne s’agit pas seulement de faire bloc, mais bien de mesurer l’ampleur des conséquences nationales de nos propres choix. Aujourd’hui, quoique les chrétiens ne soient pas d’accord entre eux, nous ne pouvons pas perdre de vue tout ce qui les unit. Force est de constater qu’ils sont plus proches les uns des autres en termes socioculturels que quiconque... Ils souhaitent tous ardemment que leurs enfants puissent enfin vivre dans un pays de liberté, de démocratie, de prospérité économique, de droits de l’homme, plutôt que de devoir s’exiler... Beaucoup de nos concitoyens d’autres appartenances religieuses en diraient de même d’ailleurs. Le socle qui unit les Libanais s’élargit, péniblement, jour après jour, mais s’élargit quand même pour qui sait bien voir. Les conséquences des jours à venir sont déterminantes. Le temps presse. Il nous faut œuvrer et prier pour que chacun de nos élus, en toute conscience, fasse primer l’intérêt collectif sur son intérêt personnel. Pas simple. Mais c’est là toute la grandeur de l’homme. Si les choix stratégiques sont clairs et que l’enseignement est réel, peu importe alors le nom du candidat retenu. Un engagement réel ? C’est peut-être là la pierre d’achoppement. Le manque de confiance est tel... Conjuguons donc nos énergies pour arriver à assurer cet engagement. C’est de la survie du Liban et de notre survie à tous qu’il s’agit ! Mesdames et messieurs les députés, la balle est dans votre camp. L’histoire se souviendra de la contribution de chacun d’entre vous à la pérennité de ce petit bout de terre qui nous est si cher, ce Liban-Message qui a encore tant à offrir... Nada GÉNADRY Directrice développement humain et communication (1) Pasacle, R. (1990). Managing on the edge. How successful companies use conflict to stay ahead, Penguin Books. (2) Evans, P. & Génadry, N. (1999). A duality-based prospective for strategic human resource management, Research in personnel and human resources management, Supplement 4, 367-395, Jai Press Inc.
« Seules les personnes indépendantes
peuvent progresser vers l’interdépendance...
Gagner ensemble constitue la seule solution viable. »
Stephen Covey

Le compte à rebours s’est enclenché. Quel pourrait être ce candidat providentiel qui réussirait à assurer le quorum et à rassembler un maximum de voix autour de sa personne ? Il s’agit là d’une question essentielle, à...