De nouveaux logements en construction dans 88 implantations, selon un rapport À l’approche de la réunion d’Annapolis, la colonisation israélienne se poursuit

La construction dans les colonies israéliennes en Cisjordanie dénoncée par les Palestiniens et la communauté internationale se poursuit à l’approche d’une réunion de paix, selon un rapport d’une organisation israélienne opposée aux implantations publié hier. La réunion de paix, parrainée par les États-Unis, prévue « en principe » le 26 novembre, à Annapolis, près de Washington, doit permettre de lancer des négociations formelles en vue de la création d’un État palestinien. Selon les dirigeants israéliens, les discussions doivent être basées sur la « feuille de route », un plan de paix international lancé en 2003 et stipulant notamment un gel total de colonisation. Or un rapport de La Paix maintenant – mouvement opposé à la colonisation – indique que la construction de logements est en cours dans 88 implantations. Pour le secrétaire général de La Paix maintenant, Yariv Oppenheimer, ces chantiers « mettent gravement en danger les chances de succès de la réunion d’Annapolis ». « Si ça continue, nous aurons bientôt non pas un État palestinien, mais un État des colons », a-t-il déclaré à l’AFP. Le rapport cite également le Bureau central des statistiques, un organisme officiel, qui précise que 267 500 Israéliens vivaient dans les colonies à la fin du premier semestre 2007, soit une augmentation en rythme annuel de 5,8 %, alors que ce taux n’est que de 1,8 % pour l’ensemble de la population d’Israël. Ces chiffres prouvent que l’augmentation de la population n’est pas due à une croissance démographique « naturelle » des habitants, mais bien à une immigration massive de colons en Cisjordanie, déplore La Paix maintenant. Par ailleurs, le mouvement qui s’est spécialisé dans le suivi des activités de colonisation en utilisant notamment des photos aériennes précise que des colons ont contourné l’interdiction de transporter des mobil-homes dans les implantations. « Les colons font venir des portes, des fenêtres et d’autres équipements qu’ils assemblent dans des ateliers spécialisés pour monter sur place des caravanes », poursuit le rapport. La Paix maintenant dénonce aussi la construction en cours du quartier général de la police israélienne en Cisjordanie ainsi qu’un vaste projet immobilier entre Jérusalem et Maale Adoumim qui va isoler Jérusalem-Est (conquis et annexé par Israël) du reste la Cisjordanie et couper cette région en deux. La Paix maintenant s’élève également contre la poursuite de la construction dans 34 des 105 colonies « sauvages » qu’Israël devait évacuer selon ses engagements auprès des États-Unis. Sur le terrain, les colons et l’extrême droite ont lancé ces derniers jours une campagne pour tenter d’empêcher le Premier ministre israélien Ehud Olmert de faire la moindre concession. Les colons agitent notamment le spectre d’une prise de contrôle de la Cisjordanie par les islamistes du Hamas qui exposerait le centre d’Israël, notamment l’aéroport international Ben Gourion, à des tirs de roquettes. Par ailleurs, les Renseignements militaires israéliens font preuve de scepticisme à l’égard de la réunion d’Annapolis. Un officier de ces services cité par les médias a estimé devant une commission parlementaire que l’Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas n’était pas en mesure de remplir ses engagements en matière de sécurité. Dans le même temps, la Cour suprême d’Israël a donné hier une semaine au gouvernement israélien pour démontrer que les sanctions prises contre les tirs de roquettes palestiniennes n’affectent pas la population de la bande de Gaza, apprend-on de source judiciaire. Le gouvernement israélien, qui a réduit les approvisionnements en carburants et envisage des coupures périodiques d’électricité, devra expliquer à la Cour, données à l’appui, que ces sanctions n’ont pas d’impact sur le plan humanitaire.