Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

SPECTACLE - « L’Une et l’Autre en Octobre », de Thérèse Aouad Basbous, au théâtre Monnot Poésie à outrance

Une plage déserte et le roulis de la mer. Deux femmes d’âges différents, qui s’affrontent et s’épaulent pour « capturer » l’homme d’une vie, et un violoncelliste, comme pour rythmer le flot des mots et des sentiments : voilà les personnages, à la fois simples, sophistiqués et intrigants, de la dernière pièce, en français, de Thérèse Aouad Basbous. Un quatuor face à la mer, ballotté par les remous intérieurs d’une passion dévorante. Et des mots pour dire cette passion qui engloutit tout, comme la mer… Pour dévoiler cet univers grouillant de contradictions, d’angoisses, de frustrations et de craintes, une cataracte, une avalanche de mots qui s’assemblent en houleuses associations sonores et imagées. Associations étranges (exemple : violine, point à la ligne !), souvent incohérentes comme si l’on suivait un chemin de traverse broussailleux et embrumé. Texte gourmand, sensuel, hirsute, maniéré, bavard, coloré, pour livrer, par bribes haletantes et syncopées, les secrets qui pèsent sur les cœurs et les consciences… Invoquant tous les éléments de la nature, notamment la mer, ses embruns, ses vagues, ses rochers, ses plages, ses criques, ses crustacés, l’une des deux femmes, littéralement possédée par un amour brûlant, dévide l’écheveau de ses doléances, de ses griefs et de ses attentes. Lamento semé de suppliques, de vociférations, peu d’invectives, mais beaucoup de rêves déçus et de pointes enrobées de… poésie ! Comme un précieux savoir qu’elle distille à la plus jeune, aux écoutes de l’expérience de la vie, pour mieux retenir celui qu’elle aime, l’une parle à l’autre... En toute intimité et toute sinuosité féminine dans la complaisance lénifiante d’une parole sans freins. Dans un vertigineux délire verbal qui tient du radotage, de la confidence débridée et de la démesure verbale incontrôlée. Pas de noms, pas de désignation officielle. Même lui, l’homme de toutes les attentes et de toutes les déceptions, n’a pas de nom. On évoque un certain « Octobre » pour appeler ce fantôme de tous les désirs. Pas de trame au sens premier du terme car il s’agit ici, pour les flous évidents qui habitent la scène et les personnages, d’un théâtre « poétique », entre absurde, dérision et amour fou des mots. Une écriture qui n’a rien de dramaturgique que celle de Thérèse Aouad Basbous dont l’emploi de la langue arabe est de loin plus convaincant et heureux. D’ailleurs, on songe avec délectation à sa pièce Al-Bakra en 1973, à Dar el-Fan, dont la veine d’inspiration collait davantage à l’époque et à ses préoccupations. Aujourd’hui, c’est-à-dire un demi-siècle plus tard, l’exploit ne pouvait avoir une récidive… Mise en scène judicieusement minimaliste par Georges Hachem, qui tente en vain de maîtriser un texte aux embranchements rebelles et tentaculaires. Les acteurs (Dominique Favre-Bulle en tête du peloton, Yasmina Toubia, Chadi Zein et le violoncelliste Robert Kfoury) ont sobrement le ton grave d’un cérémonial magnifiant la vie sans éviter toutefois un aspect oratoire empesé et pompeux. Comme si les innombrables métaphores qu’ils assènent aux spectateurs sont la solution panacée d’une traversée humaine… Trop d’emphase et de gravité pour célébrer la mer et ses folies. Les costumes, signés Louloua Abdel Baki, entre toge romaine et habit de samouraï ou mandarin, avec l’emploi du téléphone de l’un des personnages, accentuent l’éloignement du texte et de l’atmosphère, comme échappée à un ovni incompréhensible, insaisissable… Edgar DAVIDIAN
Une plage déserte et le roulis de la mer. Deux femmes d’âges différents, qui s’affrontent et s’épaulent pour « capturer » l’homme d’une vie, et un violoncelliste, comme pour rythmer le flot des mots et des sentiments : voilà les personnages, à la fois simples, sophistiqués et intrigants, de la dernière pièce, en français, de Thérèse Aouad Basbous. Un quatuor...