Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINIONS

À propos de l’émission de France 2 « Liban, pays des esclaves »

On ne tire pas sur une ambulance Toutes les bombes du Liban ne m’ont pas « tuée » autant que Le Monde, France 2, Envoyé Spécial et surtout Mme Dominique Torrès. Je suis de ce Liban « pays des esclaves », je suis de ce Liban « esclave » de ses frontières, « esclave » de ses milliers de morts, de ce Liban « esclave de sa solitude », de ce Liban « si ouvert » aux quatre vents que Mme Torrès aurait pu « shooter » sans caméra cachée. Je suis de ce pays du Cèdre comme on l’appelait sur le plateau de France 2 pour y associer aussitôt le mot « esclavagiste ». Je suis de ce pays à l’histoire millénaire, de ce pays « esclave oublié » dans tant de consciences et avec tant d’inconscience… Je suis de ce pays qui a probablement failli en tant d’années de guerre aux droits de l’homme, mais à qui les droits de l’homme ne reconnaissent plus aucun droit autre que celui de mourir, et mourir encore et toujours. Mais je suis également de ce pays qui sent si bon la fleur d’oranger, de ce pays où la fierté d’appartenance donne un éclat particulier, de ce pays qui rêve encore de paix, de ce pays « dont le soleil continuera à me brûler éternellement la poitrine », comme le disait une grande dame qui a écrit un si beau livre sur ce pays meurtri. Je suis également d’un autre pays, dont je suis fière. Du pays de mon autre acte de naissance. Du pays des droits de l’homme et de la liberté. Du pays du siècle des Lumières. De cette France qui auréole toujours au Liban «  protectrice » à défaut de protectorat. J’ai le droit du sol et le droit du sang. Ce sang qui m’irrigue en permanence avec pour credo : liberté - égalité - fraternité Et c’est cette Franco-Libanaise qui écrit aujourd’hui avec tout ce qu’elle a dans les « tripes » de « ses » deux pays. J’écris avec rage, avec honte, avec stupéfaction et hébétude. J’écris avec l’insulte au fer blanc encore brûlante dans ma poitrine. J’écris surtout avec tant de tristesse ! Je suis « sonnée » de voir combien Le Monde et France 2 sont aujourd’hui « dépourvus » et n’ont plus rien à se mettre sous la dent pour encore oser « ronger cet os d’esclavagistes qu’est le Liban pourtant déjà rongé jusqu’à l’os » ! Combien la responsabilité de ceux qui font les programmes, de ceux qui ont le devoir d’information est atrophiée pour avoir permis de passer en une semaine un article et un reportage pareils à la veille d’une élection qui, si elle n’a pas lieu, va plonger le Liban dans un tel chaos que nous accepterions même l’aide de Mme Torrès pour le défendre. Je ne conteste absolument pas le sujet du reportage. Ce reportage est vrai. Ces femmes venues travailler au Liban sont parfois victimes d’abus comme le montre Mme Torrès. Son reportage à ce niveau l’honore. Mais j’aurais tant aimé qu’elle ne fasse pas de son reportage un amalgame « esclavagiste ». Un amalgame où tout un pays et un peuple sont « nominés ». Un mot, un seul, aurait suffi. Mais elle ne l’a pas dit. Elle, qui a écrit et dénoncé tant d’exactions de par le monde, aurait dû être sensible à la nécessité de faire le tri. C’était sa responsabilité de reporter. De témoin ! Elle aurait pu, si elle ne voulait pas parler du reste des Libanais innocents, et ils sont très nombreux, faire au moins référence à toutes ces femmes venues travailler au Liban et qui y reviennent « en famille » depuis tant d’années, qui parlent si bien notre langue et dont nos enfants parlent la leur. Nos enfants qui ont été bercés avec des mots d’amour et des comptines venus des Philippines, du Sri Lanka, du Bangladesh, d’Éthiopie et d’ailleurs. Ces femmes et ces hommes existent. Ils peuvent témoigner que le Liban entier n’est pas terre d’esclaves. Pourquoi insulter un peuple entier, un pays entier pour des exactions qui ne sont pas le peuple ni le pays ? Pour mémoire, le seuil de pauvreté est tel au Liban que peu de gens peuvent avoir « une bonne », pour reprendre le terme employé par Mme Torrès. Et puis le comparatif des salaires traduit en euros aurait plus honoré l’article dans Le Monde s’il avait été accompagné du comparatif du salaire de base du Libanais moyen. Lorsqu’il a un salaire ! Les lecteurs auraient compris alors qu’il reste « des innocents » au Liban. Mais cela aussi a été refusé. Pourquoi ? Hors sujet ? Encore une fois, je ne conteste absolument pas l’horreur et la vérité de ce qui a été montré. Je ne conteste absolument pas le calvaire de ces femmes. Il faut que cela cesse. Mais Mme Torrès aurait pu « zoomer » tous les pays voisins qui pratiquent le « même esclavagisme ». Elle aurait pu s’en émouvoir dans ce reportage. Ne serait-ce qu’une allusion, et « l’honneur d’un peuple entier aurait été sauf ! ». Elle pouvait le faire avec tout ce qu’elle connaît si bien sur le sujet et qui encore une fois l’honore. Mais insulter un peuple entier en prenant pour emblème son emblème national, cet arbre légendaire, le cèdre, qui figure et qui est figure de son drapeau national, quel gâchis ! « Au pays du Cèdre », entendait-on chez Envoyé spécial… Cela apportait-il quelque chose de plus au reportage ? À part le « besoin de dénoncer par deux fois le Liban », très humblement, je ne le crois pas. Toutes les chancelleries du monde sont au chevet du Liban depuis des années et particulièrement en ces jours spéciaux d’avant-élection, d’avant-chaos. La France déploie des efforts immenses pour que la présidentielle ait lieu. Pour qu’il ne sombre pas irrémédiablement. Était-ce vraiment le moment de publier ce reportage ? L’urgence du Liban était-elle là aujourd’hui ? Le rédacteur en Chef du Monde, le président de France 2, les rédactrices en chef d’Envoyé spécial pensent-ils réellement que ce reportage n’aurait pu être différé de quelques jours ? Devait-il surtout être publié avec cet intégrisme totalitaire ? Ne pouvaient-ils au moins obtenir une phrase, une seule, qui dédouane tous ces Libanais qui ne sont pas « esclavagistes » ? Insulter un peuple entier est une très lourde responsabilité. J’aurais eu honte de la cautionner pour vendre et non pour informer. L’information vraie est exigeante. Elle est faite des deux facettes du miroir. Ce racisme information est indigne des grands responsables de l’information. La liberté des médias ne suppose pas que l’on insulte un pays aussi facilement. Elle ne donne pas le droit aux amalgames sans distinction de vérité. Pour moi, la liberté de la presse est une caution. Une caution de liberté, une caution de vérité justement. Elle n’a pas été respectée dans ce reportage. Elle n’a pas été respectée pour mon pays et mon peuple. Mme Torrès parle de décrets, de droits de l’homme, de tant de mots qui, pour les enfants du Liban, ne sont que paroles, paroles. A-t-elle pensé à la résonance de ces mots chez ceux qu’elle a exclus de son reportage ? Et surtout Mme Torrès avait cette voix revancharde jusqu’à l’extrême pour nous dénoncer tous. Pour dénoncer le Liban. Pourquoi ? Sa révolte l’honore et nous sommes tous avec elle pour défendre ces femmes victimes. Mais sa douleur l’égare. Aucun mot sur les Libanais innocents. Aucun mot sur ce pays exsangue. Aucun mot pour ces milliers et milliers de personnes qui vivent l’insoutenable, qui paient pour des politiques étrangères dont le Liban est l’esclave géographique. Pourquoi cet acharnement ? Pourquoi ce reportage maintenant ? Pourquoi personne n’a réagi ? Mme Torrès, Le Monde, France 2, Envoyé spécial ont insulté le Liban sur écran géant. Ils ont insulté un peuple entier sans prendre garde à ce que cela pouvait être le lendemain, au bureau, chez le boucher, à l’école surtout. Nos enfants « esclaves d’une réputation » y ont-ils pensé ? Comment vont-ils porter encore ce nouveau « synonyme » du Liban ? Je ne savais pas que tirer sur une ambulance à la veille de voir le malade de l’ambulance s’enfoncer plus encore était de l’information. Et pourtant, mon métier est l’information. J’ose insister encore et encore, et alerter sur le fait que cette information globale est esclavagiste. C’est de l’esclavage moderne car elle prive de liberté de réponse tous les innocents qui ne peuvent ou ne savent le faire. Qui vont porter cette tache indélébile octroyée par Mme Torrès et les médias concernés pour toujours. J’ose rappeler que toute privation de liberté est synonyme d’esclavage. Toute insulte d’un peuple entier est contraire aux droits de l’homme. C’est pourquoi je crie au nom de tous les miens : au secours, Mme Torrès, le pays du Cèdre, le Liban entier est victime d’esclavagisme moderne, vite défendez-nous ! Vous le faites si bien. Et surtout Le Monde et France 2 seront preneurs. Nous ferons tous des affaires. Voilà un beau sujet : « Les affaires au pays du Cèdre ». Qu’en pensez-vous ? Nicole Dagher-KhaÏrallah P-S : Merci de vous reporter ne serait-ce que sur le blog d’Envoyé spécial pour comprendre les dégâts de ce reportage pour le Liban et les Libanais. Tant de haine soudaine et suiviste contre ce « pays d’esclaves qui mérite ce qui lui arrive, même la guerre et les morts »… Une lettre de Dominique Torrès «L’Orient-Le Jour » a reçu de Mme Dominique Torrès une lettre dont nous publions ci-dessous l’intégralité. Son auteure ne fait que répéter ce qui constitue l’essentiel de son article dans « Le Monde » et de son reportage dans le cadre de l’émission de France 2 « Envoyé spécial ». Hélas ! Nous-mêmes, et par deux fois (les 20 et 22 octobre), ainsi que les lecteurs ont relevé les approximations, inexactitudes et autres amalgames qui y sont contenus. « C’est ma conviction et je la partage », semble dire Mme Torrès, animée d’une bonne conscience qui rarement aura été aussi redoutable. Je vous réponds directement à la suite de l’édito du 20 octobre,(« Déformer n’est pas informer », par Maria Chakhtoura, dans L’Orient-Le Jour, NDLR). D’abord car cela fait quinze ans que je découpe des articles de L’Orient-Le Jour relatant le calvaire des domestiques. Un travail professionnel que je salue. Deuxièmement, je sais que vous êtes un certain nombre (ainsi qu’au Daily Star) à être tout à fait conscients du drame qui se joue. Troisièmement, je sais bien qu’il ne vous est pas toujours facile (un doux euphémisme) d’en parler...Enfin, vous n’êtes pas sans ignorer que j’ai fondé en 1994 le Comité contre l’esclavage moderne et que je ne débarque pas à la hussarde sur ce sujet. L’esclavage,où qu’il soit, occupe depuis des années une grande partie de mon temps. Évidemment, j’ai voulu choquer (au sens propre du terme) et je ne le nie nullement. C’est souvent la seule façon de commencer à faire bouger les choses (et cela fait trente ans que cela ne bouge pas avec la manière douce). En 1994, avec mon documentaire Vie d’esclaves en France (52 minutes), j’ai évidemment aussi choqué un pays (le mien) où personne ne pensait que les cas d’esclavage existaient. J’ai pensé qu’il était nécessaire de tirer la sonnette d’alarme, même si les cas étaient effectivement rares. Je n’ai pas filmé les 98 % des employeurs qui se conduisent bien (cela va de soi) et personne n’a songé à me le reprocher. Aujourd’hui, les acteurs sociaux reconnaissent le problème (appeler un chat un chat) et donc font le nécessaire. Au Liban, tout peut s’améliorer, et même très vite, mais faut-il encore accepter de regarder la situation en face, sans fausses excuses (ce n’est pas le moment, il n’y a pas que nous). Le calvaire des domestiques au Liban a été dénoncé souvent. Les évêques du Moyen-Orient en 2001, le BIT, la Commission européenne... Les rapports s’entassent sans effets. Le professeur Juridini de Beyrouth (Université américaine) affirme que trois domestiques sur dix sont en danger. Je suis consciente que ce problème existe dans tout le M-O et je m’en préoccupe. Mes sources sont tout à fait officielles. Ces chiffres sont dans toutes les brochures de Caritas. J’ai pris soin de donner mes sources dans l’article du Monde ainsi que le chiffre des personnes interrogées dans le sondage. Le papier a été relu par des journalistes libanais. Pour la petite histoire, j’ai séjourné 20 jours au Liban en juillet sans aucune aide (j’ai viré un fixeur inopérant), et j’ai réussi à rencontrer des dizaines et des dizaines de victimes. Tout cela pour dire que si ces drames se « ramassent à la pelle », il ne s’agit pas de cas isolés. Loin de là. Le nombre de personnes qui, « en toute bonne foi », m’ont confirmé qu’elles ne laissaient pas leur bonne sortir de la maison seule est terrifiant. La plupart disent craindre que la « bonne » prenne la fuite, « mais je vous assure que celles qui sont heureuses (et heureusement qu’il y en a) ne songent nullement à s’enfuir ». Même si, en France, nous n’avons pas de zone réservée aux bonnes, que la police des frontières ne confisque pas les passeports (en les donnant à l’employeur) et que tout employé peut, à tout moment, claquer la porte et s’en aller, il nous faut rester vigilants, ce que je vous assure et que je tente de faire. J’ai en effet bien balayé devant ma porte avant de critiquer les agissements d’un pays ami. À vous maintenant de jouer. Faites-le avant que ce fléau n’entache sérieusement l’image du Liban. Sincèrement et amicalement, Dominique TORRÈS Juge et partiale Mme Torrès s’est complu avec délectation à dépeindre le Libanais et la Libanaise comme les parfaits bourreaux du XXIe siècle. Lorsqu’on se targue d’être reporter, on se fait un devoir d’être impartial. De quel droit s’érige-t-elle en juge et, à partir de quelques cas isolés, généralise-t-elle et condamne-t-elle tout un peuple ? Est-ce parce que plus le reportage est scandaleux et hérissé de détails scabreux, plus l’audimat est plus important ? Dans quel but est-elle venue jouer les « fouille-ordures » dans un pays meurtri par la guerre depuis plus de trente ans, esclave lui-même des convoitises des autres ? Nos enfants sont en train de mourir dans les rues, Mme Torrès, exposés tous les jours, et ce sur le chemin de l’école ou de l’université, privés du plus élémentaire droit de l’homme dont vous vous faites le porte-parole offusqué, à savoir « celui de vivre ». Lorsqu’on se veut ce preux chevalier qui accourt à la rescousse des prétendues « esclaves » du Liban, on commence par balayer devant sa porte. Parlez-nous, Mme Torrès, de ces Maliens et de ces Asiatiques, entassés à 15 sous terre, dans les caves françaises ; parlez-nous de ces ateliers de couture où des clandestins exploités jusqu’a la moelle vivent dans des conditions inhumaines au pays de l’égalité et de la fraternité. Vous notez au cours de votre reportage que le salaire d’une employée de maison s’élève au mieux à 200 $, mais vous ne dites pas par ailleurs, volontairement ou non, que le SMIC d’un Libanais qui a à charge toute une famille n’excède pas cette somme. Vous soulevez la question du « tablier » comme s’il s’agissait de « l’étoile de David », et vous vous complaisez à les montrer, exposés en vitrine. Ce tablier n’est pas différent du « bleu de travail » porté dans vos usines. Il n’est pas non plus différent du tablier et de la coiffe en dentelle dont vous affublez vos « soubrettes » qui, elles, logent au sixième étage, dans une chambre insalubre à laquelle elles accèdent par l’escalier de service, l’entrée des maîtres leur étant sans doute interdite. Vous nous accusez de confisquer leur passeport. L’aurions-nous fait si, à peine débarquées, elles ne rêvaient de s’enfuir pour exercer un métier moins laborieux, plus lucratif que vous devinez ? Vous avez voulu, Madame, faire de votre reportage un scoop. Ce n’en était pas un. C’était plutôt une succession d’images chétives, malingres, injurieuses et diffamatoires. À chaque argument, tout Libanais vous en opposera un autre plus vrai, basé sur des réalités que vous avez voulu ignorer. Vous nous avez décrits comme des esclavagistes. Croyez-moi, nous sommes humains, chaleureux, accueillants, et que des Sri Lankaises, Népalaises ou autres nous quittent en pleurant ou renouvellent leur contrat, parfois pour 10 ou 15 ans, ne vous en déplaise. Liliane MASRI Employées de maison, mais pas « esclaves » Nous admettons parfaitement que la maltraitance des employés de maison existe au Liban, mais elle est confinée à une petite minorité dont les idéaux sociaux ont été entamés par des années de guerre. Votre « reporter » a commis plusieurs fautes : 1. Elle ne s’identifie pas comme activiste dans le domaine de la maltraitance, et donc comme quelqu’un de parti pris et non comme un observateur neutre. 2. Elle n’identifie pas la source de ses statistiques ! Nous pouvons vous affirmer que l’immense majorité des employées de maison (et nous en connaissons une centaine de par nos relations ) ne risque certainement pas de se suicider, de fuguer ou de subir un quelconque autre drame comme l’indique votre reportage. 3. La xénophobie marquée de votre reporter atteint son paroxysme avec la couverture de la messe en l’église Saint-Joseph. Nous sommes membres de cette congrégation. Mais nous sommes bien libanais ! Le monsieur interviewé comme étant américain parle l’anglais avec un accent qui fleure bon le Levant. Un reportage qui pue l’eurocentrisme. 4. Lors de la guerre de juillet 2006, plus de 30 000 employées de maison ont quitté le Liban avec l’aide de Caritas et non celle de leur ambassade. Elles ont abandonné les foyers de leurs employeurs, en rupture de leur contrat, sans aucun dédommagement. Nous venions, ma femme et moi, de renouveler le permis de résidence de nos deux employées à un coût de plus d’un million de livres libanaises (€500). Néanmoins, nous avons obtempéré à leur désir de quitter lorsque la guerre a commencé, et nous les avons conduites nous-mêmes au centre Caritas, à Beyrouth, en plein bombardement, alors que nous nous étions mis à l’abri en montagne. Une anecdote : ce jour-là , l’employé de l’ambassade philippine à Beyrouth, qui se désolait auprès de votre reporter sur le sort de ses compatriotes, n’était pas très gentil lui-même avec les filles. Il leur confisquait leurs passeports. 5. Une expérience personnelle : nous avons embauché l’année passée une nouvelle employée, elle aussi philippine. Son histoire aurait bien illustré votre reportage : elle avait fugué de chez son ancien employeur qui la maltraitait. Suite à sa fugue, son employeur l’avait poursuivie pour vol. Vous n’aimerez pas le reste de l’histoire : Lina, c’est son nom, s’est réfugiée auprès de l’agence qui lui avait assuré le voyage au Liban, et non dans la rue ou chez Caritas ! Le patron de cette agence l’avait hébergée chez lui durant plusieurs semaines jusqu’à l’avoir placée chez nous. De plus, il engageait à ses frais un avocat pour régulariser sa situation légale et pénale, et ce jusqu’à l’aboutissement de ses efforts, lui évitant toute incarcération ! 6. Pour ce qui est des congés dominicaux, nous avons eu trois employées philippines depuis notre mariage il y a sept ans. Les trois demandaient de passer leur congé avec nous, en famille. En effet, elles avaient été prévenues que le « milieu » des travailleurs étrangers au Liban était dominé par les hommes égyptiens qui offraient aux Philippines un moyen de pérenniser leur séjour au Liban au travers d’un mariage blanc avec un citoyen arabe. Ces filles, ainsi mariées (souvent bigames, étant déjà mariées dans leur pays d’origine), croyaient s’affranchir ainsi de leurs agences. Elles se retrouvaient en fait sous la coupe de proxénètes, de vrais esclavagistes et autres personnages peu fréquentables. Les employeurs libanais, d’autre part, ont ainsi appris à se méfier des « sorties » des personnes à leur charge. En effet, selon la loi libanaise, la responsabilité légale leur incombe pour toute incartade de leur employée. Mais cela importait peu dans le cadre de votre reportage. .. Nous sommes fort déçus de cette attaque sans fondement contre un pays qui souffre lui-même le martyre pour défendre son image de symbole des libertés, des droits de l’homme, comme terre d’accueil et de chaleur humaine, dans une région où priment l’obscurantisme et le totalitarisme. Jean-Frédéric ALAM Timing suspect L’émission Envoyé spécial diffusée sur France 2 a été très négative sur l’image du Liban, et son timing s’inscrit dans le cadre d’une déstabilisation du Liban. Je vous prie de consulter le forum de cette émission pour vous en rendre compte et réagir de votre côté. Il est vrai que ce genre de comportement devrait être dénoncé, mais le timing est suspect, et la journaliste manque de professionnalisme, d’analyse et de connaissance du terrain. Marie ABADIE
On ne tire pas sur une ambulance

Toutes les bombes du Liban ne m’ont pas « tuée » autant que Le Monde, France 2, Envoyé Spécial et surtout Mme Dominique Torrès. Je suis de ce Liban « pays des esclaves », je suis de ce Liban « esclave » de ses frontières, « esclave » de ses milliers de morts, de ce Liban « esclave de sa solitude », de ce Liban « si ouvert » aux...