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Employées de maison, mais pas « esclaves » Jean-Frédéric ALAM

Nous admettons parfaitement que la maltraitance des employés de maison existe au Liban, mais elle est confinée à une petite minorité dont les idéaux sociaux ont été entamés par des années de guerre. Votre « reporter » a commis plusieurs fautes : 1. Elle ne s’identifie pas comme activiste dans le domaine de la maltraitance, et donc comme quelqu’un de parti pris et non comme un observateur neutre. 2. Elle n’identifie pas la source de ses statistiques ! Nous pouvons vous affirmer que l’immense majorité des employées de maison (et nous en connaissons une centaine de par nos relations ) ne risque certainement pas de se suicider, de fuguer ou de subir un quelconque autre drame comme l’indique votre reportage. 3. La xénophobie marquée de votre reporter atteint son paroxysme avec la couverture de la messe en l’église Saint-Joseph. Nous sommes membres de cette congrégation. Mais nous sommes bien libanais ! Le monsieur interviewé comme étant américain parle l’anglais avec un accent qui fleure bon le Levant. Un reportage qui pue l’eurocentrisme. 4. Lors de la guerre de juillet 2006, plus de 30 000 employées de maison ont quitté le Liban avec l’aide de Caritas et non celle de leur ambassade. Elles ont abandonné les foyers de leurs employeurs, en rupture de leur contrat, sans aucun dédommagement. Nous venions, ma femme et moi, de renouveler le permis de résidence de nos deux employées à un coût de plus d’un million de livres libanaises (€500). Néanmoins, nous avons obtempéré à leur désir de quitter lorsque la guerre a commencé, et nous les avons conduites nous-mêmes au centre Caritas, à Beyrouth, en plein bombardement, alors que nous nous étions mis à l’abri en montagne. Une anecdote : ce jour-là , l’employé de l’ambassade philippine à Beyrouth, qui se désolait auprès de votre reporter sur le sort de ses compatriotes, n’était pas très gentil lui-même avec les filles. Il leur confisquait leurs passeports. 5. Une expérience personnelle : nous avons embauché l’année passée une nouvelle employée, elle aussi philippine. Son histoire aurait bien illustré votre reportage : elle avait fugué de chez son ancien employeur qui la maltraitait. Suite à sa fugue, son employeur l’avait poursuivie pour vol. Vous n’aimerez pas le reste de l’histoire : Lina, c’est son nom, s’est réfugiée auprès de l’agence qui lui avait assuré le voyage au Liban, et non dans la rue ou chez Caritas ! Le patron de cette agence l’avait hébergée chez lui durant plusieurs semaines jusqu’à l’avoir placée chez nous. De plus, il engageait à ses frais un avocat pour régulariser sa situation légale et pénale, et ce jusqu’à l’aboutissement de ses efforts, lui évitant toute incarcération ! 6. Pour ce qui est des congés dominicaux, nous avons eu trois employées philippines depuis notre mariage il y a sept ans. Les trois demandaient de passer leur congé avec nous, en famille. En effet, elles avaient été prévenues que le « milieu » des travailleurs étrangers au Liban était dominé par les hommes égyptiens qui offraient aux Philippines un moyen de pérenniser leur séjour au Liban au travers d’un mariage blanc avec un citoyen arabe. Ces filles, ainsi mariées (souvent bigames, étant déjà mariées dans leur pays d’origine), croyaient s’affranchir ainsi de leurs agences. Elles se retrouvaient en fait sous la coupe de proxénètes, de vrais esclavagistes et autres personnages peu fréquentables. Les employeurs libanais, d’autre part, ont ainsi appris à se méfier des « sorties » des personnes à leur charge. En effet, selon la loi libanaise, la responsabilité légale leur incombe pour toute incartade de leur employée. Mais cela importait peu dans le cadre de votre reportage. .. Nous sommes fort déçus de cette attaque sans fondement contre un pays qui souffre lui-même le martyre pour défendre son image de symbole des libertés, des droits de l’homme, comme terre d’accueil et de chaleur humaine, dans une région où priment l’obscurantisme et le totalitarisme. Article paru le mardi 23 octobre 2007
Nous admettons parfaitement que la maltraitance des employés de maison existe au Liban, mais elle est confinée à une petite minorité dont les idéaux sociaux ont été entamés par des années de guerre.
Votre « reporter » a commis plusieurs fautes :
1. Elle ne s’identifie pas comme activiste dans le domaine de la maltraitance, et donc comme quelqu’un de parti pris et non...