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Actualités - CHRONOLOGIE

THÉÂTRE - Ce soir, dernière représentation d’« Ubu roi » à la salle Montaigne, à 20h00 Viva Ubu Baba

Christophe Cotteret présente, pour la troisième soirée consécutive, « Ubu roi », adaptée de la pièce d’Alfred Jarry. Un pamphlet de l’absurdité du pouvoir politique et ses desseins machiavéliques sur fond de dérision absolue. Un constat, à la fois drôle et tragique, servi par les quatre comédiens de la troupe Arcinolether. «Merde ! » C’est ce mot tout en couleurs, tiré du jargon cocasse du père Jarry, qui donne le ton à la pièce en trois actes de Christophe Cotteret. Le premier acte s’ouvre en effet sur un décor de castelet où deux caractères évoluent telles des marionnettes avec des mouvements spasmodiques. Des personnages-troncs aux gestes saccadés qui s’insultent et se houspillent. Ce sont le père et la mère Ubu qui conversent. Celle-là, véritable Lady Macbeth, essaye de convaincre son mari de conspirer pour renverser le roi Venceslas, ce qui lui permettrait, entre autres avantages, « de manger fort souvent de l’andouille et de se procurer un parapluie ». Drôles de motifs pour détrôner un roi. Dès les premières cinq minutes de la comédie, les portraits sont déjà croqués. Ubu semble être un concentré de méchanceté et de bêtise, manipulé par une femme assoiffée de pouvoir. Il faut donc se méfier des gens bêtes au pouvoir car, comme disait La Rochefoucauld : « Le sot n’a pas assez d’étoffe pour être bon. » « Nombreux sont les metteurs en scène qui se sont mesurés à l’œuvre d’Alfred Jarry, a dit Henri Behar. On se sert de lui autant qu’on le sert. De Lugné-Poe à Peter Brook, son texte est utilisé pour mettre en valeur une conception dramatique nouvelle, ou qui du moins rompt avec la norme du moment. L’écriture de Jarry est prétexte à expérimentation, au changement de langage. » En effet, les lieu et temps, imprécis dans Ubu roi, permettent aux metteurs en scène d’adapter librement la pièce. Bouffonnerie et absurdité Pour Cotteret, l’exploration de nouveaux espaces et de nouveaux langages théâtraux, ça le connaît. Après six années consécutives d’adaptations d’œuvres de Molière et autres, présentées aux Libanais, voilà qu’il donne à voir une pièce interactive, où le public devient à la fois spectateur et acteur. Après qu’Ubu (Olivier Rosman) ait renversé le roi, il est acclamé. Le voilà qui descend parmi le public, saluant les uns, parlant aux autres. Les spectateurs se voient pris au piège de la griserie du pouvoir. L’objectif est atteint. Dictateur absolu, père Ubu, sur fond de vivats et de projections vidéo, ramène avec lui les fantômes des Pinochet, Staline et autres généraux aux torses médaillés et à l’ego superenflé. Pourtant l’amère déception ne tarde pas à se faire sentir. Après les acclamations et les applaudissements, suivent les aliénations des libertés et les emprisonnements. Encore une fois, le public est pris à partie. Encore une fois, le peuple, tels des moutons de Panurge, suit sans comprendre. Confusion dans la salle tout comme sur les films en projection, soutenue par la musique assourdissante des marches militaires, une création sonore signée Julien Cotteret (frère du metteur en scène). L’audience, d’abord hilare, est hébétée. Elle a participé sans le savoir à la mise en place de la dictature. Elle a applaudi à l’abus de pouvoir en direct. Rires et larmes s’entremêlent. L’absurdité n’était que réalité. Dérision. La destitution d’Ubu roi apparaît donc pour les spectateurs comme un geste salutaire. Ovations pour ce père Ubu qui s’en va en rampant. Mais ovations également pour Maria Harfouche, François Kah, Léa Rogliano et Olivier Rosman. Ce quatuor de bons comédiens a su insuffler énergie et dynamisme à cette pièce drôle et tragique tout en ajoutant à leur tour leur zeste d’universalité et d’intemporalité à la pièce d’Alfred Jarry. Colette KHALAF
Christophe Cotteret présente, pour la troisième soirée consécutive, « Ubu roi », adaptée de la pièce d’Alfred Jarry. Un pamphlet de l’absurdité du pouvoir politique et ses desseins machiavéliques sur fond de dérision absolue. Un constat, à la fois drôle et tragique, servi par les quatre comédiens de la troupe Arcinolether.
«Merde ! » C’est ce mot tout en...