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Actualités - OPINION

CITOYEN GROGNON Forêts libanaises, espèce en voie de disparition

Le Liban entier brûle et l’on lance encore des communiqués laconiques sur les causes potentielles des incendies, sur l’existence d’un complot contre le Liban. Ici on parle de négligence. Là-bas, on évoque des mains criminelles. On promet de mener l’enquête, et puis comme d’habitude les dossiers sont remisés bien au fond des tiroirs, avec des tas d’autres dossiers en suspens. La vérité est criante, elle se résume en trois mots : inconscience, négligence et crime, sans oublier, en prime, cette fameuse impunité bien de chez nous. Les coupables ? Aussi bien le citoyen et son manque d’esprit civique que les autorités, incapables de faire preuve de la moindre autorité, mais tellement championnes dans leur manque de prévoyance et dans la corruption qui les mine. Y a qu’à voir les enfants multiplier les feux d’artifice dans les villages, à la moindre fête patronale, à proximité des bois et des champs, ou même organiser des feux de camp, ces traditionnelles « abboulés », sans la moindre mise en garde parentale ou la moindre intervention municipale. Y a qu’à observer les propriétaires terriens, petits ou grands, brûler leurs champs ou même les petits bois attenants à leurs maisons, sans contrôle aucun, convaincus que la prochaine terre sera de meilleure qualité. Et puis aussi ceux qui ne supportent pas la vue des herbes desséchées, qu’ils rassemblent et brûlent, lorsque bon leur semble, à proximité des bois et des habitations, rendant l’air irrespirable, empestant des villages entiers, indifférents aux risques de propagation du feu. Et encore ceux qui mettent le feu aux arbres, délibérément, dans l’espoir d’emmagasiner assez de charbon pour se réchauffer durant la saison froide... sans que ces pratiques ne suscitent jamais la moindre réaction de la part des autorités. Y a qu’à se promener sur les bords de routes, dans les régions encore boisées, pour constater les innombrables déchets en tout genre, « oubliés » çà et là par des promeneurs irresponsables : mégots de cigarettes mal éteints, bouteilles en verre à effet de loupe, barbecues de pique-niques encore fumants. Autant de raisons de provoquer des départs de feu, en l’absence de lois claires et fermes interdisant et réprimant de telles pratiques. Mais là où réside le crime c’est que les incendies, sciemment provoqués en période de grand vent, sont souvent un moyen pour des investisseurs peu scrupuleux de contourner la loi protégeant les surfaces boisées et de s’approprier des terres pour une bouchée de pain. Les forêts libanaises sont désormais une espèce en voie de disparition. N’est-il pas temps de se démener pour sauver le peu qui reste de ce patrimoine ? Anne-Marie EL-HAGE
Le Liban entier brûle et l’on lance encore des communiqués laconiques sur les causes potentielles des incendies, sur l’existence d’un complot contre le Liban.
Ici on parle de négligence. Là-bas, on évoque des mains criminelles. On promet de mener l’enquête, et puis comme d’habitude les dossiers sont remisés bien au fond des tiroirs, avec des tas d’autres dossiers en...