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Actualités - OPINION

À feu et à sang…

L’inverse, plutôt. Après les assassinats-attentats, après Fateh el-Islam, les incendies. Il faut être idiot, aveugle, ou d’une mauvaise foi crasse, ou encore carrément complice (passif sinon bien conscient) pour ne pas y voir un plan criminel. Non, criminel n’est pas le mot : un plan de guerre. Criminelle ? Certes, mais quelle guerre d’agression ne l’est pas ? Il faut être volontairement sourd, se boucher les oreilles pour ne pas entendre la partition mortelle d’un chef d’orchestre qui n’accepte pas sa mise à la retraite. Un message mis clairement en musique dans les fracassants discours de M. Bachar el-Assad. Il faut être naïf pour voir dans le cycle enclenché après la prorogation une chaîne d’actions perpétrées par des auteurs différents. Probabilité que les enquêteurs de la commission internationale, en recoupant leurs indices matériels, récusent catégoriquement dans leurs rapports d’étape. Ce qui permet au Conseil de sécurité lui-même de confirmer, et de condamner, une planification manifestement unie. Tandis que Kouchner, pour versatile-diplomate qu’il soit, fils socialiste de l’ouverture, toujours prêt à composer comme le prouve son ralliement à Sarkozy, pointe un doigt accusateur vers le régime syrien. En proclamant qu’après l’assassinat d’Antoine Ghanem, il n’est plus question de traiter avec Damas. Démontage Il faut être bien naïf pour croire à une série noire de coïncidences : – Comme par hasard, c’est quand chaque voix au Parlement, ou au gouvernement, s’est mise à compter, pour le tribunal d’abord pour la présidentielle ensuite, que la majorité s’est trouvée par le glaive décimée. C’est-à-dire qu’elle a perdu le dixième de ses effectifs. – Comme par hasard, ce sont uniquement les voix pures de Gebran Tuéni, de Samir Kassir, de Georges Haoui que l’on a réduites au silence. Et seul saint Charbel a protégé le chant de May Chidiac. – Comme par hasard, ce sont seulement les régions du vivier de l’indépendance, chrétien, sunnite ou druze, que les bombes et les voitures piégées ont frappées, refrappent encore et toujours. – Comme par hasard, Fateh el-Islam a pris à Nahr el-Bared le relais, l’héritage, l’arsenal, les dépôts, les locaux de Fateh el-Intifada d’obédience directement syrienne. Une créature des SR syriens dont Chaker Absi, le chef de l’organisation terroriste maintenant extirpée, prétendument fille d’el-Qaëda, a fait partie. – Comme par hasard, jonction avec le troisième point, c’est le Liban des vertes forêts indépendantistes du Nord, du Chouf ou d’Aley que les incendies dévastent. À quand le tour du cèdre de Dieu, à Bécharré ou au Barouk ? Ces incendies sont un moyen de nuisance aussi efficace, économiquement, que la squatterisation du centre-ville. Et constituent une astuce démoniaque bien commode. En effet, les habitants sinistrés ont retrouvé, çà et là, des indices de départ de feu intentionnel : bottes de paille ou de foin, bouts de caoutchouc imbibés d’essence, etc. Mais même si la pyromanie criminelle est prouvée, aucune vérité judiciaire entière, aucune identification des commanditaires ne pourront jamais être établies. À qui donc le crime diversifié profite-t-il ? « Mais aux victimes, à leur famille politique » (! ! !), répondent, avec des variantes d’hypocrisie dans cette délicate, acrobatique formulation, les prosyriens. Ou même leurs chers alliés d’occasion qu’ils entraînent sur la voie, également criminelle, de la milicisation. On en est donc là : Il tue puis il suit l’enterrement de sa victime, dit l’adage libanais. Sauf que la victime désignée ne se laissera pas plus abattre que le cèdre de la révolution. Arz el-Rabb, pour nous. Jean ISSA
L’inverse, plutôt. Après les assassinats-attentats, après Fateh el-Islam, les incendies. Il faut être idiot, aveugle, ou d’une mauvaise foi crasse, ou encore carrément complice (passif sinon bien conscient) pour ne pas y voir un plan criminel. Non, criminel n’est pas le mot : un plan de guerre. Criminelle ? Certes, mais quelle guerre d’agression ne l’est pas ? Il faut être...