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Actualités - REPORTAGE

PATRIMOINE - Quatre milliards deux cent quarante millions de LL ont été débloquées par le Conseil des ministres Beiteddine, Deir el-Qalaa et Chqif s’apprêtent à faire peau neuve

La décision a été prise, le 12 septembre, au Conseil des ministres : quatre milliards deux cent quarante deux millions de livres libanaises seront débloquées pour stopper la dégradation de trois sites historiques : le palais de Beiteddine dont les pierres se lézardent, les ruines de Deir el-Qalaa longtemps laissées à l’abandon et la forteresse croisée de Chqif-Arnoun (le château de Beaufort) qui a subi plusieurs occupations armées. Les études portant sur la réhabilitation des sites seront élaborées conjointement par la Direction générale des antiquités et le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) qui fournira son assistance technique et établira les règles relatives aux adjudications. Les travaux pourront débuter en janvier 2008... si le ministre des Finances active les procédures administratives . Un budget d’un milliard neuf cent soixante millions de livres libanaises (1 960 000 000 de LL) sera englouti dans les travaux prévus au palais de Beiteddine où les murs suintent, les pierres se lézardent, menaçant les boiseries et les structures du complexe construit par l’émir Béchir II au XIXe siècle. Par ailleurs, le système d’alerte de ce palais, doté de musées et de jardins magnifiques, est défectueux depuis des années. Un cambriolage avait eu lieu, rappelons-le, en novembre 2005 au musée Rachid Karamé. Le contenu de deux vitrines, où étaient exposées des collections de boucles d’oreilles et de feuilles d’or datant de l’époque romaine, a été dérobé. L’enquête qui a été ouverte par la brigade criminelle n’avait donné aucun résultat. Classé monument historique en 1934, le palais était devenu la résidence d’été du président de la République libanaise depuis 1943 et accueille, depuis le début des années 90, un festival international. Située dans la région de Nabatiyeh, la citadelle de Chqif, vestige des croisés, est considérée comme un site important du Liban-Sud. Située sur une colline à laquelle on peut accéder à partir d’Arnoun et surplombant le fleuve Litani, la citadelle s’est offerte à toutes les conquêtes militaires. Elle a été le bastion des califes omeyyades, des Abbassides, des Seldjoukides, des croisés, des Ottomans, des combattants palestiniens et enfin des Israéliens de 1982 à 2000. Ce monument du patrimoine libanais attendait depuis le retrait des Israéliens les promesses faites pour sa conservation. En 2003, Ghassan Salamé, alors ministre de la Culture, avait annoncé un plan de restauration qui n’a jamais été exécuté faute de crédits. Le ministre actuel, Tarek Mitri, a décroché la timbale en obtenant du Conseil des ministres un milliard trois cent soixante-cinq millions de livres libanaises (environ 910 000 dollars) pour lancer les travaux. Le projet, dont le coût total s’élève toutefois à deux millions 800 000 dollars, comprend la reconstitution de la partie supérieure de la forteresse, la consolidation des tranchées, la restauration et l’étanchéité des pièces et des couloirs visités par les touristes, leur éclairage, mais aussi la signalisation et l’affichage de panneaux expliquant l’importance archéologique et historique du site depuis le Moyen Âge jusqu’à l’époque contemporaine. Le plan prévoit également l’aménagement d’un parking, d’une aile pour la billetterie, les informations et les services touristiques. Les fortifications effectuées par l’occupation israélienne devant être préservées pour témoigner de l’histoire. Il est à signaler que le côté ouest de la citadelle a été édifié avant la conquête des croisés qui ont construit le côté est. Au milieu du site s’élèvent les ruines d’une église latine. On trouve également des vestiges d’étables construites par les croisés. En 1837, le séisme qui a secoué Safad et d’autres régions a détruit la partie supérieure de la citadelle, et les habitants des localités voisines ont utilisé ses pierres pour construire leur demeure. On raconte aussi que son portail métallique a été transporté à Acre du temps du « wali » al- Jazzar et installé à l’entrée de la ville. Revivre 2 000 ans d’histoire Une enveloppe de 917 millions de livres libanaises est accordée pour la restauration et la mise en valeur de Deir el-Qalaa, à Beit-Méry. L’opération sera dirigée par la spécialiste Yasmine Macaron Bou Assaf. Les lieux, où se condensent plus de 2 000 ans d’histoire, offrent une aire sacrée et de nombreuses installations cultuelles romaines. Le temple de Baal Marqod, dont les gigantesques colonnes de 1,62 mètre de diamètre rappellent celles des temples de Baalbeck, est considéré par les spécialistes comme « un des plus importants après celui de Baalbeck ». Les fouilles archéologiques menées dans les années cinquante avaient également mis au jour une villa à atrium, des thermes, des huileries, un pressoir à vin, l’ensemble s’articulant autour d’une rue dallée, bordée de colonnades et de portiques. Sur le site, Byzance déroule aussi ses images : le sous-sol prodigue a livré des installations à caractère urbain, postérieures au IVe siècle de notre ère, un quartier d’habitations datées de l’époque byzantine et une église au sol recouvert de mosaïques envahies aujourd’hui par les mauvaises herbes. En 2004, un constat précis de l’état des lieux a été établi par la DGA, l’IFPO et l’archéologue Lévon Nordiguian. D’après les spécialistes, la dégradation subie par les vestiges ne remonte pas seulement à la guerre de 1975-1990 ; elle avait commencé avec l’installation urbaine de l’époque byzantine, puisqu’on y trouve de nombreux blocs en remploi provenant du temple de Baal Marqod. À la seconde moitié du XVIIIe siècle, les vestiges auraient servi de carrière à la construction du couvent Saint-Jean-Baptiste des pères antonins et à la fin du XIXe, on aurait fait venir des fûts de colonne de Deir el-Qalaa pour bâtir la cathédrale Saint-Georges des maronites à Beyrouth et l’église de l’Université Saint-Joseph. Entre 1989 et 2001, le site a été transformé en caserne pour les forces syriennes occupantes. Et il n’y a pas très longtemps, en 1995, un projet de construction et de réhabilitation du couvent Saint-Jean-Baptiste a causé d’importants dégâts autour du temple. Longtemps laissés à l’abandon, ces vestiges, témoins d’une période de l’histoire, seront sauvegardés pour que le passé demeure parfaitement vivant. May MAKAREM
La décision a été prise, le 12 septembre, au Conseil des ministres : quatre milliards deux cent quarante deux millions de livres libanaises seront débloquées pour stopper la dégradation de trois sites historiques : le palais de Beiteddine dont les pierres se lézardent, les ruines de Deir el-Qalaa longtemps laissées à l’abandon et la forteresse croisée de Chqif-Arnoun (le...