L’imbroglio de mardi : des torts inégalement partagés

C’est comme pour un accident de la route : les experts évaluent à tant pour cent le partage des torts. Mardi dernier à la Chambre, les fameux deux tiers étaient doublement à l’honneur. D’abord parce qu’ils ont fait défaut pour un premier tour de scrutin. Ensuite parce qu’ils ont marqué le défaut de la cuirasse opposante. Dans ce sens que Berry a eu tort à 66,5 % de ne pas ouvrir la séance. Alors que la majorité a eu tort à 33,5 % de ne pas le lui demander expressément. Car l’article 34 C, le seul qui traite du quorum de réunion, édicte que l’Assemblée est légalement constituée par la présence de la moitié des membres dont elle se compose. Les deux tiers en question ne sont requis que pour le vote, et uniquement au premier tour (art. 49 C). En tout cas, c’est le président de la Chambre, ou le vice-président s’il le remplace, ou encore le doyen d’âge quand il n’y a pas de speaker en place, qui proclame l’ouverture d’une séance, quelle qu’en soit la nature, législatrice ou électorale. C’est également lui qui ordonne, ou non, que l’on fasse circuler l’urne pour un premier tour, selon que les deux tiers des membres vivants sont présents ou non. Donc c’est clair : il n’y a pas eu mardi de premier tour de scrutin. Par la faute, aux deux tiers, d’un président de Chambre qui n’en est pas à son premier exploit du genre. Mais aussi par le péché de négligence de la majorité. La prochaine fois, il faudra qu’elle y fasse attention. Si elle veut, si elle est contrainte, d’exercer son plein droit d’élire un président de la République à la moitié plus un. Après un premier tour à vide. J. I.