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Actualités - REPORTAGE

CORRESPONDANCE - Merce Cunningham se met au vert Danse avec les jardins de Viscaya

WASHINGTON- Irène MOSALLI La couverture de l’ouvrage, d’une couleur verte très claire, comporte de petites lucarnes rondes laissant entrevoir des yeux de paon… En l’ouvrant, comme on ouvre une porte-fenêtre, on se retrouve dans un magnifique jardin à l’italienne où arbres, buissons et feuillages sont doublés de silhouettes humaines qui épousent leurs formes et se confondent avec le paysage. Ce sont les danseurs de la troupe du célèbre chorégraphe américain Merce Cunningham, qui leur a fait prendre la clé des champs dans un ouvrage de photographies qui vient d’être publié sous le titre Monde vert : Merce Cunningham. Ces photos, signées Katherine Wolkoff, ont été prises dans les magnifiques jardins de la villa-musée Viscaya située à Miami. Tout d’abord construite en 1916 comme résidence hivernale pour un riche industriel du nom de James Deering, la villa de Viscaya fait aujourd’hui partie des joyaux de Miami au titre de site historique. Et elle est réputée pour l’architecture à l’européenne de ces jardins où sont venus se fondre les danseurs de Merce Cunningham dans diverses poses chorégraphiques. Ils se font parfaits partenaires de la nature, comme dans cette photo étalée sur deux pages où, se tenant à l’oblique, de part et d’autre des arbres, ils semblent avoir poussé comme des branches. Ailleurs, revêtus de justaucorps bleue cobalt, ils deviennent des oiseaux posés sur l’herbe. Le buste penché, les bras déployés comme des ailes, comme dans une aquarelle du célèbre peintre ornithologue, Audubon. Fusion et juxtaposition Au fil des pages du livre, les danseurs fusionnent avec les éléments décoratifs des jardins : statues, colonnes, obélisques et fontaines. Cette juxtaposition de tableaux humains modernes et d’un contexte luxuriant et quelque peu rétro pourrait être extravagante. Or ces visions corporelles se font l’esprit des lieux et présence lumineuse. Cette connexion avec la nature n’est pas nouvelle chez Merce Cunningham qui, depuis une vingtaine d’années, manie également le pinceau pour peindre plantes et animaux. Une anthologie de ses dessins a été publiée sous le titre D’autres animaux. Ceci relève de sa créativité chorégraphique : il aime puiser ses mouvements à différentes sources pour ensuite les relier ou les juxtaposer. L’un de ses ballets se nomme Beachbirds (Oiseaux des plages), et un autre, Solo, lui avait été inspiré par sa visite au zoo de San Diego. À noter que Cunningham ne privilégie pas la vie de campagne, contrairement à son proche collaborateur, le compositeur de musique John Cage. Sa prédilection pour la faune lui vient d’une enfance passée dans l’État de Washington qui comporte les seules forêts tropicales des États-Unis et où l’on trouve encore une nature à l’état sauvage. Cependant, en débarquant à New York, en 1939, alors qu’il avait 20 ans, il avait dit : « Ici, je me sens chez-moi. » Et cela n’a pas changé. Autant que la nature, il a célébré des espaces urbains, à vocation événementielle ou historique, en les faisant des scènes pour ses performances : notamment devant la statue de la Liberté, la cour du Palais-Royal à Paris et le Turbine Hall de la Tate Gallery.
WASHINGTON- Irène MOSALLI

La couverture de l’ouvrage, d’une couleur verte très claire, comporte de petites lucarnes rondes laissant entrevoir des yeux de paon… En l’ouvrant, comme on ouvre une porte-fenêtre, on se retrouve dans un magnifique jardin à l’italienne où arbres, buissons et feuillages sont doublés de silhouettes humaines qui épousent leurs formes et se confondent...