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BANDES DESSINÉES - Première édition d’un collectif avec le soutien de « Xanadu » et « IndyAct » Les bulles libanaises de Léna Merhej

C’est avec le soutien de « Xanadu » et d’« IndyAct » qu’a eu lieu le lancement informel de la première édition de Salamander Comics Magazine. Mise au point par une poignée d’artistes baptisée Samandal, la rencontre vise à réunir des artistes passionnés qui voudraient mettre les bases d’un collectif de bandes dessinées. Un univers féerique mais à la fois réaliste, des images colorées illustrant pourtant la noirceur de la vie ; voilà en quelques bulles flottantes comment l’avenir des BD libanaises commence à pointer le nez. L’artiste Léna Merhej brosse ce tableau en clair-obscur, aujourd’hui plus clair qu’obscur. Lorsqu’elle débute dans l’illustration en 1999 après une licence à l’Université américaine de Beyrouth et une maîtrise à la Parsons School of Design aux États-Unis, le profil des bandes dessinées libanaises était chaotique. On n’y voyait pas clair.  Léna Merhej, illustratrice pour livres d’enfants, bédéiste, réalisatrice de films animés et enseignante à l’AUB et la LAU, trouve actuellement le terrain plus propice pour relancer les efforts et affermir les bases de ce 9e art. Peuplant ses pages blanches de personnages, de couleurs et de bulles, l’artiste tente de déjouer la morosité de la vie et faire rire les jeunes assoiffés de lecture. Il est étonnant que la production de BD dans les pays arabes ne soit pas aussi importante que dans les pays occidentaux alors que le passé de cette région est peuplé d’histoires épiques imagées. « Tout comme les adolescents libanais, j’étais une “accro” de Tintin, Astérix et autres BD françaises et belges, confie Merhej, mais ce monde-là ne me suffisait plus et ne contentait plus mes aspirations.  J’avais envie de réaliser des ouvrages et de projeter l’image de ma société afin qu’à son tour elle s’y retrouve. » C’est l’Égyptien Higazi dont les comics s’intitulaient al-Tanebel el-Thalatha ou Les Trois Paresseux, édités chez Dar el-Fata el Arabi (BD à caractère social) qui va être une des premières inspirations de l’artiste. Les divers ateliers de travail auxquels elle sera convoquée finissent par parachever son parcours. « Je savais alors quel message faire parvenir à travers mes croquis bavards. » Parle avec les images Diserte ? Léna Merhej ne l’est pas. Elle préfère faire parler ses images. Des cases en couleurs juxtaposées, laissant tantôt la place à des espaces blancs néanmoins expressifs car le blanc n’est-il pas aussi une couleur ? Et d’autres fois, au noir, étayé par l’encre, son instrument d’écriture de prédilection. En lavis contrôlables mais imprévisibles, il envahit ses feuilles, crée des univers surprenants. Une rencontre essentielle avec Dar Onboz, maison d’édition de jeunesse qui sème l’amour de la langue arabe, traverse son chemin. Et voilà que le paysage de la BD libanaise s’éclaircit pour l’illustratrice. « Beaucoup d’artistes se rendent compte actuellement qu’on avait pris la culture à l’envers et qu’il faudrait dorénavant instaurer un véritable moyen d’expression identitaire pour les jeunes, dans leur propre langue », avoue Léna Merhej. Et de poursuivre : « Les efforts sont nombreux certes et des tentatives de regroupements d’artistes avaient été effectuées, il y a quelques années. Un collectif de bandes dessinées avait même été créé, mais il a très vite disparu, laissant un goût amer chez les illustrateurs. » Si partout dans le monde la BD (qui est devenue un marché important) revendique son indépendance, tant des « comics » de l’Amérique que des « mangas » du Japon, le Liban, lui aussi, n’entend pas rater le coche. C’est donc sous le nom de Samandal (dont Léna Merhej fait partie) que quelques artistes aux visions différentes mais unis par la même passion se sont regroupés afin de faire valoir les droits de la culture jeune de ce pays. Affinant leurs plumes et dépoussiérant leurs couleurs, ils entendent créer une plate-forme d’écriture et de lecture à l’image de la société libanaise contemporaine. Une manière de se projeter à travers une fiction-réalité, non seulement dans les caractères des personnages croqués mais également dans l’environnement qui serait à l’image du lecteur. Une tentative de redémarrage qui annonce la parution d’autres ouvrages dans les mois à venir. Une tentative qui mérite d’être saluée par les aficionados de la BD. Colette KHALAF
C’est avec le soutien de « Xanadu » et d’« IndyAct » qu’a eu lieu le lancement informel de la première édition de Salamander Comics Magazine. Mise au point par une poignée d’artistes baptisée Samandal, la rencontre vise à réunir des artistes passionnés qui voudraient mettre les bases d’un collectif de bandes dessinées. Un univers féerique mais à la fois...