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Actualités - OPINION

Le chat et l’oiseau Joumana DEBS NAHAS

«Il ne faut jamais faire les choses à moitié », disait le chat dans le poème de Jacques Prévert, après avoir dévoré seulement la moitié de l’oiseau et fait pleurer tout le village. Il se repent et regrette de ne pas l’avoir avalé et raconte que l’oiseau était à présent bien loin... L’analogie ne saute peut-être pas tout de suite aux yeux avec la situation politique au Liban. Et pourtant... Ce message est un SOS envoyé à tous les représentants de la majorité. Les quelque un million et demi de personnes qui ont pris d’assaut les rues de la capitale un certain 14 mars 2005 attendent la concrétisation de leurs cris, de leurs rêves. Vous en êtes les responsables et les dépositaires. Il n’est pas de votre droit de les gaspiller, de faire les choses à moitié. Pas après tous les sacrifices consentis par des innocents connus ou anonymes, par les martyrs de l’armée, par nos vies en suspens depuis plus de deux ans. De grâce, ne lâchez pas prise maintenant, pas si près du but ! Nous ne voulons pas d’un président mi-figue mi-raisin. Nous voulons un Béchir Gemayel ou rien. Un homme, ou une femme, qui ne fasse pas, qui ne fasse plus les choses à moitié. Nous voulons l’indépendance, la souveraineté, la dignité, la liberté d’opinion, la sécurité. Et nous voulons tout cela à la fois. Je ne pense pas que nous soyons en train de réclamer un quelconque luxe : c’est bien la concrétisation des slogans ronflants du 14 mars que nous réclamons. Les slogans qui ont réveillé un Liban léthargique, un Liban en agonie. Aucun président « consensuel » n’y arrivera. Regardons-nous en face et osons encore une fois, tant qu’il en est encore temps, dire les choses comme elles sont. Un président « consensuel » nous ramènera des années en arrière, puisqu’il consentira à mettre de l’eau dans son vin. Nous n’en voulons pas. Nous n’accepterons pas une fois de plus, une fois de trop, de laisser tomber nos rêves. Quelques mois après Taëf, Samir Geagea a, à deux reprises, refusé de biaiser, refusé le ni oui ni non, et payé le prix que l’on sait. Nous, Libanais du 14 mars, n’en attendons pas moins de vous. Nous ne vous pardonnerons pas le contraire. Joumana DEBS NAHAS Avocate au barreau de Beyrouth Article paru le vendredi 14 septembre 2007
«Il ne faut jamais faire les choses à moitié », disait le chat dans le poème de Jacques Prévert, après avoir dévoré seulement la moitié de l’oiseau et fait pleurer tout le village. Il se repent et regrette de ne pas l’avoir avalé et raconte que l’oiseau était à présent bien loin...
L’analogie ne saute peut-être pas tout de suite aux yeux avec la situation...