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Actualités - CHRONOLOGIE

SIGNATURE - Ce soir, de 18h à 20h, « Caravansérail » (éditions Seuil) à la librairie al-Bourj Les palais flottants de Charif Majdalani

Qu’on se le dise. Le roman de Charif Majdalani intitulé « Caravansérail » (Seuil) et qu’il signe ce soir à la librairie al-Bourj, de 18h à 20h, n’est pas un roman historique. Dans la veine de « La Grande Maison », son premier ouvrage paru en 2005, ce second opus narre l’exil et le départ du Libanais, mais également son retour à la terre natale. Un roman qui emmène loin, très loin... sur les traces des caravanes. Un vent désertique, chaud et aride, souffle sur Caravansérail. Il charrie avec lui des effluves d’histoires d’ancêtres, de leurs voyages et de leurs errances. L’action se situe au début du 20e siècle. Comme tant de ses compatriotes libanais assoiffés d’action, de gloire et de richesse, le jeune Samuel Ayyad quitte son pays natal. Non pas pour le Brésil, la Guyane ou Haïti, mais pour une terre ingrate appelée le Soudan. Comme il parle l’anglais, le jeune Libanais est recruté comme officier civil par l’administration britannique qui vient de reconquérir ce pays face aux révoltés mahdistes. À Khartoum, sa rencontre avec un colonel britannique loufoque aux ambitions extravagantes l’entraîne dans des aventures périlleuses. Après avoir guerroyé au Darfour et au Kordofan, son chemin croise celui d’un autre aventurier libanais, Chafic Abyad, qui sillonne déserts et savanes à la tête d’une étrange caravane : un palais arabe démonté pierre par pierre, qu’il espère vendre à un quelconque roitelet. Il va finalement racheter ce palace ambulant qu’il traînera le long du Nil. Mais ce n’est pas la fin de ses aventures et la région entre dans le cercle de la Première Guerre mondiale. L’Ulysse libanais n’a donc plus qu’un seul souci, regagner sa terre natale. Chargé de trésors, il ne sait pas encore qu’il va auparavant vivre la révolte arabe de Fayçal et de Lawrence, avant de retrouver son cher Liban. Heureux qui comme Ulysse... Pour remonter sur les traces de Samuel Ayyad, Charif Majdalani, chef du département de lettres françaises à la faculté de lettres et sciences humaines de l’USJ, s’est « vaguement inspiré, dit-il, de l’itinéraire suivi par mon grand-père maternel. Quant au reste, ce n’est que pure imagination ». Un imaginaire au goût âpre de vents désertiques, adouci par les branches d’acacias, de genêts ou de baobabs ainsi que par un doux déjeuner sur l’herbe, qui exprime si bien la tendresse du retour au pays natal. Si le terme caravansérail (qui signifie palais de caravanes en turco-persan) est un lieu en Orient où ces mêmes caravanes font halte, le romancier libanais qui a décomposé le mot et l’a inversé lui attribue une toute autre signification. Ce serait, comme le dit un personnage du roman, « un sérail ambulant sur caravane ». Un titre qui évoque certes le thème du livre, comprendre l’image d’un palais ambulant qui ramène avec lui tout ce que le voyageur a glané en route, souligne Majdalani, mais qui peut avoir aussi différentes interprétations. Paradis perdu, palaces flottants, rêves bâtis par tous ces émigrés libanais comme des châteaux en Espagne. Bref, un conte épique d’émigration ». Dans ce récit au décor historique mouvant (« je suis nostalgique d’un monde hellénistique oublié », précise l’auteur), l’être libanais est décrit à travers de folles rencontres, avec autochtones ou autres immigrés. Fiction et réalité se mêlent dans des aventures romanesques et chimériques sous de grandes bannières qui claquent au vent, ranimant des souvenirs enfouis. Des phrases volontairement répétitives, comme pour décrire la langueur et la lassitude des caravanes s’étirant à l’infini dans le désert sertissent une série de tableaux qui se succèdent du Soudan au Liban en passant par le Nil et la Syrie. Peintre du mot et coloriste du verbe, en parfait orfèvre du baroque, Charif Majdalani cisèle et polit, renvoyant des images tout en impressions et en nuances. Si son Caravansérail poursuit lascivement son chemin, un autre projet d’écriture est déjà mis sur rail. Une carte de route bien tracée, où le romancier ne s’égare jamais. Colette KHALAF

Qu’on se le dise. Le roman de Charif Majdalani intitulé « Caravansérail » (Seuil) et qu’il signe ce soir à la librairie al-Bourj, de 18h à 20h, n’est pas un roman historique. Dans la veine de « La Grande Maison », son premier ouvrage paru en 2005, ce second opus narre l’exil et le départ du Libanais, mais également son retour à la terre natale. Un roman qui emmène loin,...