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Actualités - CHRONOLOGIE

L’ancien Premier ministre a manifesté dès son arrivée sa détermination à défier le pouvoir du général Musharraf Rentré au Pakistan, Sharif est renvoyé en exil en Arabie saoudite

L’ancien Premier ministre Nawaz Sharif, rentré hier au Pakistan après huit ans d’exil pour engager une bataille électorale contre le président Pervez Musharraf, a été aussitôt arrêté et renvoyé en exil en Arabie saoudite. Nawaz Sharif, 57 ans, qui a dirigé deux fois le gouvernement pakistanais dans les années 90, était arrivé le matin à Islamabad à bord d’un vol commercial en provenance de Londres. Il a manifesté dès son arrivée sa détermination à défier le pouvoir déjà vacillant du général Musharraf en refusant de soumettre son passeport à des policiers et des officiers de l’administration chargée de la lutte contre la corruption, montés à bord munis d’un mandat d’arrêt. « Je reviens dans mon pays avec l’intention de le débarrasser de l’anarchie dans laquelle l’a plongé la politique d’un seul homme, le général Musharraf », a déclaré M. Sharif à l’aéroport à la télévision pakistanaise. Mais M. Sharif a été aussitôt placé en « détention préventive » puis a finalement quitté quelques heures plus tard Islamabad à bord d’un avion spécialement affrété, atterrissant en soirée à Djeddah dans l’ouest de l’Arabie saoudite. Nawaz Sharif est « déçu » d’avoir été expulsé vers l’Arabie saoudite, mais entend revenir dans son pays « dès que possible », a déclaré son fils. Le renvoi en exil de Sharif est « un jour noir dans l’histoire du Pakistan », a également déclaré son fils Hasan à la télévision britannique Sky News. Sharif a souligné qu’il était « très, très fatigué », mais que « bien sûr, cela ne l’empêchera pas de penser au peuple pakistanais (...), de vouloir ramener la démocratie au Pakistan ». Il a été « renvoyé en Arabie saoudite conformément à l’accord avec Ryad » conclu en 2000, a expliqué de son côté le ministre des Affaires religieuses, Ijaz ul-Haq, avant d’ajouter : « Les Saoudiens avaient ouvertement réclamé son retour, il n’a pas seulement mis le Pakistan dans l’embarras, mais aussi l’Arabie. » Les autorités de Ryad avaient conseillé à M. Sharif, parti l’an dernier à Londres, de renoncer à son retour au Pakistan. « La sagesse voudrait que M. Sharif respecte sa promesse de ne pas rentrer au Pakistan et de ne pas participer à la vie politique », a déclaré le 4 septembre un porte-parole officiel saoudien. C’est dans le royaume saoudien que Sharif avait accepté d’être exilé pour dix ans en signant en 2000 un accord avec le pouvoir, contre l’abandon d’une peine de prison à vie. Entre-temps, une centaine de partisans de M. Sharif se sont heurtés à d’importants effectifs de police qui barraient toutes les routes d’accès à l’aéroport. Les policiers ont battu à coups de bâton les manifestants qui criaient notamment « Dehors Musharraf, dehors », et ont arrêté des dirigeants du parti de M. Sharif, la Ligue musulmane du Pakistan-Nawaz (PML-N). Le pouvoir de M. Musharraf a donc pris le risque de contredire ce jugement de la plus haute juridiction du pays, qui lui inflige camouflet sur camouflet depuis que son président, le juge Iftikhar Muhammad Chaudhry, suspendu en mars par le général-président, a été réinstallé dans ses fonctions en juillet par la Cour suprême. Selon les analystes politiques, un retour de M. Sharif risquait d’infliger un nouveau revers majeur au général Musharraf, confronté depuis mars à la plus importante crise en huit ans de pouvoir. Les manifestations hostiles à M. Musharraf se sont multipliées pour réclamer la fin de la « dictature militaire ». À l’approche de la présidentielle en septembre ou octobre, puis des législatives fin 2007 ou début 2008, M. Musharraf tente de négocier un accord de partage du pouvoir avec un autre ancien Premier ministre en exil, Benazir Bhutto, mais les pourparlers semblent piétiner. M. Musharraf est aussi affaibli par la recrudescence des attentats perpétrés par les militants fondamentalistes proches d’el-Qaëda, qui ont fait près de 250 morts en deux mois dans le pays, notamment dans les zones tribales, où Washington affirme que la nébuleuse terroriste d’Oussama Ben Laden a reconstitué ses forces aux côtés des talibans afghans. Enfin, la Maison-Blanche a estimé que ce renvoi en exil était une affaire « intérieure » pakistanaise, tout en demandant à nouveau que les élections à venir soient « libres et justes ».
L’ancien Premier ministre Nawaz Sharif, rentré hier au Pakistan après huit ans d’exil pour engager une bataille électorale contre le président Pervez Musharraf, a été aussitôt arrêté et renvoyé en exil en Arabie saoudite.
Nawaz Sharif, 57 ans, qui a dirigé deux fois le gouvernement pakistanais dans les années 90, était arrivé le matin à Islamabad à bord d’un vol commercial...