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Actualités - CHRONOLOGIE

54 % et 86 % des patients souffrant respectivement de diabète de type 1 et 2 observent le jeûne Allier traitement médicamenteux et devoir religieux durant le ramadan Rubrique réalisée par Nada Merhi

Les personnes diabétiques doivent-elles observer le jeûne du ramadan ? Si elles insistent à le faire, malgré un avis médical contraire, comment peuvent-elles allier traitement et devoir religieux ? Ces questions ont été au centre d’une conférence de presse animée par le Dr Élie Gharios, président de la Société libanaise d’endocrinologie, le Dr Ibrahim Salti, chef du service d’endocrinologie à l’hôpital de l’Université américaine de Beyrouth et président du Comité consultatif pour le diabète et ramadan, et le Dr Mohammad Sandid, directeur du programme national de diabète au ministère de la Santé. La conférence était organisée par les laboratoires Sanofi-Aventis à l’hôtel « Monroe ». « L’islam exempte les personnes malades du jeûne du ramadan. Toutefois, de nombreux malades insistent à l’observer malgré les avertissements des médecins. » D’emblée, le Dr Salti expose le défi que doivent relever les spécialistes auxquels incombe la tâche de « bien contrôler le diabète » durant cette période, « principalement à cause des changements métaboliques qu’entraîne la période de jeûne ». L’islam compte près de 1,5 milliard fidèles dans le monde, dont plus de 300 millions dans les pays arabes. « Quelque 10 à 20 % de la population musulmane souffre du diabète de type 2 », explique le Dr Salti, soulignant que ce taux tend à s’élever, « en raison de l’urbanisation et du développement socio-économique » dans cette région du monde. « Les risques associés au jeûne du ramadan chez les patients souffrant de diabète varient de l’hypoglycémie à la malnutrition, en passant par l’hyperglycémie dans certains cas, la déshydratation, la thrombose vasculaire et l’infarctus du myocarde », explique le Dr Salti, insistant sur la magnitude du problème. En effet, 54 % des personnes atteintes de diabète de type 1 et 86 % de celles qui souffrent de diabète de type 2 observent le jeûne du mois du ramadan, selon l’étude Epidiar (Épidémiologie du diabète durant le mois du ramadan). Menée de 2001 à 2004 en collaboration avec les laboratoires Sanofi-Aventis, cette étude a englobé 12 914 patients répartis sur treize pays : Algérie, Bangladesh, Égypte, Inde, Indonésie, Jordanie, Liban, Malaisie, Maroc, Pakistan, Arabie saoudite, Tunisie et Turquie. L’étude a montré que « malgré le jeune âge des patients et la durée courte de l’apparition de la maladie, la prévalence de la comorbidité et des complications liées au diabète était similaire à la prévalence observée dans les pays occidentaux ». « L’étude montre aussi que 50 % des personnes souffrant de diabète n’ont pas modifié leur mode de vie durant le mois de ramadan, observe le Dr Salti. S’ils le faisaient, ils avaient plutôt tendance à diminuer l’activité physique, la durée de sommeil et la consommation d’aliments, de sucres et de fluides. L’étude a de même montré que les cas d’hyperglycémie ont triplé chez les patients souffrant de diabète de type 1 et quintuplé chez ceux souffrant de diabète de type 2. » Recommandations Les résultats de l’étude, notamment en ce qui concerne les complications médicales, ont poussé le Comité consultatif international pour le diabète et ramadan à publier une série de recommandations interdisant le jeûne à de nombreux patients. Chez les diabétiques de type 1, le jeûne est ainsi formellement interdit à ceux qui prennent trois à quatre doses d’insuline par jour, qui utilisent une pompe à insuline, qui prennent plus de trois ou quatre doses d’insuline par jour et qui souffrent d’acidocétose, c’est-à-dire d’évanouissement et de sommeil persistant à cause de l’hypoglycémie ou de l’hyperglycémie. Le jeûne est également interdit aux patients qui vivent seuls, aux femmes enceintes ou qui allaitent, « même si elles ne sont pas atteintes de diabète ». Les risques de complications sont moindres chez les autres patients. Toutefois, il est préférable qu’ils s’abstiennent de jeûner. Dans le cas de diabète de type 2, les spécialistes déconseillent le jeûne aux patients qui présentent des troubles de la fonction rénale, de la rétine ou du système nerveux, comme aux personnes qui souffrent d’une hypoglycémie sans qu’elles n’en soient pour autant conscientes. Le jeûne est également interdit aux patients qui ont déjà été victimes d’une crise cardiaque ou nerveuse, qui ont souffert avant le début du ramadan d’une hyperglycémie ou qui prennent des injections multiples d’insuline. Le Comité consultatif international pour le diabète et ramadan déconseille par ailleurs le jeûne aux personnes souffrant d’un ulcère, principalement s’il est actif, comme à celles souffrant de troubles rénaux, d’un cancer, de troubles cardiaques ou mentaux, ou de problèmes au foie. En ce qui concerne le mode de vie, le Comité consultatif international pour le diabète et ramadan conseille, pour éviter les crises d’hypoglycémie, de : – prendre le repas de rupture du jeûne le plus tard possible ; – modifier l’horaire, la quantité et la composition des repas ; – réduire l’activité physique durant la journée, les exercices physiques pouvant toutefois être effectués une heure après l’iftar ; – garder le même régime alimentaire adopté avant le mois de ramadan. Le Comité consultatif international pour le diabète et ramadan insiste également sur l’éducation des patients et de leurs familles. Celle-ci doit insister sur le risque de complications aiguës et des moyens de prévention, ainsi que sur la généralisation de l’information sur le problème du diabète et du ramadan. Le Dr Sandid a pour sa part présenté le programme national de diabète, créé il y a six mois au ministère de la Santé, soulignant qu’un livret comportant des conseils à suivre durant la période qui précède et qui suit le jeûne du ramadan a été publié.
Les personnes diabétiques doivent-elles observer le jeûne du ramadan ? Si elles insistent à le faire, malgré un avis médical contraire, comment peuvent-elles allier traitement et devoir religieux ? Ces questions ont été au centre d’une conférence de presse animée par le Dr Élie Gharios, président de la Société libanaise d’endocrinologie, le Dr Ibrahim Salti, chef du service...