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Actualités - OPINION

Le contrat

Le contrat ? Étrange coïncidence, cela nous ramène au glauque scandale dit des Contras survenu en 86. Le 17 janvier, Reagan livre des armes aux Iraniens, pour financer par ricochet les guérilleros antisandinistes du Nicaragua. Moyennant la libération d’otages US détenus, au Liban évidemment, par les bons amis de Téhéran qui paie rubis sur ongle la moindre pièce réceptionnée. Fair farsi deal. Sauf que Reagan enfreignait ainsi la loi interdisant de fournir des armes à l’Iran, depuis la rupture avec Khomeyni et l’affaire de l’ambassade. La presse découvre le pot aux roses (de Saadi) le 25 et titre : Irangate. Et depuis ce temps lointain, pour beaucoup de chroniqueurs US, le vocable Lebanon signifie, par association d’idées, bazar américano-iranien articulé sur armement et rançon. Il se fait, l’histoire repassant parfois les plats quoi qu’on en dise, que l’actualité ne les détromperait pas. En effet, le sait-on assez, insiste-t-on suffisamment là-dessus : l’Iran se prononce, autant que l’Amérique, pour une présidentielle libanaise normale. Et encore plus pour un pacte de non-agression entre chiites et sunnites de ce malheureux pays. Dès lors, s’il y a œil du cyclone, cette ahurissante zone de calme centrale, dans le malstrom qui frappe le Liban, c’est essentiellement à cause d’une nette jonction irano-américaine sur le dossier. Pourquoi, essentiellement ? Parce que dans la lutte des axes qui les oppose, Téhéran et Washington se posent et s’imposent en leaders incontestés, obéis bon gré mal gré. L’un par Damas, l’autre par cet autre trublion qu’est Tel-Aviv. Il y a donc contrat. Signé sur vélin irakien, avec le nucléaire iranien en filigrane. Les termes en sont simples : vous vous arrangez avec la Syrie, et nous, on oublie un peu le nucléaire et on s’occupe d’Israël. On peut s’étonner que ce soient les Américains, que les médias (trompés-trompeurs) ne cessent de présenter comme les grands perdants en Irak, qui posent les conditions. C’est oublier que ces mêmes médias ne cessent de broder, en se fondant du reste sur des menaces américano-israéliennes épisodiques mais précises, sur l’hypothèse d’une frappe lourde, voire d’une guerre. Dès cet automne ou dans un an. Une perspective que l’Iran est bien obligé de prendre en compte. Surtout qu’en fin de parcours, comme Reagan jadis, Bush pourrait être tenté de sortir en beauté, sur un coup d’éclat historique. Le hic L’entente étant ainsi scellée entre sachems, que peut-on en espérer ici, chez nous ? Une solution ? Difficile : les plaques tectoniques qui se heurtent appartiennent à des continents, à des mondes fondamentalement antonymes. Alors, au moins une présidentielle donnant peut-être un résultat sans éclat mais, plaise au ciel, sans éclatement ? Sans doute. Hier encore, Naïm Kassem et Mohammad Raad tonnaient : rien avant un cabinet d’union. Aujourd’hui le Hezb, proiranien avant que d’être autre chose, se ravise et compose. En appuyant à fond l’initiative de Berry. Lancée après envoi d’un émissaire à Damas, comme juste à la sortie d’un entretien avec l’ambassadeur US, Feltman. Et c’est dire que le président de la Chambre a bien assuré ses arrières. Mais rien n’est fait. Le régime syrien, surveillé par des partenaires qui savent mieux que personne de quoi il est tissé, ce dont il est capable, semble avoir une marge de manœuvre trop réduite pour torpiller l’échéance. Côté rendez-vous, il ne peut plus miser que sur un éventuel absentéisme du bloc parlementaire aouniste. Pas assez pour saboter le quorum des deux tiers. Sur lequel Iraniens et Américains se sont entendus ! Par contre, Damas reste largement en mesure d’empoisonner, de déstabiliser, la scène libanaise. Politiquement, en décrochant à la fois un président sinon favorable du moins insipide, un vague gestionnaire de crise, et un gouvernement bourré de contradictions. Qu’il ballotterait ou ferait éclater à son gré. Ramenant le semblant d’État libanais à sa paralysie chronique. Et sécuritairement, on sait bien comment. Tout comme on sait que Sleimane prévoit un nouveau cycle terroriste… De plus, les Libanais s’en rendent bien compte, mais qu’y faire, la sale manie des querelles politiciennes, politicardes, reste le meilleur des supports pour les visées hostiles extérieures. Majorité et minorité ne s’entendent pas ? Ce serait trop beau si cela s’arrêtait là. Écoutez un peu les dissonances, les couacs, au sein de chaque camp. Entrer dans les détails, évoquer les équivoques, dire combien ils sont à se disputer à droite le pot au lait de la bergère, et combien à gauche de juteux portefeuilles serait tout simplement. Nauséeux. Jean ISSA
Le contrat ? Étrange coïncidence, cela nous ramène au glauque scandale dit des Contras survenu en 86. Le 17 janvier, Reagan livre des armes aux Iraniens, pour financer par ricochet les guérilleros antisandinistes du Nicaragua. Moyennant la libération d’otages US détenus, au Liban évidemment, par les bons amis de Téhéran qui paie rubis sur ongle la moindre pièce réceptionnée. Fair...