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Actualités - CHRONOLOGIE

Mgazine En Israël, un croque-mort laïc déchaîne les foudres des ultraorthodoxes

Un quadra de la high-tech reconverti dans les pompes funèbres a brisé un tabou en Israël en ouvrant le premier crématorium du pays et déchaîné les foudres des juifs ultraorthodoxes farouchement hostiles à cette pratique. «Je ne livre combat contre personne et ma société fonctionne en toute légalité. Que chacun puisse décider, selon sa culture, ses croyances, de la manière la plus appropriée dont il entend quitter ce monde », déclare à l’AFP Alon Nativ, 44 ans. La semaine dernière, son crématorium a été incendié. Malgré les menaces, il fonctionnait depuis deux ans dans la région de Kfar Saba, proche de Tel-Aviv, et avait échappé aux attaques en maintenant le secret sur sa localisation exacte. La semaine dernière, un journal ultraorthodoxe a toutefois révélé son emplacement. L’installation partie en fumée, le débat sur la crémation considérée comme étrangère à la religion juive a été relancé de plus belle. Le fait d’avoir empiété sur la chasse gardée des religieux en proposant des funérailles à la carte n’est sans doute également pas étranger à la levée de boucliers qu’il suscite. En Israël, le rabbinat a en effet le monopole de toutes les questions d’ordre civil : mariage, divorce, funérailles. Dans l’inconscient du pays, la crémation évoque automatiquement les fours crématoires des camps d’extermination nazis dans lesquels ont péri six millions de juifs lors de la Seconde Guerre mondiale. D’où la violence des réactions. « Je barrerai la route à ceux qui appliquent ici une nouvelle forme de la solution finale », a carrément déclaré le ministre sans portefeuille Yitzhak Cohen, du parti ultraorthodoxe Shass. Il projette de soumettre une loi au Parlement pour interdire la crémation. « Le jour n’est pas loin où le peuple se réjouira de répandre les cendres idéologiques de ces suppôts de Satan au large des eaux territoriales d’Israël », a-t-il ajouté. Le ministre faisait allusion au procès retentissant du nazi Adolf Eichmann, l’un des artisans de la solution finale, jugé et pendu en Israël au début des années soixante. Son corps fut incinéré et ses cendres jetées en haute mer en Méditerranée. Jamais, depuis, la crémation n’avait été ouvertement pratiquée dans le pays. Des députés d’opposition de gauche ont dénoncé « l’obscurantisme » de la direction du Shass. « Nous ne tolérerons pas ici une police d’ayatollah », a affirmé Avshalom Vilan, député du parti Meretz. Alon Nativ, que des interlocuteurs anonymes menacent régulièrement « de faire rôtir dans les flammes », s’offusque du procès qui lui est fait. « Vingt pour cent de mes clients sont des rescapés de la Shoa. Ceux qui m’accusent d’être un suppôt de Satan sont des Tartuffes », dit-il. Et de citer, Bible à l’appui, le Livre de Samuel, où il est écrit que les dépouilles du roi Saül et de ses fils, morts dans une bataille contre les Philistins, furent « brûlées ». Le rabbinat d’Israël a affirmé, toutefois, dans un communiqué, que la crémation a été « formellement interdite par les sages d’Israël depuis des générations » et « qu’on ne pourra observer le deuil ni dire le kaddish (prière des morts) pour ceux qui y recourront ». « Mais on peut quitter ce monde autrement », rétorque le slogan publicitaire de « Alei Shalechet » (feuilles d’automne), la société d’Alon Nativ, qui figure notamment sur une boîte d’allumettes. « La crémation est non seulement écologique, mais répond au surpeuplement des cimetières qui d’ici peu sera un problème insoluble », assure Alon Nativ. Conscientes du problème de surpeuplement, les autorités religieuses envisagent sérieusement la solution de tombes superposées, une solution qui permettrait d’ensevelir sur un terrain de 10 ares, plus de mille personnes au lieu de 250. Dans son combat, Alon Nativ ne recule devant rien. Dans le haut de gamme, « Alei Shalechet » propose la formule « les diamants sont éternels ». Il s’agit d’un procédé coûteux qui permet de transformer les cendres du défunt, essentiellement à base de carbone, en un diamant artificiel au moyen de fortes températures, que l’on peut porter en sautoir autour du cou... Jacques PINTO (AFP)

Un quadra de la high-tech reconverti dans les pompes funèbres a brisé un tabou en Israël en ouvrant le premier crématorium du pays et déchaîné les foudres des juifs ultraorthodoxes farouchement hostiles à cette pratique.
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