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REPORTAGE - Depuis le 11-Septembre, les touristes arabes ne se sentent plus les bienvenus en Europe Le Caire, pèlerinage estival des vacanciers saoudiens

Se sentant moins bienvenus à Londres, Paris ou New York, c’est vers Le Caire que les vacanciers saoudiens et des pays arabes du Golfe migrent désormais en masse pendant l’été. « Tout a changé depuis le 11 septembre 2001, la haute saison, c’est devenu maintenant », affirme Jean-Pierre Mainardi, directeur du Nile Hilton, un hôtel luxueux qui surplombe le Nil, au cœur du Caire. Hôtels, meublés, casinos, centres commerciaux et cabarets, toute la ville se met « à l’heure arabe », comme les Cairotes le disent, qu’ils en profitent ou s’en irritent. Le pèlerinage estival du Caire de centaines de milliers de visiteurs arabes, dont 400 000 Saoudiens l’an dernier, s’est brusquement imposé après les attentats terroristes du 11 septembre aux États-Unis. Capitale mythique dans le monde arabe, Le Caire a toujours attiré des voyageurs du Golfe, y compris pour ses lieux de plaisir, mais moins sans doute que les villes occidentales phares : Londres, New York, Paris ou Genève. « Je me sens bien ici, on est en sécurité, et les Égyptiens, eux, nous reçoivent bien », dit Abdallah, Koweïtien rencontré dans une galerie marchande, résumant un sentiment général. L’envie de passer ses vacances en Europe ou aux États-Unis a fortement passé dans le monde arabe, pour éviter un contrôle aux frontières jugé humiliant ou ne plus avoir l’impression d’être observé comme un suspect en puissance. « C’est un boom », souligne, chiffres en main, le ministre du Tourisme, Zoheir Garannah. « Il y a une hausse de 18 % des visiteurs arabes, et sur 9 millions de touristes l’an dernier, leur part était passée à 21,2 %. » Si les touristes européens, 67 % du total, viennent en Égypte pour les sites de la vallée du Nil ou les cités balnéaires de la mer Rouge, c’est Le Caire d’abord et surtout qui aimante les touristes arabes. « Tout est bon marché, c’est moins cher que partout ailleurs, et il y fait si bon », affirme Fayez, un Qatari qui, en dépit d’une moyenne de 40° en août, décrit Le Caire comme une oasis de fraîcheur. La ville entre en effervescence la nuit car ces touristes ne sont guère éblouis par la lumière du jour. « C’est simple, il faut totalement inverser le rythme de l’hôtel », dit le patron du Hilton. « Cette clientèle vit la nuit et dort le jour, si bien que le petit déjeuner est servi en fin d’après-midi et le dîner le matin. Quant aux chambres, il faut les faire durant la nuit », explique M. Mainardi. Le casse-tête n’est rien au regard de l’enjeu. Une famille du Golfe, c’est 6 à 10 chambres, dont celle de la nounou asiatique, pour 20 nuitées en moyenne. Et pour l’hôtel, cela se solde par un taux d’occupation de 90 %. Autre solution, la location d’un meublé dans les quartiers animés, Mohandessine ou Dokki. « À 60 %, notre clientèle actuelle vient du Golfe », affirme Maged Abdel Azim, patron de l’agence immobilière e-Dar First Class, qui propose en location un trois-pièces jusqu’à 200 dollars par jour. Des propriétaires pourtant s’y refusent, mettant en avant de mauvaises expériences. « Ils cassent ou salissent tout. En fumant la chicha (pipe à eau), ils ont brûlé mon parquet. Alors, jamais plus ! » fulmine Mahmoud Abdoun. Ces touristes très argentés qui fascinent et exaspèrent les Cairotes semblent arpenter sans répit les galeries marchandes, comme celle de City Stars. Les mères portent le voile total noir, le niqab. Les filles arborent l’allégé, le hijab, sur les tenues branchées. Les garçons sont en jean et tee-shirt griffés, l’uniforme mondialisé. Pour les célibataires, vrais ou présumés, reste les cabarets. Et surtout les casinos où l’argent coule à flots et les rencontres s’opèrent. Au su, mais pas au vu des Égyptiens, seuls les étrangers ont le droit d’y aller. Alain NAVARRO (AFP)

Se sentant moins bienvenus à Londres, Paris ou New York, c’est vers Le Caire que les vacanciers saoudiens et des pays arabes du Golfe migrent désormais en masse pendant l’été. « Tout a changé depuis le 11 septembre 2001, la haute saison, c’est devenu maintenant », affirme Jean-Pierre Mainardi, directeur du Nile Hilton, un hôtel luxueux qui surplombe le Nil, au cœur du Caire....