Commémoration du trentième anniversaire de la mort du « King », le 16 août 1977 Des milliers de fans d’Elvis en pèlerinage à Graceland

Il est né trois ans après la mort d’Elvis Presley mais Richard Chapman, qui admire les dizaines de disques d’or et de platine à Graceland, la demeure du « King » à Memphis (Tennessee, Sud), avoue qu’il est « accroc ». Le jeune Britannique a fait le déplacement avec son ami Richard Clogg et sa mère, afin de commémorer dignement le 30e anniversaire de la mort de son idole, le 16 août 1977, dans une salle de bains de la demeure qu’il est en train de visiter. Richard a découvert Elvis grâce à la maman d’un copain qui est « obsédée » par tout ce qui touche au roi du rock’n’roll. « J’étais plutôt sceptique », raconte-t-il à l’AFP, mais « ensuite j’ai acheté quelques CD et maintenant je suis accroc ». Pour lui son voyage à « Graceland » est un pèlerinage même s’il se dit « fan débutant ». Sa ferveur, il va la partager avec quelque 50 000 admirateurs qui vont défiler pendant de longues heures devant la tombe d’Elvis. La procession aux chandelles qui a commencé mercredi soir s’est poursuivie toute la nuit et jusqu’à l’aube jeudi. Les habitants de Memphis appellent cela « la semaine de la mort » non sans un certain mépris, mais ils ne rejettent pas pour autant les millions de dollars que rapporte la plus célèbre attraction de cette vieille ville du Sud. Graceland,  on la visite même si on est incapable de se souvenir d’un seul titre du répertoire d’Elvis. Les pièces du devant ont une certaine élégance discrète des années 50, tandis que les pièces du fond et du sous-sol sont une explosion du kitsch des années 70. Le « Jungle room » se distingue par sa chute d’eau et ses meubles de bois sculpté, les murs de la pièce où Elvis regardait la télévision sont d’un bleu et jaune criard et la salle de billard est tapissée de tissu du sol au plafond. Et puis il y a l’escalier bordé de miroirs. Un cordon de velours arrête les curieux et le 1er étage restera « hors limites » en dépit des 250 millions de dollars qui vont être consacrés à la rénovation et l’expansion du site, selon Jack Soden, le PDG d’Elvis Presley Enterprises. « Le seul endroit où il pouvait réellement se réfugier, c’était dans sa suite et la tragédie c’est que c’est là qu’il est mort », explique M. Soden à l’AFP. Ce serait macabre de laisser les visiteurs aller dans un endroit aussi privé et « cela profite sans doute à l’aura de Graceland » d’empêcher le public d’y accéder, souligne t-il. Ils sont 600 000 visiteurs tous les ans à déambuler dans Graceland, qui a été ouvert au public en 1982 et classé monument historique en 2006. Mais pendant la semaine Elvis, c’est toute la ville qui participe à la fièvre des hommages, avec des festivals de fan-clubs, une exposition, des conférences d’érudits consacrées au « King », des services religieux à sa mémoire et bien sûr les incontournables imitateurs. Ils sont là, suant comme le public, sous une tente dressée dans le parking d’un centre commercial juste en face de Graceland. Ils renient d’ailleurs le terme d’imitateur et se veulent des artistes qui rendent hommage. Il y a là les Elvis maigres, les gros Elvis, les Elvis jeunes, les Elvis plus âgés, les Elvis britanniques ou les Elvis japonais. Certains enregistrent leurs propres CD et ont leur propre fan-club. D’autres sont des amateurs ou des débutants. Tous s’essayent aux déhanchements si typiques du « vrai » Elvis et une jeune femme dans le public y met du sien pour faire revivre un peu l’atmosphère de ses concerts. Elle pousse des hurlements quand le chanteur s’essuie les sourcils dégoulinant de sueur avec une serviette qu’elle a subtilisée dans sa chambre d’hôtel. Comme dans le temps.